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Angélique Delange est surtout chocolatière... et surtout très émotive. Elle se présente dans une fabrique de chocolat au bord de la faillite, dirigée par Jean-René... qui faillit autant qu'elle dans ses relations aux autres et surtout à l'autre sexe.Dès que leurs émotions affleurent, les voilà tous deux chocolat ; et justement, un fort sentiment les rapproche, plus encore que la praline, et fait battre leurs petits coeurs en chocolat.L'une en parle aux réunions des Émotifs Anonymes, l'autre bassine son psy qui, à la 169e séance a perdu le goût et semble " bogué "...Savoureuse comédie chocolatière, cet Amour au temps du chocolat a déjà été raconté au cinéma par Jean-Pierre Améris et Philippe Blasband (à qui l'on doit aussi Les mangeuses de chocolat, tiens ! ). Mais si leur praline a perdu sa couverture et le film qui l'entourait, le propos a gardé toute sa saveur, renforcée même par des ajouts et des moments à l'écran supprimé.Une comédie fondante interprétée par une Tania Gabarski absolument craquante et un Charlie Dupont jamais à côté de la plaque (de chocolat). Dans la mise en scène rythmée d'Arthur Jugnot, ingénieusement disposée autour d'un décor aux allures de ballotin géant de chez Laurent Gerbaud (mis à contribution ! ), ils sont bien aidés dans leur performance par Aylin Yay et Nicolas Buysse qui virevoltent sans encombre d'un personnage à l'autre (là où les deux comédiens principaux jouent sur les nuances du leur), au point qu'on a l'impression d'avoir affaire à des disciples d'Arturo Brachetti.Jamais ou presque l'on ne pense au film de Jean-Pierre Améris (et Philippe Blasband). Le seul clin d'oeil véritable est celui adressé par Buysse lorsqu'il interprète Ludo, l'employé de la chocolaterie : il prend alors un accent légèrement namurois et le ton matamoresque que peut avoir Poelvoorde, mais justement pas dans ce film-là.Bref, ces moments émotifs sont un plaisir long en bouche, une mignardise devant laquelle l'on se fait violence pour ne pas en reprendre. D'ailleurs, auprès du public, le spectacle obtient une cote... d'or.