Si Moderna et Pfizer répondent aux attentes de la Task force Vaccination, on ne peut pas en dire autant de leurs concurrents. Le vaccin de Janssen (J&J) est depuis la semaine dernière limité aux personnes de plus de 40 ans. Si la vaccination continue à domicile et pour les publics vulnérables, son approvisionnement fait défaut. L'objectif de vacciner 70% de la population sera donc retardé de deux à cinq semaines. Le vaccin AstraZeneca (AZ) n'a quant à lui plus la cote puisque les entités fédérées ont décidé de s'en passer d'ici la fin de l'été.
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La progression de la campagne de vaccination est rapide, dans toutes les régions (lire pages 4-5). Cette semaine, le cap des 50% de la population ayant reçu une première dose devrait être franchi. Les personnes les plus âgées ont pratiquement toutes reçu une première dose. Le mois de juin marquera d'ailleurs une transition dans les chiffres puisqu'énormément de secondes doses seront administrées. "Proportionnellement, davantage de personnes recevront une seconde dose par rapport à celles qui recevront une première dose", confirme Sabine Stordeur, co-responsable de la Task force Vaccination. Le baromètre de confiance par rapport au vaccin est incontestablement la stabilité des livraisons. Moderna et surtout Pfizer font office de bons élèves, tandis qu'AZ et J&J ne cessent de frustrer. "Les déceptions continuent de s'accumuler en termes de retards de livraison et même de sauts de livraison", constate Sabine Stordeur. La tendance se confirme à l'avenir: Pfizer et Moderna vont continuer de livrer un nombre constant de doses et offrent une stabilité. L'avenir est moins radieux pour AZ qui n'arrive pas à honorer ses livraisons et n'offre aucune garantie sur le futur. "C'est une situation très inconfortable pour les entités fédérées qui tentent de prévoir une réserve suffisante pour garantir les secondes doses et ont décidé de progressivement réduire l'administration de ce vaccin en première dose."Enfin, la Task force Vaccination comptait "énormément" sur le vaccin Janssen "à la fois pour la vaccination des groupes précaires mais également pour préparer les vacances d'été. Mais hormis la livraison de cette semaine, nous n'avons plus aucune perspective de livraison. Il y a eu des contrôles de qualité réalisés sur les sites aux États-Unis et la FDA a bloqué toutes les exportations de ce vaccin. Nous espérons bien entendu que ces contrôles de qualité, une fois terminés, permettront de libérer toutes les doses de vaccin qui ne demandent qu'à rejoindre notre territoire pour pouvoir être administrées."Plus que la limite d'âge, ce sont donc les retards de livraison qui contrecarrent les plans de la Task force Vaccination. "Ce que l'on peut estimer à l'heure actuelle, c'est qu'à l'horizon de cet été, nous pourrions enregistrer un retard d'environ deux semaines sur le planning initial de vacciner 70% de la population avec une première dose", détaille Sabine Stordeur. Cela nous porterait donc vers la fin du mois de juillet voire début août. "Si nous conjuguons ces retards avec le maintien de la limite d'âge du vaccin J&J, le délai pourrait atteindre quatre à cinq semaines. Cela reste encore très approximatif et hypothétique car il suffit d'une bonne nouvelle et d'un déblocage des livraisons pour que ces retards soient rapidement oubliés.""Il faut noter que la limite d'âge fixée est temporaire", renseigne Jean-Michel Dogné, directeur du département de pharmacie à l'Université de Namur et représentant de la Belgique à l'Agence européenne du médicament (EMA). "Une étude est en cours au niveau national mais aussi auprès de l'EMA, à l'instar de ce qui avait réalisé pour AZ. La nuance est que l'on se base ici sur une analyse de chiffres qui proviennent principalement des États-Unis puisqu'aujourd'hui, l'utilisation du vaccin J&J est beaucoup plus limitée en Europe en raison des problèmes d'approvisionnement. Ces études permettront de maintenir, ou non, la limite d'âge fixée et alignée sur le vaccin AZ."Aucune date n'a été fixée pour l'arrêt du vaccin AZ, mais le réservoir potentiel de personnes répondant aux critères de vaccination diminue. "À l'heure actuelle, et courant juin, ce vaccin sera essentiellement dédié aux secondes doses. 160.000 doses d'AZ ont été administrées en secondes doses alors qu'il y a 1,4 million de personnes vaccinées en première dose avec ce vaccin. Toutes les prochaines livraisons seront donc dédiées à ce groupe", renseigne Sabine Stordeur. À côté de cela, la Flandre doit encore inviter 400.000 personnes qui pourront potentiellement recevoir un vaccin estampillé AZ. Un chiffre qui atteint 100.000 en Wallonie et qui est négligeable en Communauté germanophone et à Bruxelles. "D'ici deux semaines environ, il n'y aura plus de nouvelles personnes invitées à recevoir ce vaccin en première dose. Une fois que toutes les personnes seront vaccinées en deuxième dose, les livraisons pourront être entièrement dévolues à l'initiative internationale Covax qui nous permettra de participer à la campagne de vaccination des pays les plus défavorisés."L'hypothèse de proposer le vaccin à des volontaires qui ne répondent pas à limite d'âge est intéressante mais ne sera pas suivie. "Pas pour le vaccin AstraZeneca en tout cas. Les entités fédérées avaient déjà décidé d'arrêter ce vaccin à partir du mois de juin, surtout en raison du délai important entre les deux doses. Il faut savoir que les régions envisagent de fermer certains centres de vaccination à la fin de cet été. Si on poursuit encore la vaccination avec AZ, la perspective de fermer ces centres dans les temps impartis sera intenable. Par contre, cette hypothèse peut être envisagée pour le vaccin J&J qui, avec sa dose unique, représente un avantage par rapport à AZ."