Ces dernières semaines, la plateforme eHealth et les services qui y sont liés ont accumulé les indisponibilités. Les syndicats montent au créneau et dénoncent, chacun à leur manière, le temps et l'argent perdus par les médecins.
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Fin janvier, les deux principaux syndicats médicaux (l'Absym et le GBO) se faisaient la voix de nombreux médecins impactés par des soucis informatiques liés à la digitalisation de la santé. La plateforme e-Health subit en effet depuis plusieurs semaines un nombre important de pannes, de retards, d'arrêts et d'autres incidents qui entravent la pratique quotidienne des médecins. Pour preuve: le profil Twitter de la plateforme eHealth n'est qu'une longue liste d'alertes de problèmes avec tel ou tel service. Le Dr Johan Blanckaert, président de l'Absym, dénonce: "Lorsque le système est en panne, il est impossible de renouveler ou d'ouvrir des DMG, d'appliquer le système de tiers payant ou de délivrer des ordonnances électroniques. Bien sûr, les patients et les pharmaciens partagent alors aussi le malaise. Une conséquence supplémentaire pour les médecins est qu'ils doivent réintroduire ultérieurement les données saisies manuellement."Dans la succession d'annonces de survenance puis de résolution des bugs, on note toutefois que c'est très souvent l'application MyCareNet qui est défectueuse et, dans une moindre mesure, le service de prescriptions électroniques Recip-e. Ce que confirme une nouvelle fois l'Absym: "Recip-e, le système de prescription électronique, a enregistré ce mois-ci pas moins de 847 minutes ou plus de 14 heures d'arrêt, toutes pannes confondues. Les problèmes se sont étalés sur quatre jours ouvrables et sont survenus principalement aux moments d'affluence: deux fois un lundi matin (15 et 22 janvier), mais aussi le mardi 9 janvier et le mercredi 24 janvier."Le SPF Santé publique, responsable de la plateforme e-Health, pointe du doigt les mutualités comme étant la cause de ces maux. " À l'origine, on retrouve chaque fois des incidents au niveau de MyCarenet, la plateforme sécurisée mise en place par les mutualités pour l'échange électronique d'informations entre prestataires de soins et mutualités", poursuit l'Absym dans un communiqué de presse. "Les défaillances de MyCarenet ont un impact direct sur le fonctionnement de tous les services e-Health. Le gouvernement et les mutualités ont le devoir de garantir la continuité des soins - et donc aussi des services numériques pour les prestataires de soins. C'est pourquoi l'Absym exige des mutualités une communication transparente sur le niveau de SLA (Service Level Agreement) qu'elles s'engagent à respecter pour le fonctionnement de MyCarenet."Même son de cloche du côté du GBO, qui met la pression sur les autorités compétentes. "Le GBO/Cartel est loin de s'opposer à l'informatisation de la pratique médicale, que du contraire, mais pour autant que les outils mis à disposition des médecins soient au service de ceux-ci, facilitent et soutiennent la qualité de leur pratique médicale, et non l'inverse", tacle le syndicat "Or, c'est pourtant bien l'inverse qui se passe depuis quelques mois, ce qui nuit gravement à la motivation des médecins généralistes quant à l'utilisations d'eHealth et de tous les outils qui en dépendent."Le GBO a donc adressé un courrier aux autorités compétentes "pour demander au comité de gestion de la plateforme eHealth des explications sur les raisons de cette baisse drastique des performances, et que soient présentées les solutions envisagées pour y remédier de manière pérenne, ainsi que le calendrier fixé pour ce faire". Le syndicat a également annoncé que, le cas échéant, il proposerait un moratoire sur les conditions requises pour obtenir la prime de pratique intégrée maximale pour 2023 et 2024 et ce, tant que l'entièreté des problèmes liés à l'utilisation des e-services n'auront pas été complètement résolus. Le Dr Jacques de Toeuf, président du comité de gestion de la plateforme, s'est montré particulièrement réactif en répondant dans la journée, assurant l'inscription de ce thème à l'ordre du jour de la prochaine réunion du comite de gestion, et promettant une analyse approfondie sur les causes des arrêts inopinés. "Croyez bien que nous ferons au mieux pour éviter une répétition de ces dysfonctionnements."