En se ralliant à Donald Trump, le "3e homme" de la campagne présidentielle américaine, Robert F. Kennedy Jr, a contribué au succès phénoménal du 47e président des États-Unis. Trump lui renvoie l'ascenseur en le nommant ministre de la Santé. Polémique assurée car "RFK Jr" est un antivax covid-19... Mais il a réaffirmé qu'il n'était pas contre le principe de la vaccination. Va-t-il "Make America Healthy Again"?
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D'abord, s'appeler Kennedy n'est pas anodin. Le patronyme renvoie à l'oncle de RFK Jr, John F. Kennedy, président démocrate progressiste assassiné le 22 novembre 1963 à Dallas et au père de RFK Jr, Robert F. Kennedy Sr, procureur général de Californie, lui aussi assassiné le 6 juin 1968 alors qu'il menait campagne pour la présidentielle et qu'il avait gagné la primaire en Californie. Aucune enquête n'a pu véritablement élucider ces deux meurtres attribués toujours aujourd'hui officiellement à des loups solitaires: Lee Harvey Oswald, sans référence politique connue, et Sirhan Sirhan, un jeune Palestinien opposé à la politique pro-israélienne des Kennedy. La responsabilité de la CIA mais aussi de la Mafia a été évoquée pour le cas de JFK, le père du président américain ayant eu des accointances avec la pègre. Dans le cas de Robert F. Kennedy, des zones d'ombre subsistent. Il est particulier que deux frères, l'un président, l'autre en pole position de l'être, soient assassinés à cinq ans d'intervalle... Toujours est-il qu'avec la mort, tout à fait accidentelle, de Jr Junior dans un accident d'avion bien plus tard, la dynastie Kennedy a quelque chose de "maudite". Robert Francis Kennedy Jr est né le 17 janvier 1954 à Washington, D.C., États-Unis. Il est doté d'un master en droit environnemental à la Pace University School of Law. Il est aussi passé par Harvard. Il a été marié trois fois et est père de six enfants. Il est avocat spécialisé en droit de l'environnement. Il souffre d'une affection appelée dysphonie spasmodique (ou spasmodic dysphonia en anglais), qui est à l'origine de sa voix éraillée qui le diminue lors de débats télévisés. Il a plaidé contre des entreprises polluantes et a travaillé pour la préservation de la biodiversité. Il a dirigé le National Resources Defense Council et l'association Riverkeeper, qui lutte pour la protection des rivières. Il a publié plusieurs ouvrages sur l'environnement et les affaires politiques, notamment sur la corruption dans les agences fédérales. La controverse à son endroit vient du fait qu'il a pris position contre la vaccination anti-covid-19 et qu'à travers l'association Children's Health Defense, il a diffusé des désinformations médicales notamment sur l'origine de l'autisme due à la vaccination. Mais il a aussi affirmé: "Je n'ai jamais été anti- vaccin[1]." À cet égard, il a ajouté qu'en tant que ministre, il voulait que le public soit dûment informé et qu'il ne lui enlèverait pas la possibilité de se vacciner. Sa nomination comme ministre de la Santé n'a pas manqué d'être analysée comme un mauvais signal donné par Donald Trump en matière de santé publique. Pour autant, RFK Jr sera-t-il forcément un mauvais ministre de la Santé? Tout d'abord, l'uniforme fait l'homme. Un ministre de la Santé travaille avec une administration de fonctionnaires dévoués et compétents (même si Elon Musk devrait dégraisser l'administration à la tête de son "DoGE": Department of Government Efficiency). Kennedy travaillera notamment de concert avec la FDA (Food and Drug Administration). Il est très porté sur la bonne bouffe (et très critique envers l'industrie agroalimentaire). Il devrait poursuivre les efforts de Donald Trump pour faire abaisser le prix des médicaments. Il ne s'est pas positionné sur l'ACA (Affordable Care Act - Obama Care) que Trump veut démanteler. Des coupes dans Medicare (embryon de couverture santé universelle pour les personnes âgées et les handicapés) sont cependant à prévoir puisque Chambre et Sénat sont à majorité républicaine. Le Medicaid (couverture pour les personnes à faibles revenus, incluant les familles, les enfants, les femmes enceintes) pourrait être épargné. Les deux couvertures santé pèsent 1.700 milliards de dollars chaque année sur un total de dépenses fédérales de 6.800 milliards. Trump a déclaré qu'il ne signerait ni n'approuverait un bannissement national de l'avortement, tout en prenant crédit pour la fin de l'arrêt Roe v. Wade (qui consacrait l'avortement comme un droit constitutionnel). Toutefois, son administration pourrait restreindre l'accès à l'avortement, par exemple en autorisant des interdictions au niveau des États ou en limitant l'accès à la pilule abortive. Malgré ses prises de position polémiques, Robert F. Kennedy Jr apporte une perspective différente sur la gestion de la santé publique. Son insistance sur la transparence des agences sanitaires (RFK Jr s'est engagé à dénoncer et à éliminer l'influence des intérêts privés dans les agences de santé fédérales, comme la FDA et le CDC), la santé environnementale et la prévention (Kennedy a critiqué le système de santé pour sa dépendance excessive aux traitements curatifs au détriment des actions préventives) pourrait représenter un tournant majeur pour améliorer la qualité de vie des Américains. Au final, Robert F. Kennedy Jr est une figure complexe, à la croisée de l'activisme écologique, des critiques envers les institutions et les élites - il croit à l'État profond - et d'une dynastie politique légendaire qui a ses zones d'ombre: la sexualité débridée de John F. Kennedy, les liens du patriarche Kennedy avec la pègre, etc. RFK Jr conspue régulièrement Big Pharma mais aussi Big Tech et, paradoxalement, "les milliardaires" alors que Donald Trump est lui-même milliardaire. Il faudra donc le juger sur pièce. Une bonne surprise n'est pas exclue.