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"L a vaccination a commencé il y a six semaines, début janvier", rappelle le Dr Jean-François Moreau, président de l'Association francophone des médecins coordinateurs et conseillers en MR-MRS (Aframeco). "Elle prendra fin normalement le vendredi 5 mars, avec le troisième passage en institution." Pour l'heure, côté wallon, "toutes les maisons de repos ont déjà reçu les deuxièmes doses pour les résidents, et la moyenne globale de vaccination est à 89% environ", indique Stéphanie Wilmet, porte-parole de Christie Morreale. Ce qui veut dire que la Wallonie aura mis deux mois à vacciner l'ensemble de ses institutions. Deux mois durant lesquels les médecins coordinateurs ont été sur le pont, dans un rôle protéiforme. "Le rôle du médecin-coordinateur dépend de son institution. A priori, cela se déroule comme dans les centres de vaccination: le médecin coordinateur est en stand-by, en observation en cas de réaction allergique sévère. Il a le matériel de réanimation nécessaire. Il participe en général au conditionnement des doses vaccinales et à la vaccination en tant que telle qui se fait en collaboration avec le personnel infirmier des institutions. Dans les grosses institutions, il y a une organisation qui permet de vacciner l'ensemble des résidents relativement rapidement. Le médecin-coordinateur est alors présent pour vérifier, dans le quart d'heure ou la demi-heure, s'il n'y a pas de réaction aux vaccins."Le Dr Moreau ne relève aucun retour négatif depuis le début de la campagne de vaccination. "Tout le monde a collaboré en bonne intelligence. Cela a permis d'avancer vite et efficacement et d'obtenir des taux de vaccination plus important que dans d'autres pays, notamment au niveau du personnel. On approche des taux de 60 à 70% alors qu'au départ nous étions dans les 30-40%. En avançant et en informant, l'adhésion du personnel a augmenté, alors que c'est une population jeune qui ne se sent pas particulièrement visée par la pandémie."Sur le plan opérationnel également, le président de l'Aframeco loue autorités. "Cela s'est très bien passé, notamment avec le Pr Englert avec qui j'ai collaboré sur les procédures en maisons de repos. La collaboration est très bonne et le climat est serein. La vaccination en elle-même s'est très bien passée également. Restent finalement les problématiques sur lesquelles cela débouche."Parmi les problèmes cités par le Dr Moreau, il y a d'abord le mode de rémunération des médecins coordinateurs. "Nous avons bientôt terminé les vaccinations et c'est toujours l'inconnue. Il n'y a pas encore eu de communication à ce sujet. Nous sommes rémunérés pour l'instant à l'instar des centres de vaccination en tant que médecin d'appui, ou comme les centres de tri Covid, soit une rémunération horaire."Autre problème: l'ouverture des MR-MRS. Au moment de l'interview (jeudi 18 février, ndlr), la Wallonie n'avait pas encore décidé des assouplissements des mesures Covid en maisons de repos (voir encadré). Seule la Flandre s'était positionnée pour un "déconfinement" dans les centres où 90% des résidents et 70% du personnel ont déjà reçu les deux doses de vaccin. "Pour moi, c'est l'horreur absolue, c'est discriminer les institutions en fonction du personnel vacciné", réagit le président de l'Aframeco . Car si les résidents atteignent les objectifs, les soignants, eux, peinent à atteindre le quota des 70%. "Il n'y a pas assez de personnel qui se fait vacciner", constate le Dr Moreau, trop cartésien pour comprendre le refus des 30% restants. "Je ne comprends pas. En tant que soignant, on est censé protéger les gens que l'on soigne. On ne peut pas les protéger sans se vacciner. Cela n'a pas de sens à mes yeux. C'est un vrai problème, tout comme l'accès des professionnels extérieurs qui ne seraient pas vaccinés."D'autres débats sont également en cours, autour du secret professionnel et du respect des données. "Pour décider d'assouplir les mesures, les institutions devront se baser sur le statut vaccinal de leurs résidents et de leur personnel." Pour savoir qui est vacciné et qui ne l'est pas, il faudra forcément une source d'information qui devra correspondre aux prescrits légaux en matière de protection des données et du secret professionnel. "Il y a du pain sur la planche", estime le Dr Moreau. Il est cependant urgent d'assouplir les mesures pour les résidents qui sont confinés depuis près d'un an. "La pression des familles se fait ressentir. Elles ne comprennent pas les restrictions malgré la vaccination. Il y a un amalgame entre vaccination et protection ou encore transmission", souligne le Dr Moreau. "Il faut cependant penser aux résidents qui sont confinés depuis maintenant un an. Leur état mental en a un pris un coup."