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Depuis la semaine dernière, l'application Noo est une réalité. C'est un projet que le journal du Médecin a suivi à ses débuts, en 2016, puisqu'il était l'un des premiers projets suivis et financés par le Well, alors sous le nom Mens Sana (voir jdM n°2465). L'idée maîtresse : rassembler en une application plusieurs outils utiles aux usagers en santé mentale et par extension, au public fragilisé (sans-abri ou réfugiés par exemple)." Noo n'est pas un nom choisi au hasard. Il y a l'idée qu'il faut être plusieurs dans le chemin du rétablissement. Et loin d'une technologie qui isole, c'est une technologie qui rassemble, dont l'objectif principal est de créer du lien ", confirme Didier De Riemaecker, coordinateur du RSN.Le RSN est parti du principe que l'on ne sait pas comment l'usager active son réseau. "Pour nous permettre de comprendre, nous avons placé l'usager au centre. Autour de lui se trouvent des cercles sur lesquels ce dernier va placer des personnes ressources, selon le degré d'importance qu'elles ont à l'heure actuelle dans sa vie", explique le coordinateur du réseau. Cette démarche est intéressante à plus d'un titre, puisqu'elle instaure un rapport plus horizontal avec le patient. "Avec cet outil, on se situe en plein dans l'empowerment parce qu'on se met vraiment au niveau de l'usager pour qu'il nous raconte son réseau, et pas l'inverse."L'idée de la carte-réseau ne nécessite pas, per se, une application smartphone, puisqu'elle existe sous format papier. L'intérêt du numérique est plutôt toucher un autre public, plus jeune. " L'application est un outil thérapeutique interactif : le prestataire et le patient peuvent se mettre autour de la table afin de compléter la carte-réseau ensemble ", souligne Didier De Riemaecker. " L'application permet également facilement aux usagers de partager cette carte-réseau avec le prestataire de soin par la suite afin que ce dernier puisse compléter au mieux son dossier patient. "La carte-réseau n'est pas l'unique fonctionnalité de l'application. Un bouton d'appel de crise permet en seul clic d'avoir une ressource au bout du fil en cas de problème. " Il s'agit d'une cascade d'appels qui permet de contacter les personnes que l'usager a mis dans son répertoire ou sa carte-réseau, selon l'ordre d'importance des personnes pour l'usager mais également leur disponibilité ", expliquer le coordinateur du RSN.L'intérêt de l'application est de pouvoir contacter directement la bonne personne au bon moment, sans avoir le sentiment de déranger. " Lorsque l'on ajoute une ressource à l'application, celle-ci demande si la personne est d'accord pour être dans le plan de crise. " Il y a une limite évidente à ce système : c'est l'usager qui dit si cet accord est donné ou non. D'où l'utilité de l'accompagnement du thérapeute.Chaque personne indique à l'usager ses heures de disponibilités en cas d'urgence, et l'application, lors de la cascade d'appel, filtre les ressources disponibles. Systématiquement, l'application s'assure auprès de l'usager si l'appel de crise a été concluant ou non.Si personne n'est disponible, un pop-up rappelle les différents services d'écoute (107, SOS suicide, 1733, 112). Mieux : on peut intégrer directement ces numéros dans la chaîne d'appel.Outre le plan de crise et la carte-réseau, l'usager peut faire appel à différentes ressources pour faire face à un moment difficile ou pour encourager le rétablissement.L'usager peut ainsi faire appel à des images, des vidéos, des chansons et des citations pour se booster. " Cela peut varier du rappel d'aller courir à prendre de la terre dans ses mains ", indique Didier De Riemaecker. " Concernant les citations, il y a eu un énorme travail de l'équipe de concert avec les hôpitaux de jours et d'autres encore afin de ne conserver que 90 citations positives quel que soit l'état d'esprit de l'usager. De plus, l'usager peut ajouter ses propres citations. "Noo est destinée uniquement aux usagers. Pas aux praticiens, ni aux personnes ressources. " L'application est gratuite, transposable, améliorable et diffusable ", ajoute Lara Vigneron, coordinatrice du Well. " Le porteur du projet est le RSN. L'application est à la base dédiée aux patients du RSN. Mais elle a vocation d'être diffusée partout. Sa traduction est d'ailleurs facilitée et la licence du produit permet à quiconque s'y intéresse d'améliorer l'application qui comporte encore quelques bugs. C'est l'objectif, afin de voir de nouvelles fonctionnalités venir. Il y a bien entendu des conditions, par exemple pour éviter les dérives commerciales. "