L'explosion dans le port de Beyrouth d'un important stock de nitrate d'ammonium a ravagé une partie de la ville. Plusieurs hôpitaux universitaires et généraux ont été partiellement démolis dont l'hôpital Saint-George, fleuron hospitalier du Levant. Conséquence : des centaines d'assistants privés de formation. Le Dr Wissam Bou Sleiman, Libanais d'origine, médecin-chef et directeur médical adjoint à Epicura, tente de trouver des solutions dans les lieux de stages belges francophones. Il évoque l'article 49ter portant sur des situations exceptionnelles humanitaires.
Dr Wissam Bou Sleiman : " Beyrouth a perdu plus de 500 lits. Les infrastructures ont été fortement endommagées. Et les manques de matériel médical vont s'accentuer. "
jdM : comment intervenir concrètement ?
Dr W.B.S. : En fait, j'ai été contacté par des assistants notamment de l'hôpital Saint-George (ndlr : lire l'interview du directeur médical de cet hôpital en page 26) lié à l'Université de Balamand (une centaine sont concernés). Mais il y en a aussi à l'hôpital Geitaoui et Hôtel-Dieu, liés, eux, à l'Université Saint-Joseph, qui risquent d'être privés de formation hospitalière pour au moins six mois (dépendant du rythme de reconstruction des hôpitaux) et resteront les bras croisés. Il faut savoir que juste avant l'explosion, certains matériels médicaux n'arrivaient plus au Liban surtout pour les spécialités chirurgicales. On est donc face à une centaine d'assistants sans boulot et dont la formation est interrompue.
Que pouvez-vous faire en tant que médecin belgo-libanais ?
Je prône une augmentation exceptionnelle et temporaire des dispenses accordées dans le cadre de l'article 49ter pour donner l'opportunité de stages à ces jeunes médecins en Belgique. Cet article évoque des situations exceptionnelles humanitaires ce qui est le cas actuellement de cette crise, également d'ordre sanitaire.
Votre hôpital Epicura, par exemple, pourrait répondre à votre appel ?
La formation autorisée par la dispense doit se faire dans un service de stage universitaire agréé par le ministère après avis de l'Académie royale de médecine de Belgique. La collaboration avec les universités est indispensable. Je suis persuadé que de nombreux hôpitaux belges avec des services ayant des maîtrises de stages seraient très heureux de les accueillir car ils sont en manque de candidats-spécialistes. Cela pourrait être un win-win. Persistera toujours la problématique financière, et là c'est tout un autre problème...
Ces assistants sont pour la plupart francophones ?
Absolument. Les jeunes Libanais universitaires sont souvent trilingues Arabe-Français-Anglais. Les écoles primaires enseignent généralement d'emblée les trois langues... Il y a d'ailleurs déjà des accords avec les universités belges mais en petit nombre, généralement dans les dernières années de formation. Tout dépend néanmoins du Fédéral qui délivre le visa temporaire pour exercer la médecine en Belgique.
Pénurie de matériel
Y a-t-il des spécialités plus touchées (les bâtiments mêmes sont partiellement détruits, donc certaines portions sont vraisemblablement intactes) ?
Elles sont à mon avis toutes touchées. Beyrouth a perdu plus de 500 lits. Les infrastructures ont été fortement endommagées. Et les manques de matériel médical vont s'accentuer. Toute la chirurgie et la médecine interne, la pédiatrie etc. sont touchées. Mais je n'ai pas de vue exacte de laquelle est plus touchée. Je le répète, il y avait une diminution de l'activité globale déjà avant la catastrophe. La population n'avait plus les moyens de venir dans les hôpitaux et les hôpitaux étaient en manque criant de matériel !
Combien de jeunes médecins en tout pourront bénéficier de ce type d'aide approximativement ?
Au moins plusieurs dizaines... Les universités libanaises ne pourront pas reconnaître leur diplôme avant qu'ils terminent leur formation. A la réflexion, je mise sur une trentaine.
Quels sont vos espoirs ?
