Les infectiologues l'affirment encore avec prudence, mais le risque qu'ils se trompent semble limité: il n'y aura probablement pas de saison grippale cet hiver. Un réel soulagement dans les circonstances que l'on sait.
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Sur la base des données de surveillance globales, l'Organisation Mondiale de la Santé constate que l'activité du virus influenza dans l'hémisphère nord se trouve actuellement à un niveau "intersaisonnier" - en clair, son incidence correspond à celle de l'été. Au cours de la semaine du 28 décembre, 619 échantillons prélevés dans les cabinets-vigies ont été signalés au Centre Européen de Prévention et de Contrôle des Maladies (ECDC). Aucun n'était positif. Fin 2019-début 2020, l'ECDC relevait une proportion d'échantillons positifs de l'ordre de 40%. Aux États-Unis, quelque 925 échantillons positifs ont été récoltés depuis septembre, contre 63.975 au cours de la même période un an plus tôt. Les experts pensent que ce niveau extrêmement bas ne permettra plus à la saison grippale de "décoller" cet hiver. Il est un fait que la campagne d'immunisation de cet automne a été particulièrement rigoureuse, mais l'impression qui prévaut est que c'est moins le vaccin qui a barré la route à l'épidémie que les mesures de distanciation sociale imposées par le Covid-19. C'est ce que concluent les observateurs de la situation observée l'hiver dernier dans l'hémisphère sud: si les mesures d'isolement n'ont malheureusement pas suffi à endiguer la pandémie du coronavirus, elles ont par contre fortement limité la circulation de divers autres virus respiratoires comme l'influenza et le virus respiratoire syncytial (VRS), contre lequel il n'existe pas de vaccin. À l'heure où le coronavirus continue à faire des ravages, on ne peut évidemment que se réjouir que la menace d'une épidémie de grippe semble écartée. Néanmoins, la médaille a aussi son revers ; les experts disposent par exemple d'un matériel extrêmement limité pour identifier, à l'aide d'une analyse du génome, la survenue de nouvelles souches du virus influenza. Une autre cause d'inquiétude réside dans le fait que les virus respiratoires pourraient toucher plus durement une population qui n'y a plus été confrontée depuis un moment - un scénario qu'on a d'ailleurs pu observer dans l'hémisphère sud. Après la levée du confinement, certaines régions d'Australie ont ainsi enregistré en octobre (à la veille de l'été austral) des pics d'infections à VRS. D'après les modèles existants, le décours des épidémies grippales est toutefois beaucoup plus difficile à prédire. Une dernière réflexion pour conclure. Au cours des mois écoulés, nous nous sommes largement habitués à suivre un certain nombre de mesures pour nous protéger des virus respiratoires, et il n'est pas impossible que certaines - comme le port du masque dans les espaces clos très fréquentés - ne persistent peu ou prou dans le futur. De quoi mitiger définitivement l'ampleur des épidémies de grippe? L'avenir nous le dira...