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Dans la chaleur de l'été 76, l'effroi, la sidération et le chagrin ébranlent une famille: Gilles, 11 ans, est percuté par un chauffard sur une petite route de Bretagne, alors qu'il fait le pitre à l'avant d'une roulotte conduite par son grand frère. Cet aîné, c'est Jean-Louis Tripp, le dessinateur, qui toute sa vie s'en voudra de ne pas avoir empêché son frangin de se pencher, d'avoir lâché sa main. Dans ce roman graphique irrémédiablement réaliste, d'un noir et blanc évident, l'auteur couche sur papier le drame, l'agonie du jeune garçon qui perd son sang, sa mort, ce temps irréel - sorte de cauchemar rêvé ou l'inverse - avant les funérailles, le deuil à faire ensuite de la triste réalité. Un récit poignant sur l'absence du défunt toujours présent, de l'éternel manque, du temps qui enfouit, enterre le souvenir qui, au contraire du disparu, parfois, inopinément, ressuscite. La douleur de la perte emplit l'espace personnel, même si le temps a fait son oeuvre, repoussant la mort au loin, surtout si c'est un proche...