Le 11 septembre dernier, la province de Namur annonce qu'elle va fermer de nombreux services pour pouvoir prendre en charge le financement des zones de secours. De nombreuses aides vont être supprimées dont celles à la santé. Avec quelles conséquences pour le paysage namurois de la santé ?
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C'était prévu dans la déclaration de politique régionale de la Wallonie en 2019 : le financement des zones de secours sera désormais supporté à 60% par les provinces et non plus par les communes. Pour rappel, les zones de secours regroupent les services d'incendies. Elles sont au nombre de 34 en Belgique, dont trois en province de Namur. Seulement voilà : si cela soulage (un peu) les finances communales, cela vient grever les finances provinciales, qui ne se portent pas forcément mieux. Ajoutons à cela que le Fédéral ne respectait déjà pas la clé de financement établie à raison de 50/50 entre le Fédéral et les communes et que les dépenses pour les zones de secours augmentent... Bref, pour les provinces, la nouvelle leur est tombée dessus comme la misère sur le pauvre monde. C'est dans ce contexte que la province de Namur a entamé, le 11 septembre dernier, une réforme de son institution. La province doit reprendre 20% du budget financé par les communes dès 2021, soit 5,5 millions d'euros. Ce pourcentage augmentera ensuite progressivement, pour atteindre 60% en 2024, soit 23,3 millions d'euros, sur un budget total annoncé à 123 millions d'euros. La province a donc fait des choix. En l'occurrence, elle a décidé de se concentrer sur quatre domaines d'activité prioritaires à ses yeux : l'enseignement, la culture, le vivre-mieux et la transition territoriale. On retrouve quelques compétences en santé que la province a décidé de conserver dans le " vivre-mieux " : la santé mentale, la santé scolaire ainsi qu'une rubrique santé et société, plus vague. En conséquence, tous ses autres services vont être supprimés progressivement. Dès 2021, plusieurs départements mettront la clé sous la porte : la politique étrangère, le tourisme, l'environnement, le cinéma, les métiers d'art ou encore le sport. Concernant la santé, des discussions sont en cours pour formaliser l'arrêt de l'activité de Télépronam, le service de télévigilance destiné aux personnes âgées, malades, convalescentes ou vivant seules. Il s'agissait d'un service précurseur qui venait de fêter ses 30 ans et qui suivait plus de 1.700 patients. Une initiative étrange en ces temps de pandémie. Aucun licenciement sec n'est envisagé. Le plan de restructuration privilégie les transferts en interne et tient également compte de 100 à 200 départs à la retraite d'ici 2024. Parallèlement, la Province de Namur va supprimer des aides aux communes. Elle entend également réduire sa participation dans les intercommunales ainsi que les apports qu'elle fournit actuellement à différents partenaires, comme les hôpitaux. La province de Namur a donc décidé de se dégager des hôpitaux publics namurois. Cela ne concerne en réalité que l'APP CHR Sambre & Meuse, où la province siège à l'Assemblée générale et, surtout, où elle détient 21,7% des parts de l'actionnariat. Stéphane Rillaerts, directeur général du CHR Sambre & Meuse depuis le début de l'année affirme que la province n'a pas tenu au courant l'APP de sa décision de réforme. Ce que confirme le président du CA, Gilles Mouyard, contacté par nos confrères de L'Avenir, qui ajoute que le désengagement de la Province n'aurait qu'un impact limité, son apport se limitant à une cotisation annuelle minime de 50.000 euros. Sur les 231 millions de chiffres d'affaires comptabilisés pour 2017, il est vrai que cela ne pèse pas bien lourd. La Province de Namur est la première à avoir réformé son institution. D'autres devraient emboîter le pas d'ici la fin de l'année, puisqu'elles devront reprendre 20% du budget financé par les communes pour les zones de secours dès 2021. Cela sera intenable, estime par exemple Serge Hustache, président du Conseil provincial du Hainaut. Dans le Brabant wallon, la province a chargé un avocat d'analyser la problématique afin de ne pas avoir à supporter ce fardeau financier. Quelles que soient les provinces visées, les institutions font partie de l'actionnariat des hôpitaux publics. Comment vont-elles réagir ? Quels seront les dommages collatéraux pour les hôpitaux ainsi que pour les autres services de santé ? Autant de questions qui trouveront sans doute réponse d'ici la fin de l'année.