Vendredi passé, le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke, a annoncé sur les ondes de Radio 2, dans l'émission De Inspecteur, préparer une modification de la loi afin de permettre aux pharmaciens d'administrer des vaccins contre le Covid-19. Cette autorisation répondrait ainsi à l'attente des pharmaciens qui se disent depuis de longs mois prêts à participer plus activement à la lutte contre le coronavirus et qui, dans cet objectif, se sont formés à la vaccination.
La réaction des médecins ne s'est pas fait attendre: l'Absym a indiqué dans un communiqué s'opposer fermement à la proposition du ministre Vandenbroucke d'autoriser les pharmaciens à administrer le vaccin corona dans leur officine. "Cela comporte des risques sérieux pour les patients. En outre, il s'agit d'une véritable gifle aux médecins", s'insurge le syndicat des médecins qui prévient le gouvernement: "cela pourrait être la goutte d'eau qui fera déborder le vase".
"La vaccination est un acte médical qui ne peut être effectué que par des médecins ou des infirmier(e)s sous la supervision de médecins. En raison du risque d'effets secondaires, de contre-indications et de complications, elle nécessite la présence d'un médecin capable de poser rapidement un diagnostic et de traiter", estime le syndicat médical.
L'Absym considère qu'un pharmacien ne possède pas ces compétences et qu'une courte formation d'urgence pour devenir vaccinateur n'y changera rien. "De surcroît, on peut sérieusement se demander en quoi consiste cette soi-disant formation. Depuis longtemps déjà, les pharmaciens font pression pour être autorisés à vacciner eux-mêmes contre le coronavirus. Ils veulent étendre de manière irresponsable leurs attributions aux dépens des médecins. La pharmacie aux pharmaciens, la médecine aux médecins! ", martèle le Dr Herry.
"Le lobby des pharmaciens utilise constamment des sophismes tels que l'argument selon lequel ils veulent contribuer à abaisser le seuil de la vaccination. Cela n'a rien à voir: le problème n'est pas qu'il y aurait une pénurie de vaccinateurs. Le problème est que tout le monde ne veut pas se faire vacciner. Tant que la vaccination n'est pas rendue obligatoire - et pas seulement pour les professionnels de la santé mais pour l'ensemble de la population - la formation de vaccinateurs supplémentaires ne sert à rien."
Au moment de boucler cette édition, nous n'avions pas encore pu recueillir la réaction du GBO à ce sujet parce qu'il était à l'ordre du jour de son bureau qui s'est tenu mercredi soir.
Tester les cas symptomatiques
Si la vaccination ne semble pas être encore tout-à-fait à portée des pharmaciens, il semble admis qu'ils participent plus pleinement au testing. Lors de la dernière Conférence interministérielle Santé publique, il a été décidé d'élargir le testing des patients symptomatiques à tous les pharmaciens formés. Ce dépistage des patients symptomatiques réalisé en officine sera remboursé par l'Inami.
"Aujourd'hui, 2.504 pharmacies réalisent du testing pour les voyageurs et les événements dans le contexte du CovidSafe Ticket. Début septembre, sur base du projet pilote bruxellois, les autorités en Flandre, Wallonie et Bruxelles avaient sélectionné 328 pharmacies dans des zones où il y a une concentration élevée de publics vulnérables pour permettre une meilleure accessibilité au test de dépistage pour les patients symptomatiques. Mercredi 20 octobre, la CIM a décidé qu'on pouvait potentiellement élargir cette possibilité aux 2.504 pharmacies déjà actives dans le testing et à d'autres qui souhaiteraient se former", indique Alain Chaspierre (APB).
Le protocole pour tester les patients symptomatiques est identique à celui pour les voyageurs et événements et tout pharmacien reste libre de décider s'il fait les deux types de test ou non. L'APB a créé des affiches permettant aux pharmaciens de signaler clairement au public quel type de test ils réalisent dans leur officine (testing voyageur/événement et patients symptomatiques ou seulement l'un des deux).
Les modalités de mise en place de ce testing élargi doivent encore être définies, la mesure devrait être d'application début novembre.
Auto-évaluation
Par ailleurs, la CIM Santé a également convenu de développer un outil d'auto-évaluation permettant au patient d'y introduire ses symptômes pour savoir si un test est nécessaire ou non. Dans l'affirmative, le patient recevra un code avec lequel il pourra se rendre dans un centre de test.
Un vaccin à gauche, l'autre à droite
Le Collège de médecine générale rappelle qu'en l'état actuel des connaissances scientifiques, la vaccination Influenza 2021 et le rappel Corona peuvent être administrés simultanément. "Au même moment et à la même personne, donc, à condition que les injections ne soient pas effectuées dans le même bras (par facilité pour le suivi). Afin de savoir quelle vaccination est en cause en cas d'éventuelles complications locales post-vaccination, il suggère de procéder comme suit: la vaccination CoRona est faite dans le "Right arm" ; la vaccination InfLuenza, dans le "Left arm".Cela fonctionne aussi avec CoviD à Droite et Grippe à Gauche. Les deux vaccinations doivent être correctement enregistrées par le vaccinateur dans VaccinNet. Dans les MR/MRS et les collectivités, l'administration simultanée des vaccins présente un avantage logistique important. À Bruxelles et en Wallonie, le médecin coordonnateur peut commander les vaccins antigrippaux nécessaires via le pharmacien fournisseur pour la médication régulière de la MRS/collectivité."