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jdM : D'abord deux petites questions provocatrices : premièrement, je ne vois pas de femmes dans votre comité directeur...Dr Philippe Devos : Il faut savoir que le comité directeur n'a pas été modifié complètement. Il n'y avait que deux démissionnaires. Dans les deux mandats remplaçables, il n'y avait pas de femmes candidates à ces postes. Par contre, le Dr Depuydt fait partie des invitées permanentes du comité directeur. Elle a le même temps de parole que moi. J'ai pour objectif de créer un management complètement participatif et non pyramidal. Donc l'invité permanent pèsera autant que moi.Deuxièmement : la vieille réputation de l'Absym de " syndicat de médecins spécialistes francophones " a la dent dure. Très clairement, on estime, sans doute injustement, que vous représentez plus la médecine spécialisée...C'est comme pour la féminisation : on laisse la possibilité à chacun de s'exprimer et de porter un projet qui lui tient à coeur et que l'organisation le défende ensuite. Statutairement, les médecins généralistes ont un poids identique aux spécialistes au sein de l'Absym. Mais ce n'est pas simple si nous devons avoir une parité linguistique, MG/spécialistes et de genre ! Parfois, il faut " une femme flamande généraliste de la province d'Anvers ". Et trouver des personnes qui veulent consacrer bénévolement 2/10 de leur activité médicale au syndicalisme, ce n'est pas simple. La défense du métier n'est pas nécessairement une priorité pour tous.Côté rajeunissement, ce n'est pas simple : le médecin fait de longues études et doit construire ensuite une patientèle... Avezvous des problèmes de recrutement de médecins, disons, de 38 à 45 ans ?J'ai plein de confrères jeunes de mon hôpital qui disent " on est content que tu t'y colles ". Les jeunes disent " on te soutient mais on ne pourra pas t'aider "...Côté " médecins âgés ", il y a trois présidents honoraires. Quel sera leur rôle ?Marc Moens va continuer à nous aider. Et je suis demandeur. Il ne veut pas être une belle-mère... Jacques de Toeuf arrête complètement mais reste actif à la chambre de Bruxelles. Et je sais qu'il m'aidera en cas de demande.Au niveau de la concertation, qui est en crise permanente, on a pu entendre çà et là : " À quoi bon passer des heures à l'Inami, on ne nous écoute pas, on décide tout derrière notre dos ". À l'Aviq, les syndicats médicaux ne pèsent pas, etc. Quelle est votre vision de la concertation ? Vous y croyez encore ? Vous faites le pari de la concertation ?J'y crois, bien sûr, sinon je n'aurais pas accepté ce poste. Mais si c'est pour être une force stérile qui fait des communiqués de presse pour dire qu'on n'est pas d'accord, c'est du syndicalisme de 1903 ! C'est de l'arrière-garde ! Moi je veux évoluer vers un type de syndicalisme général allemand : ils co-décident et agissent de manière responsable. Il ne faut pas être dans l'agression tout en ne se laissant pas marcher sur les pieds. On peut être un partenaire et acteur des décisions en santé publique en Belgique. L'intelligence arti-ficielle et l'esanté nous mettront sinon à la merci de grandes multinationales.Vous voyez les mutuelles comme des partenaires ou des adversaires ?Logiquement, elles devraient être un partenaire mais malheureusement elles ont souvent des visées politiques et font de la propagande électorale ou prennent des positions électoralistes. Elles devraient défendre les patients plutôt que les hôpitaux qu'elles possèdent. Si les mutuelles défendent la qualité des soins, elles sont partenaires par contre.Quelles sont vos trois priorités à court et à moyen terme ?1/Rendre du sens au métier de médecin. Le poids des tâches administratives lui fait penser qu'il est inutile. Il faut songer aussi à déléguer certaines tâches médicales pour libérer le médecin. 2/Rouvrir le dialogue d'abord en interne (être plus proche de sa base généraliste et spécialiste, être encore plus à l'écoute du terrain, faire des sondages avec le jdM par exemple). 3/S'ouvrir sur l'externe (rester une organisation estimée vis-à-vis de tous les stakeholders du pays). Mais comme je veux mettre en place une direction participative, je ne sais pas où le groupe va m'emmener.Un bilan de Maggie De Block ?Beaucoup de courage. Elle a mis en place toute une série de réformes. Comme je suis, de nature, impatient, j'aurais aimé que tout cela aille un peu plus vite. Mais vu la complexité du système de soins de santé belge avec huit ministres de la Santé, je comprends que ce n'est pas simple...