Les acteurs flamands du secteur des soins de santé constatent que la moitié de leurs projets d'IA ne sont pas menés à bien. Les principales raisons? La mauvaise qualité des données, des analyses de risques inadéquates, des coûts croissants, une adoption insuffisante et surtout un manque de clarté quant à la valeur apportée par la technologie. Dans cette lettre ouverte, les responsables informatiques des acteurs de la santé se joignent au fournisseur de services numériques Inetum pour appeler à faire des choix ciblés.
Les soins de santé sont axés sur le patient, mais ils impliquent également de nombreux processus connexes. L'IA peut faire une grande différence dans les deux cas. Quoi qu'il en soit, l'idée sous-jacente est que les applications d'IA dans les soins de santé ne se concentrent pas uniquement sur le gain de temps, mais bien sur l'amélioration de la qualité des soins dans son ensemble.
Se concentrer sur l'essentiel
Les médecins considèrent désormais l'IA comme un outil permettant, entre autres, de poser de meilleurs diagnostics. En effet, si l'IA parvient à détecter avec précision un cancer du sein sur des images médicales, la valeur ajoutée est immédiatement perceptible. En outre, l'IA permet également aux prestataires de soins de santé d'augmenter leur efficacité tout en gardant la même force de travail. Par exemple, l'IA peut facilement résumer une conversation entre un médecin et un patient, afin que ce dernier puisse rapidement partager cette information avec sa famille.
De tels projets d'IA dans le cadre de processus administratifs soulèvent également moins de problèmes éthiques, compte tenu de l'importante pénurie de personnel. Ces applications permettent ainsi au personnel soignant de nos hôpitaux de se concentrer sur l'essentiel de son travail, mais elles soulèvent aussi une question importante: devons-nous utiliser le temps libéré pour accroître notre productivité ou prévoir plus de temps libre? Si l'IA prend en charge toutes les tâches simples, le travail risque de devenir trop exigeant sur le plan mental. La clé du succès réside donc dans des choix ciblés quant à l'utilisation ou non de l'IA.
La plupart des applications d'IA découlent de défis concrets auxquels les médecins et les infirmiers sont confrontés dans leur pratique. Nous ne déployons la technologie que lorsqu'il y a un besoin clair, et pas seulement parce qu'elle est disponible. C'est essentiel: l'IA générative doit être utile et répondre à des besoins identifiables, tels que le franchissement des barrières linguistiques ou la préparation de lettres de sortie ne contenant que les informations nécessaires, sans excès de détails. L'IA n'est cependant pas une solution miracle. Elle n'est pas toujours la meilleure solution à tous les problèmes.
Le bon équilibre
Pour que l'IA générative réussisse à grande échelle dans le secteur belge des soins de santé, les organisations du secteur doivent suivre une approche structurée. Tout d'abord, il est important de mettre en place une politique solide en matière d'IA. Les organisations doivent prendre conscience des opportunités et des risques de l'IA, puis expérimenter les applications qui apportent le plus de valeur ajoutée. Comment déterminer la valeur d'un projet d'IA? Ce choix dépend de la faisabilité technique, des considérations éthiques et juridiques, de l'avantage concurrentiel et de la valeur pour le patient.
Il est également important de trouver le bon équilibre entre les individus et la technologie. Commencer par optimiser les processus sans outils numériques, puis automatiser les processus et ensuite seulement, examiner la contribution que peut apporter l'IA. Les organisations actives dans le domaine de la santé peuvent également renforcer leur santé financière en développant des projets évolutifs et en recherchant des partenaires à l'extérieur de l'organisation. Les données jouent un rôle important à cet égard, les organisations devant penser au-delà du contexte traditionnel et travailler à partir d'une approche bidirectionnelle.
Enfin, il est essentiel d'accroître la fiabilité des données. En assurant la transparence sur l'utilisation des données, les organismes de soins de santé renforcent la confiance des patients et des travailleurs, ce qui renforce l'efficacité des projets d'IA.
>> Lettre ouverte signée par :
-Patrick De Boever, directeur Valorization & Research, Hôpital universitaire (UZ) d'Anvers
-Bram De Caluwé, datamanager, Hôpital général (AZ) de Klina
-Thomas Dubois, Data Strategy Consultant, i-mens
-Bart Helsen, IT-manager, Hôpital universitaire (UZ) de Bruxelles
-Kurt Maes, ICT Solutions Manager, Hôpital universitaire (UZ) d'Anvers
-Mathias Syx, Technical Lead Data Science Institute, Hôpital universitaire (UZ) de Gand
-Tim Weltens, collaborateur ICT & Innovatie, Croix Jaune et Blanche (CJB)
-Jouri Goos, Head of Consulting, Inetum
-Veerle Claessens, Health Sector Lead, Inetum
-Evi De Wolf, Account Manager Healthcare, Inetum