Le plus important à ce stade est de sensibiliser à ce problème qui n'est pas très médiatisé pour le moment. Je suis fortement sollicité... Il faut également prendre en compte le fait que plusieurs dizaines de médecins belgo-libanais travaillant au Liban sont décidés à revenir en Belgique assez rapidement. S'il y a un exode des médecins qui ont la double nationalité vers l'Europe, il ne faudrait pas en plus pénaliser les médecins sur place qui souhaitent terminer leur formation.
jdM : comment intervenir concrètement ? Dr W.B.S. : En fait, j'ai été contacté par des assistants notamment de l'hôpital Saint-George (ndlr : lire l'interview du directeur médical de cet hôpital en page 26) lié à l'Université de Balamand (une centaine sont concernés). Mais il y en a aussi à l'hôpital Geitaoui et Hôtel-Dieu, liés, eux, à l'Université Saint-Joseph, qui risquent d'être privés de formation hospitalière pour au moins six mois (dépendant du rythme de reconstruction des hôpitaux) et resteront les bras croisés. Il faut savoir que juste avant l'explosion, certains matériels médicaux n'arrivaient plus au Liban surtout pour les spécialités chirurgicales. On est donc face à une centaine d'assistants sans boulot et dont la formation est interrompue. Que pouvez-vous faire en tant que médecin belgo-libanais ? Je prône une augmentation exceptionnelle et temporaire des dispenses accordées dans le cadre de l'article 49ter pour donner l'opportunité de stages à ces jeunes médecins en Belgique. Cet article évoque des situations exceptionnelles humanitaires ce qui est le cas actuellement de cette crise, également d'ordre sanitaire. Votre hôpital Epicura, par exemple, pourrait répondre à votre appel ? La formation autorisée par la dispense doit se faire dans un service de stage universitaire agréé par le ministère après avis de l'Académie royale de médecine de Belgique. La collaboration avec les universités est indispensable. Je suis persuadé que de nombreux hôpitaux belges avec des services ayant des maîtrises de stages seraient très heureux de les accueillir car ils sont en manque de candidats-spécialistes. Cela pourrait être un win-win. Persistera toujours la problématique financière, et là c'est tout un autre problème... Ces assistants sont pour la plupart francophones ? Absolument. Les jeunes Libanais universitaires sont souvent trilingues Arabe-Français-Anglais. Les écoles primaires enseignent généralement d'emblée les trois langues... Il y a d'ailleurs déjà des accords avec les universités belges mais en petit nombre, généralement dans les dernières années de formation. Tout dépend néanmoins du Fédéral qui délivre le visa temporaire pour exercer la médecine en Belgique. Y a-t-il des spécialités plus touchées (les bâtiments mêmes sont partiellement détruits, donc certaines portions sont vraisemblablement intactes) ? Elles sont à mon avis toutes touchées. Beyrouth a perdu plus de 500 lits. Les infrastructures ont été fortement endommagées. Et les manques de matériel médical vont s'accentuer. Toute la chirurgie et la médecine interne, la pédiatrie etc. sont touchées. Mais je n'ai pas de vue exacte de laquelle est plus touchée. Je le répète, il y avait une diminution de l'activité globale déjà avant la catastrophe. La population n'avait plus les moyens de venir dans les hôpitaux et les hôpitaux étaient en manque criant de matériel ! Combien de jeunes médecins en tout pourront bénéficier de ce type d'aide approximativement ? Au moins plusieurs dizaines... Les universités libanaises ne pourront pas reconnaître leur diplôme avant qu'ils terminent leur formation. A la réflexion, je mise sur une trentaine. Quels sont vos espoirs ? Le plus important à ce stade est de sensibiliser à ce problème qui n'est pas très médiatisé pour le moment. Je suis fortement sollicité... Il faut également prendre en compte le fait que plusieurs dizaines de médecins belgo-libanais travaillant au Liban sont décidés à revenir en Belgique assez rapidement. S'il y a un exode des médecins qui ont la double nationalité vers l'Europe, il ne faudrait pas en plus pénaliser les médecins sur place qui souhaitent terminer leur formation.