La production et l'utilisation du plastique ne cessent d'augmenter et leur impact sur notre santé est préoccupant. Ces dernières années, l'inhalation de microplastiques et ses conséquences pour notre organisme ont fait l'objet d'une attention croissante.
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Actuellement, la raison la plus évidente de limiter l'utilisation du plastique est l'impact de sa production sur la production de gaz à effet de serre. En outre, il est apparu que nous absorbons des microplastiques par le biais de l'alimentation. Dans une mise à jour de 2024, la FDA américaine est formelle: il n'y a actuellement aucune preuve que le plastique issu de l'alimentation exerce des effets néfastes sur la santé [1]. Une piste de recherche plus récente concerne l'inhalation de microplastiques. Des fibres plastiques ont déjà été détectées dans des tissus pulmonaires prélevés chirurgicalement il y a plus de 20 ans, mais en 2022, des recherches ont révélé des concentrations étonnement élevées dans les poumons [2]. Là encore, aucune conclusion n'a été tirée quant aux risques pour la santé de la population en général. Les rares études expérimentales dont nous disposons actuellement sont difficiles à interpréter parce que les particules de plastique varient considérablement en termes de composition, de forme et de taille, alors que chacun de ces paramètres peut être déterminant pour les effets subséquents sur les tissus. In vitro, il existe des preuves que les microplastiques exercent un effet pro-inflammatoire sur le tissu pulmonaire, perturbent la fonction de barrière épithéliale et provoquent un stress oxydatif dans l'épithélium et les alvéoles pulmonaires. Les épidémiologistes restent vigilants, d'autant plus que des organismes comme l'Agence européenne de l'environnement estiment que le rythme de production de plastiques aura triplé en 2050 par rapport aux chiffres actuels [3]. L'augmentation de l'utilisation des plastiques pourrait conduire au franchissement d'un seuil critique pour un nombre croissant de personnes, pouvant mettre en lumière des effets néfastes sur la santé. On sait également que les microplastiques sont globalement présents en plus fortes concentrations à l'intérieur qu'à l'extérieur, et plus particulièrement dans les poussières domestiques. Les principales sources de microplastiques dans l'environnement sont les cosmétiques, les textiles (surtout lors de la lessive), le plastique jetable et les pneus de voiture (usure pendant la conduite). L'Organisation néerlandaise pour la recherche scientifique appliquée déduit des données disponibles que l'utilisation des pneus de voiture est la principale source de contamination par les microplastiques dans l'environnement extérieur [4]. Une inquiétude particulière concerne les personnes souffrant de maladies pulmonaires inflammatoires chroniques, telles que l'asthme et la BPCO. Dans les années 1970, la littérature a fait état d'un tableau appelé meat-wrapper's asthma (asthme des emballeurs de viande). Des symptômes de l'asthme sont apparus chez des femmes qui emballaient de la viande dans l'industrie, en coupant le film PVC (chlorure de polyvinyle) avec un fil chauffé et en soudant ensuite l'emballage. À l'époque, l'anhydride phtalique s'est avéré être le coupable. Alors qu'il s'agit d'un cas spécifique d'exposition professionnelle, l'asthme des emballeurs de viande est à ce jour cité dans des revues récentes [5,6] dédiées à l'impact des microplastiques sur les poumons. Des études ont d'ailleurs montré que l'inhalation de diverses sortes de plastiques dans les poumons d'animaux entraîne l'infiltration de cellules inflammatoires et/ou renforce les caractéristiques d'un modèle d'asthme. Il en va de même pour la BPCO: les données épidémiologiques montrent l'accumulation de certains plastiques dans les poumons des patients atteints de BPCO, mais les données probantes manquent pour démontrer une relation de cause à effet. Les maladies pulmonaires interstitielles et le cancer du poumon font l'objet de données plus significatives. Les maladies pulmonaires interstitielles couvrent un spectre de tableaux associés à des niveaux variables d'inflammation dans le tissu interstitiel du poumon et éventuellement de fibrose, provoquant une dyspnée. L'alerte a été donnée dans les années 1970, lorsqu'une incidence anormalement élevée d'une tumeur rare du foie a été détectée chez des personnes sujettes à une exposition professionnelle au PVC. Cette découverte a déclenché un certain nombre d'études dans le monde entier, qui ont démontré que le même PVC entraînait également un risque accru de fibrose pulmonaire et de cancer du poumon. Les travailleurs de l'industrie sont aujourd'hui mieux protégés, mais l'effet des sols contenant du PVC, qui sont sujets à l'usure et peuvent donc disperser des particules dans l'air ambiant, suscite néanmoins des inquiétudes. Des fibroses pulmonaires ont également été observées chez des animaux de laboratoire exposés au polyuréthane. Bien que l'ingestion ou l'inhalation de plastique n'ait à ce jour livré aucune preuve tangible d'éventuels effets néfastes sur la santé, les chercheurs et les autorités sanitaires appellent à la vigilance, sur la base de données rares mais inquiétantes. Par ailleurs, l'effet de la production de plastique sur les gaz à effet de serre est en soi une raison suffisante pour utiliser le plastique avec parcimonie. En 2022, 175 pays membres des Nations unies ont signé un traité qui constitue un plan commun pour limiter la pollution de l'environnement par les plastiques [7]. La principale mesure est d'interdire l'utilisation du plastique à des fins pour lesquelles il existe une alternative.