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à l'aune du Mondial au Qatar, qui fait éternuer beaucoup de monde, constatons qu'il n'y a pas que sur la planète foot que l'on s'intéresse au ballon rond. Nombre de musiciens rock sont en effet de vrais fans de football, les matchs allers-retours entre les deux disciplines étant plus nombreux que l'on ne pourrait l'imaginer avant le début de la partie. À commencer par le We are the champions de Queen, scie reprise en choeur par les supporters de toute équipe victorieuse d'un trophée quelconque. Mieux, le You Never Walk Alone de Gerry And The Pacemakers, hit des années 60, est devenu la chanson officielle du club de Liverpool. Les hardeux anglais de Judas Priest ont quant à eux enregistré United, ode anti-Thatcher au début des années 80, et sacrée depuis chanson fétiche de l'équipe de Sheffield United, bien que le groupe soit de Birmingham. Certains artistes investissent de l'argent dans leur club de coeur, comme Elton John avec Watford dont il fut longtemps président. Il est aujourd'hui président honoraire du club londonien, où une tribune porte désormais son nom et où ses deux jeunes fils évoluent. Robert Plant, chanteur de Led Zeppelin, est quant à lui vice-président d'honneur de Wolverhampton - des Wolves qu'il suit depuis 65 ans! Bref, c'est Wolves Lotta Love. Quant à Joe Jackson, il nous a avoué verser discrètement de l'argent au club de sa ville natale, Portsmouth, aujourd'hui en troisième division anglaise... D'où sa discrétion? Tous ces musiciens n'ont pas joué de la musique pour leur club, au contraire de certains joueurs de foot qui se sont mis à chanter avec leurs pieds: John Barnes, qui évolua notamment au Watford d'Elton John, s'y est malheureusement essayé avec un Anfield Rap lors de son passage à Liverpool, tout comme l'Anglais Chris Waddle en duo avec le Français Basile Boli, au temps de leur heure de gloire avec l'Olympique de Marseille. Certains groupes ont enregistré un morceau pour leur équipe nationale: New Order (World in Motion) pour l'Angleterre en 1990, chanté principalement par... John Barnes. Echo and the Bunnymen firent de même en 98 (en compagnie notamment de Ocean Color Scene, Space et des Spice Girls! ) avec un morceau dispensable composé par Ian McCulloch, bien que d'origine écossaise, et Johnny Marr, alors que les Manic Street Preachers offrirent, lors de l'Euro 2016, sa chanson officielle au Pays de Galles, avec Gareth Bale dans les choeurs (ce qui leur a sans doute permis de battre la Belgique). Chez nous, Damso fut évincé - comme Nainggolan, le mauvais garçon, le fut de la sélection nationale pour la Coupe du monde 2018 - et sa chanson, ode aux Diables rouges, retirée pour cause de sexisme. Quant à la "diablesse rouge" Axelle Red, elle a entonné l'hymne du Mondial 98 en France en compagnie de Youssou'n'Dour. D'autres artistes, s'ils ne chantent pas le football, en sont des passionnés, comme Robert Smith qui, en 1990, fit reculer l'heure de son concert à Werchter afin de voir la fin d'un match de l'Angleterre. Gros Robert est fan absolu de QPR, à cause du R? Pas le club le plus titré d'Angleterre, mais certainement le plus rock: les Queens Park Rangers dont, outre le leader de Cure, Nick Cave, Pete Doherty des Libertines, Glen Matlock des Sex Pistols, Ian Gillan de Deep Purple et Alan Wilder de Depeche Mode, entre autres, font partie de la dream team de supporters. Un club sans palmarès, évoluant en deuxième division anglaise. La raison? Sans doute la proximité à la fois de la salle de rock mythique de l'Hammersmith Odeon et de Shepherd's Bush, siège de la BBC et lieu de ses fameuses sessions. Légende du rock de la BBC justement au travers de ces iconiques Peel Sessions en radio, l'animateur John Peel était lui un fan inconditionnel de Liverpool, tout comme Ian Broudie de Lightning Seeds. Les frères Gallagher d'Oasis sont des fondus de Kevin De Bruyne et Manchester City, tandis que les autres Manuciens des Stone Roses penchent résolument pour United, ce qui était également le cas de Tony Wilson, ex-manager des Happy Mondays, ou Joy Division et propriétaire de l'Hacienda à l'époque et de Factory Records. Quant à Mick Hucknall de Simply Red, le nom de son groupe s'inspire directement des Red... Devils! Ceci alors que Robin Guthrie, ex-Cocteau Twins, s'affichait en concert avec le maillot des Tottenham Hotspur, qui peuvent aussi compter sur les vocalises d'Adèle comme soutien. Steve Harris, des bruyants Iron Maiden, supporte l'équipe de West Ham - surnommés les Hammers, des marteaux qui collent parfaitement avec le heavy metal pratiqué par le bassiste fondateur du groupe. Le Gallois Kelly Jones, de Stereophonics, adore Leed united, tout comme Nicky Wire bassiste des Manic Street Preachers, club anglais mythique...très "welsh". Les méconnus de Bradford City ont les faveurs de GK de Bad Boy Chiller Crew, tandis que Russel Leetch, bassiste des Editors, tient pour Aston Villa et que Serge Pizzorno de Kasabian est un habitué des tribunes de Leicester City. Certains musiciens adoptent des noms de club comme Chelsea, Arsenal et Saint-Étienne, mais cela n'en fait pas des supporters contrairement à Thomas Mars du groupe français Phoenix, qui est un fan pré-qatari du PSG, le rapper Dapz tenant pour Arsenal, le club cette fois, tout comme Mick Jagger, Ray Davies, Johnny Rotten et Nick Hornby, écrivain très rock (auteur de High Fidelity et d'un livre sur sa passion pour les gunners - Carton jaune). Enfin, les deux guitar-heroes que sont Jimmy Page et Ritchie Blackmore vibrent tous deux pour Chelsea. En Belgique, Adamo, qui n'est pas très rock, est fan d'Anderlecht, tout comme feu le Grand Jojo, par ailleurs auteur de la chanson des Diables rouges lors du fameux Mondial de 86, ainsi que le chanteur Renaud (et on se demande pourquoi ce dernier est dépressif...) Par contre, Marka, qui est très rock, est un fan indécrottable du RWDM. Quittons, pour finir, les rives du rock pour celles du cinéma. La star canadienne de Deadpool Ryan Reynolds (en compagnie de Rob McElhenney) a récemment racheté le club gallois de Wrexham, l'un des plus vieux clubs britanniques, qui évolue en cinquième division anglaise Mais la palme (cannoise? ) revient à Riton Liebman (qui joua, gamin, dans Les Valseuses), comédien belge vivant à Paris et supporter inconditionnel du Standard de Liège, au point de signer une comédie, il y a dix ans, intitulée Je suis supporter du Standard... Et ce n'était pas une fiction!