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Le rapport débute par une définition du risque, soit "la combinaison de la probabilité d'occurrence d'un événement et de l'impact négatif associé à cet événement". L'anticipation d'un risque amène de nombreux effets bénéfiques, parmi lesquels la continuité des activités et le renforcement de la résilience face aux situations imprévues. Cependant, au-delà du renforcement de la résilience, Antares Consulting et ING promeuvent l'antifragilité. Il s'agit d'un concept introduit en 2012 par le Pr Nassim Nicholas Taleb, un essayiste, statisticien et ancien trader libano-américain, qui le définit comme la capacité à prospérer et à se renforcer face aux chocs, aux aléas et à l'incertitude, dépassant ainsi la simple résilience. "Un système de santé antifragile est conçu pour non seulement résister aux chocs et aux perturbations, mais aussi pour en bénéficier et s'améliorer à partir d'eux", explique encore le rapport. Pour mettre sur pied cette stratégie d'antifragilité, il faut identifier les risques. Telle était la mission donnée par les commanditaires du rapport à des experts du système de santé belge. Ces derniers ont permis d'identifier huit catégories de risques pour le système de santé (lire schéma ci-contre). En réalité, les experts ont identifié davantage de risques, tels les risques liés à la désinformation, qui pourraient perturber gravement les systèmes de santé en propageant de fausses informations sur les traitements, les vaccins ou les mesures de prévention. Notons encore les risques liés aux conflits géopolitiques, à la migration ou aux avancées scientifiques et technologiques rapides. Les risques identifiés, il convient maintenant de développer une stratégie de gestion des risques. Pour ce faire, il faut d'abord les prioriser. "Tous les risques ne présentent pas le même niveau de gravité: leur impact peut varier considérablement en fonction de leur nature. Certains risques nécessiteront une surveillance étroite, tandis que d'autres, moins importants, pourront être négligés", expliquent les auteurs du rapport. Pour prioriser les risques, une matrice de criticité peut être utilisée afin de classer les risques identifiés en fonction de leur probabilité et de leur impact. En fin de compte, c'est le produit de ces deux facteurs qui déterminera la criticité du risque. Plus la criticité est élevée, plus le risque doit être pris en considération. Pour améliorer la gestion des risques, les institutions ne peuvent agir seules. Le rapport propose donc des pistes de réflexion qui se déclinent en trois niveaux: macro, méso et micro. Au niveau macro, ING et Antares Consulting estiment nécessaire d'avoir une gouvernance claire pour la gestion des crises, chargée de définir les objectifs et les priorités du système de santé belge. À noter que ce type de gouvernance arrive via le SPF Santé publique qui est en train de restructurer une direction générale "Planification de la préparation et de la réponse en matière de santé" chargée de la gestion et de l'organisation de la capacité du système de santé à réagir aux crises sanitaires. Le rapport pointe en outre la nécessité de renforcer la sécurité du système de santé belge, en collaboration avec les instances fédérales contre la cybercriminalité. Clairement, une politique nationale est souhaitée. On note ensuite le besoin d'adapter la régulation du système de santé pour répondre aux défis actuels (environnement, innovation, etc.), et de définir un cadre national pour répondre aux enjeux de durabilité. Le rapport n'élude pas le besoin de repenser notre manière de dépenser en investissant dans la prévention. "Favoriser la rationalisation des ressources et des investissements du système de santé, tout en repensant notre manière de dépenser, représente un impératif crucial dans un contexte économique où le financement du système de santé est soumis à une forte pression", avancent les auteurs du rapport. Au niveau méso, plusieurs pistes de solutions existent, mais découlent évidemment des positions prises par le pouvoir organisateur. C'est sur base des critères nationaux qu'une politique cohérente de gestion des risques peut être mise en place dans les hôpitaux. Cependant, les institutions peuvent s'entraider pour faire face aux risques de manière plus efficace. Le rapport pointe notamment la possibilité de partager les ressources humaines spécialisées dans la cybersécurité ou de mutualiser les investissements dans les infrastructures TIC. Les institutions peuvent également penser l'hôpital du futur, conçu pour faire face au changement climatique, et s'appuyer sur l'essor des nouvelles technologies, IA en tête, pour alléger le travail du personnel paralysé par la crainte du burn out qui accable les professions soignantes. Au niveau micro enfin, il est crucial de promouvoir une culture de gestion des risques. Cela implique de sensibiliser, former et encourager la participation active des professionnels de santé à l'identification et à la gestion des risques au quotidien.