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Les échos de la musique italienne ne se résument pas au gros Zucchero, aux vieillissants mais toujours trépidants Litfiba, à la pop suave de Nek, au rock adulte de Ligabue ou aux mièvreries d'Eros. D'ailleurs, Måneskin ne s'exprime pas (souvent) en italien: Damiano David, sorte de jeune Piero Pelu, chante parfaitement en anglais qu'il maîtrise mieux que Rocco Siffredi (qui, il est vrai, n'a pas grand-chose à dire), Måneskin se révélant pourtant tout aussi couillu que ce dernier. "Rush!", leur troisième album, est une vraie claque: ils en distribuent même 17. Il y a chez ce quatuor une intranquillité maîtrisée à la Queens Of The Stone Age avec, de surcroît, un sens de la mélodie immédiate, urgente et allègre, digne des Pixies. Parfois simpliste, "Feel" est basé sur un simple riff, reprenant le côté bombastique d'un Muse sur "Gazoline", le groupe romain semble avoir tout ingéré et digéré, y compris le punk râpeux d'un Idles sur "Kool Kids". Même la pochette est une réussite... Bref, Måneskin pourrait aisément passer pour anglo-saxon, et reçoit même la bénédiction de Tom Morello, l'ancien guitariste de Rage Against The Machine, qui vient griffer de sa guitare glissante le survitaminé "Gossip". On est loin de l'Eurovision remportée par ce gruppo sportivo en 2021. Sauf, que, fidèles à leurs racines, les Transalpins ont la bonne idée d'insérer en fin d'album, un peu long, seule réserve, des chansons en italien, sans verser dans la canzone. Fortissimo ma anche allegro!