L'Association sportive du Centre de traumatologie et de réadaptation (ASCTR) s'adresse essentiellement aux patients atteints d'un handicap neurolocomoteur voire auditif ou visuel. L'asbl a longtemps été hébergée par le Centre de traumatologie et de réadaptation (CTR) à l'Hôpital Brugmann. L'ASCTR dispose maintenant d'un bâtiment totalement rénové sur le plateau sportif du Heysel en face du Comité olympique et interfédéral belge (COIB) et travaille étroitement avec le CTR Erasme. Explications avec le Dr Philippe Drabs, son président.
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Le journal du Médecin: À quel type de handicap s'adresse l'ASCTR? Dr Ph D: L'asbl ASCTR, est une association sportive (un club multisports) qui s'adresse essentiellement aux patients atteints d'un handicap neurolocomoteur, parfois associé à une atteinte visuelle ou auditive. Nos membres sont donc essentiellement para- ou tétraplégiques (ou-parétiques), quelle qu'en soit l'origine, cérébrolésés, polytraumatisés ou amputés. Nos sections intègrent également des patients valides car nous considérons que cette mixité participe à la réinsertion sociale, familiale et professionnelle. Y a-t-il des personnes qui redeviendront totalement valides? C'est une question qui devrait s'adresser au Centre de traumatologie et réadaptation. Nous sommes une asbl indépendante, certes liée historiquement au CTR. L'évolution médicale en cours ou après rééducation peut déboucher sur une guérison sans séquelles, mais c'est plutôt rare. Nos membres sont notamment des patients qui sont sortis du CTR-Erasme. Nous y accueillons aussi des patients encore hospitalisés dans le cadre de leur rééducation dans laquelle le sport est un outil essentiel. Nous sommes d'ailleurs aidés par Cap48 dans le cadre d'un projet. Dans ce dernier, un coach handisport, engagé par le CTR-Erasme grâce au don de Cap48, voit les patients au CTR, les motive et les reconditionne en collaboration avec l'équipe multidisciplinaire du CTR. Il leur propose ensuite des initiations à différents sports à l'ASCTR essentiellement. Cette intégration du sport dans la rééducation est essentielle pour différentes raisons. Entre autres le coach handisport peut renforcer la rééducation par des activités plus ludiques, avec mises en situations réelles, en collaboration avec les équipes médicale et para-médicales. Il peut aussi transmettre vers ces équipes les points à améliorer qu'il détecte durant les activités sportives. Le sport aide à mieux utiliser les prothèses, les orthèses ou le fauteuil roulant et améliore ainsi la mobilité mais aussi l'endurance. Il améliore également la VO2max. La pratique du sport durant l'hospitalisation intègre des activités de planification et d'organisation: c'est à la fois utile dans certaines atteintes cognitives mais aussi pour chaque patient afin de préparer le retour à la "vie normale" après une longue hospitalisation. Le sport aide aussi à ramener une confiance dans ses possibilités, un esprit d'équipe et de camaraderie, ainsi que des challenges, des objectifs à atteindre... L'ASCTR n'étant pas situé très loin du CTR-Erasme, les patients s'y rendent, lorsque c'est possible, en groupe par leur propres moyens accompagnés d'un kiné, un "ergo" (ou de stagiaires) et du coach handisport: excellent entraînement aussi! Les autres patients y sont amenés par le véhicule (mini-bus) adapté du CTR-Erasme. Ils peuvent, après leur hospitalisation, devenir membres de l'ASCTR ou rejoindre un autre club valide incluant les PMR. Nous avons de grosses difficultés avec les instances politiques pour obtenir un financement afin de pérenniser ce projet qui se clôture actuellement. Combien de sports sont proposés aux personnes handicapées?Les activités sont multiples. La plupart sont pratiquées dans les locaux de l'ASCTR situés face au COIB. Ils seront bientôt réunis dans le même bâtiment dans le cadre du projet Neo. Certains sports (natation, basket, tennis et athlétisme) se pratiquent dans des installations indépendantes de l'ASCTR mais avec nos coachs. Les sports proposés sont: multisports (ce sont les activités d'abord pratiquées par les patients dans le cadre de leur rééducation. Ils découvrent par modules de six semaines, différents sports adaptés), basket, natation, athlétisme, tennis de table, tennis, badminton, tir à l'arc, cyclo-danse, boccia. D'autres sports sont à l'étude mais la pandémie a interrompu l'organisation de ces nouvelles activités (paraski, hockey, ...). Privilégiez-vous les sports d'équipe?Pas particulièrement. La pratique des sports dits individuels se fait aussi en groupe permettant les échanges entre nouveaux et anciens, valides et moins valides. Organisez-vous des matches, des compétitions (avant/après covid)?Notre club étant "multisport", il n'est pas rattaché à une fédération spécifique (d'athlétisme, par exemple). Nos athlètes participent en effet à de nombreuses compétitions mais doivent pour cela être affiliés à une fédération spécifique et être aussi membre d'un club "mono-sport". Cela ne facilite pas les choses. Ils continuent à fréquenter nos installations pour leurs entraînements. L'ASCTR a "sorti" de nombreux champions nationaux, internationaux, et paralympiques. Enfin, nous sommes régulièrement organisateurs de championnats à la demande des fédérations comme ce sera le cas en 2021 pour le championnat de Belgique de tennis de table. Durant la pandémie, nous nous sommes adaptés aux mesures restrictives qui nous ont été imposées. Justement, comment vous êtes-vous adaptés à la pandémie covid?Nous avons fermé la salle sauf durant la période courte de réouverture possible en mettant en place tous les éléments et mesures sanitaires obligatoires. Cela a demandé un gros travail à notre équipe que je remercie vivement pour cela. Quel type de professionnels travaille au sein de l'association, directement et indirectement et combien? Combien de médecins?Comme je le disais, nous sommes un club (handi-)sportif. En-dehors des activités du coach handisport (éducateur sportif travaillant au CTR-Erasme dans le cadre du projet Cap48, dans le cadre du reconditionnement et des diverses initiations), nous fonctionnons uniquement avec des entraîneurs formés au handisport. Dans le cadre du projet Cap48, des kinés ou des ergos (et des stagiaires) accompagnent souvent les patients lors des activités sportives. Avec quelles institutions hospitalières (ou autres) travaillez-vous?Essentiellement avec le CTR-Erasme pour des raisons historiques et dans le cadre du projet Cap48 pour les patients qui y sont hospitalisés. Nous avons des contacts avec l'Huderf et diverses écoles. Nous sommes membres de la Ligue handisport francophone (LHF - lire encadré). Toute personne souhaitant nous rejoindre est la bienvenue... Le montant de la cotisation pour la fréquentation de la salle est de 70 euros/an, tous sports confondus sauf par exemple, l'entrée à la piscine. Combien de patients bénéficient en moyenne de l'offre de l'ASCTR?Comme vous évoquez les patients, je répondrai dans le cadre de ce projet Cap48 avec notre coach handisport: 15 à 20% de la population hospitalisée participe au programme. Quels sont vos projets et objectifs à court et à moyen terme?Nous souhaitons développer un partenariat avec l'Huderf pour les enfants qui y sont hospitalisés. Des discussions sont en cours avec Horus pour développer un partenariat pour les personnes atteintes de déficience visuelle. D'autres sports adaptés seront à nouveau proposés après la pandémie: paraski, golf, voile, hockey, hippisme, arts martiaux... Nous commençons par proposer des démonstrations, des initiations et si la demande est là, nous créons une nouvelle section.