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De précédents travaux ont conclu que les espaces verts et le contact avec la nature sont une bonne chose pour le développement intellectuel et comportemental des enfants, notamment une recherche sur les enfants vivant à Barcelone, publiée en 2015 2, ayant montré que plus d'espaces verts est associé à une meilleure mémoire de travail et à une meilleure attention. Dans la foulée, une équipe de chercheurs des universités de Hasselt et de Gand a voulu savoir si les espaces verts résidentiels pouvaient avoir une incidence sur le quotient intellectuel (QI) des enfants. " Nous avons analysé les mesures de QI de 310 paires de jumeaux âgés de 7 à 15 ans ", explique Tim Nawrot, professeur d'épidémiologie environnementale à l'Université de Hasselt . " Ces mesures, prises dans les années 90, figurent dans un registre des naissances multiples de Flandre orientale. " " Pour estimer le niveau de verdure autour de leur lieu d'habitation, y compris les parcs, jardins, arbres de rue et toute autre végétation, nous avons utilisé des images satellites. Une grande partie des parents a également rempli un questionnaire détaillé sur le comportement de leurs enfants. " " Le score de QI moyen est de 105 mais nous avons découvert que 4% des enfants vivant en ville dans des zones résidentielles peu vertes ont eu un score inférieur à 80, ce qui n'est pas le cas pour aucun de ceux qui évoluent en étant entourés d'espaces verts. Autre constat : 3,3% d'espaces verts supplémentaires dans un rayon de 3 km autour du domicile est lié à une augmentation de 2,6 points de QI mais aussi à une réduction de deux points des problèmes de comportement, leur score moyen sur une échelle de notation standard étant de 46. Ainsi, les enfants qui bénéficient de verdure autour d'eux sont plus attentifs et moins agressifs. " " Les avantages d'une végétation accrue enregistrés dans les zones urbaines n'ont pas été reproduits dans les zones suburbaines ou rurales. Cela pourrait être dû au fait que ces endroits avaient suffisamment de verdure pour que tous les enfants qui y vivent en bénéficient. " Hormis le fait qu'ils ne disposaient pas de données sur les écoles fréquentées, les chercheurs ont été en mesure de tenir compte de nombreux facteurs susceptibles d'affecter le QI, notamment le sexe, l'âge, le degré d'instruction des parents, les revenus de ces derniers et ceux des personnes vivant dans le voisinage... " Nos résultats ne sont pas liés au niveau socio-économique des familles puisque les mêmes différences ont été observées chez les plus riches et les plus pauvres, chez les plus instruits et ceux qui le sont moins ", explique le Pr Nawrot . " Des niveaux plus élevés de pollution atmosphérique sont connus pour nuire à l'intelligence et au développement de l'enfant, mais ce facteur a également été exclu comme explication. " La cause demeure donc incertaine. Toutefois, Tim Nawrot et ses collègues pensent que les espaces verts mettent les enfants dans un environnement plus calme conduisant à moins de stress et à un sentiment de bien-être. En outre, selon eux, ces zones sont plus propices à une pratique d'activités physiques et ludiques régulières et favorisent le lien social, ce qui pourraient expliquer les scores de QI plus élevés. Même si le terme d'intelligence est galvaudé et que son mode de calcul fait encore débat au sein de la communauté scientifique, cette recherche, la première à examiner le QI, une mesure clinique bien établie, démontre à nouveau les bénéfices de la nature sur notre cerveau. Dans les zones urbaines, les espaces verts résidentiels sont bénéfiques pour le développement intellectuel et comportemental des enfants. Autrement dit, la nature stimule leur intelligence et les rend moins difficiles. " Il y a de plus en plus de preuves que les environnements verts sont associés à notre fonction cognitive, comme les capacités de mémoire et d'attention ", confirme le Pr Nawrot. " Les constructeurs de villes ou les urbanistes devraient donner la priorité aux investissements dans les espaces verts, car il est vraiment utile de créer un environnement optimal pour que les enfants puissent développer leur plein potentiel. " En conclusion, les résultats de cette étude ne peuvent qu'inciter à réfléchir à de nouvelles manières d'intégrer la nature à nos modes de vies. Notamment à l'école où de plus en plus de voix s'élèvent pour plaider en faveur des classes au grand air. Pour que les effets de la nature se voient dans le comportement des enfants, les auteurs recommandent qu'ils passent au moins deux heures par jour dans un espace naturel. " Quant à nous, nous poursuivons nos recherches, notamment sur les aspects moléculaires ", précise Tim Nawrot . " L'impact des espaces verts à l'école et au domicile sur la fonction cognitive d'environ 500 jeunes adultes en Flandre est également examiné par la cellule Environnement et Santé du gouvernement flamand. "