En mars dernier, je me suis positionné en faveur du confinement pour endiguer l'épidémie. Nous étions face à une maladie inconnue et les informations nous parvenant du Nord de l'Italie - dont le système de santé peut être comparé au nôtre- étaient inquiétantes. Rappelons-nous que face à l'afflux massif des patients, les médecins italiens ont dû restreindre l'accès aux Soins Intensifs, et n'ont pas eu d'autre choix que de laisser certains patients sans soins.
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A ce stade de l'épidémie, nous avons une meilleure connaissance du virus et nous pouvons nous protéger de manière efficace. Dans ce contexte, un reconfinement serait une erreur tant du point de vue médico-psycho-social qu'économique. Malheureusement, les décisions prises le 16 octobre vont dans ce sens alors que d'autres solutions, plus nuancées, pourraient s'appliquer. Personnellement, je suis partisan d'un confinement sélectif et alterné, en accord avec le projet thérapeutique de chaque individu : -sélectif : seules les personnes à haut risque (représentant néanmoins 25% de la population) seraient à nouveau confinées. Nous obtiendrions alors une contamination progressive des personnes à faible risque, ceci dans le but d'acquérir une immunité collective le plus rapidement possible. La probabilité que ces personnes développent des complications étant très basse, le nombre d'admissions pour Covid dans les hôpitaux diminuerait progressivement, empêchant leur engorgement. -alterné : la population de plus de 65 ans pourrait circuler par exemple entre 9 h et 12 h : les magasins et autres services à la population leur seraient exclusivement dédiés. Avant 9h00, l'autre groupe pourrait circuler afin d'amener les enfants à l'école et se rendre au travail. A partir de midi, les plus de 65 ans respecteraient le confinement. Les patients de moins de 65 ans mais néanmoins à risque, suivraient le même régime que les personnes plus âgées. -en accord avec le projet thérapeutique : idéalement, nous devrions accorder aux personnes à risque le choix de respecter ou non les mesures de confinement proposées. En effet, certains d'entre eux ne souhaitent plus se confiner, préférant le maintien de leur vie socio-culturelle à l'isolement. D'un point de vue éthique, nous ne pouvons obliger nos aînés à passer le peu de temps qui leur reste à vivre seul, sans contact physique ni social avec leurs proches, contre leur volonté. Une fois l'immunité collective atteinte, nous pourrions alors déconfiner l'ensemble de la population. Ces mesures devraient être respectées tant que nous n'engorgeons pas nos structures hospitalières. Mon raisonnement se base sur le constat que l'humanité n'a jamais réussi à contrôler une épidémie, même si elle en a parfois eu l'illusion. Le problème est que cette illusion, vendue à la population pour la rassurer, n'a pour effet que de l'infantiliser, engendrant sa déresponsabilisation et la disparition d'un contre-pouvoir. Les dernières pandémies -la grippe espagnole ainsi que celle de Hong Kong-, ont toutes deux duré plusieurs années : quatre à cinq ans pour la grippe espagnole et plus de deux ans pour celle de Hong Kong. Il me semble vraisemblable que la durée d'une pandémie reflète le temps qu'il faut pour épuiser son réservoir, pour toucher les individus qu'elle doit toucher. Dans ce cas, un confinement massif ne fait que ralentir la vitesse du processus, qu'allonger le temps de la pandémie en reportant le problème à plus tard, sans nécessairement faire moins de victimes. Une étude récente menée à Manaus, une ville brésilienne à la frontière de l'Amazonie, suggère que l'atteinte d'une immunité collective est possible. En effet, dans cette ville, qui n'a pas appliqué de mesure de confinement, 66% des habitants possède aujourd'hui des anticorps contre le coronavirus. Ce taux serait suffisamment élevé pour que la maladie ne puisse plus se propager efficacement, a indiqué le groupe de 34 chercheurs brésiliens et internationaux. Du côté de la médecine générale, nous avons travaillé sept jours sur sept durant le confinement. A présent nous assumons notre rôle comme de bons petits soldats : entre testing, tracing, modification des prises en charge selon que vous soyez à risque faible ou élevé, contact étroit ou pas, nous sommes tout simplement débordés... Depuis la rentrée, l'affluence des demandes a littéralement explosé. A tel point qu'il devient difficile voire impossible de consulter tellement l'afflux de documents et des tâches administratives qui en découlent est important, le plus souvent pour des patients asymptomatiques et qui le resteront. Est-ce donc cela la médecine générale en tant de crise ? Nous, médecins cliniciens, avons appris à toujours corréler le résultat d'un examen médical -quel qu'il soit- à la clinique. Nous savons aussi de par notre formation que, au-delà de tout, la situation clinique de notre patient prime sur n'importe quel acte médical. Or, l'interprétation de tests PCR sans corrélation clinique manque totalement de sens ou, en termes statistiques, de valeur prédictive. Comme l'écrivait déjà le Docteur De Brouwer le 24 août : " tester massivement une population est une aberration scientifique et mènera à beaucoup plus de problèmes qu'il n'en résoudra. " Une étude récente menée à Manaus, Brésil, suggère que l'atteinte d'une immunité collective est possible. En effet, les résultats des tests PCR réalisés en Belgique nous indiquent uniquement si la personne est positive ou négative au Covid, mais ne nous dit rien sur le degré de contamination par le virus. En effet, le résultat peut également revenir positif si vous avez des fragments du virus en vous (des virus morts par exemple) ou si vous êtes immunisé contre le Covid-19 sans pour autant être présentement contaminé. La psychose actuelle autour du test PCR perturbe notre bon sens et nos réflexes de médecin. Je pense dès lors que nous devrions revenir à nos fondamentaux. Dans n'importe quelle maladie, rappelons-nous qu'avant la réalisation de tout test, il importe d'estimer le risque encouru des complications de ladite maladie ou, autrement dit, d'évaluer la balance bénéfice/risque. S'il n'y a pas de risque, le test manque de pertinence. J'en profite pour rappeler que chaque test coûte 48,6 euros aux finances de l'état et que le budget des soins de santé est une enveloppe fermée. Le test est donc indiqué uniquement si la morbi/mortalité du patient est en jeu. Le testing massif d'une population asymptomatique à bas risque est une hérésie scientifique. Nos gouvernants ont fait preuve d'un manque de prévoyance dans la gestion de la crise Covid. La recrudescence des cas à l'automne était largement prévisible. Selon moi, les mesures prises ce vendredi 16 octobre ne feront qu'entraîner un allongement du temps de cette pandémie sans en réduire la morbi/mortalité.