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Le journal du Médecin: En tant que nouveau président du GBS, quels sont les principaux défis auxquels les spécialistes en Belgique sont confrontés actuellement et comment comptez-vous les aborder? Dr Stan Politis: Sur le terrain, les médecins spécialistes sont avant tout préoccupés par la médecine qu'ils pourront pratiquer demain, ce qui inclut la place du médecin dans les soins de santé, la centralisation des soins, la prise en charge des maladies rares, l'organisation de la santé mentale des citoyens et, par ailleurs, ils sont également préoccupés par un financement correct, où la nouvelle nomenclature et la réforme du financement des hôpitaux suscitent encore de nombreuses questions. Ces questions ont un impact direct sur les soins aux patients, qui deviennent de plus en plus institutionnalisés. La médecine extra-muros est progressivement rayée de la carte par le gouvernement belge. Beaucoup de ces problèmes ont été créés artificiellement par l'intervention du gouvernement parce que les politiciens veulent avancer en continuant à regarder dans le rétroviseur. Le GBS continuera à indiquer la voie substantielle vers l'avenir. Les unions professionnelles savent très bien où se situe le changement dans leur discipline, elles savent où se situe l'innovation et où se situent les pièges. Par exemple, il est illusoire de penser que l'on peut résoudre le problème de la prévention des maladies en proposant des projets dans le cadre curatif de l'Inami avec un financement important des niveaux méso, alors que les patients, les médecins et les infirmières sont au niveau micro. Les mutualités assurent tous les patients et devraient déployer davantage d'efforts à l'éducation et à la motivation des patients (exercice, nutrition, tabagisme) dans le cadre de la prévention des maladies. La modernisation du GBS semble être un enjeu important de votre mandat. Quelles mesures spécifiques envisagez-vous pour adapter le groupement aux réalités actuelles du secteur médical? Votre observation est correcte. La réforme en profondeur du siège du GBS et des processus de pilotage tels que la gestion des membres, la comptabilité, la communication sont fondamentaux. La nomination d'un nouveau directeur administratif - en raison du départ à la retraite imminent de Mme Vandamme - devrait également contribuer à rendre tout cela harmonieux. Toutefois, il ne s'agit pas d'un point final, mais seulement d'un point de départ d'un véritable enrichissement de fond, qui devrait apporter des réponses à deux questions: les unions professionnelles reçoivent-elles suffisamment de services en échange pour travailler sur le contenu sans soucis? Le GBS, en tant que fédération des unions professionnelles, peut-il renforcer l'identité de ces unions en tant qu'interlocuteur naturel pour toutes les parties prenantes qui ont des questions concernant la discipline en question? La collaboration entre les différents spécialistes est cruciale pour le bon fonctionnement des soins de santé. Comment allez-vous renforcer cette coopération au sein du GBS et avec les autres associations médicales? La collaboration entre les disciplines est entravée par des comportements "territoriaux", soit par l'appropriation de compétences (titre 2, titre 3 [1]), soit par des barrières financières (accès à la nomenclature), soit au niveau organisationnel (association, hôpital, université). Il appartient au GBS d'identifier ces obstacles et de les résoudre collégialement, dans la mesure du possible. C'est pourquoi les membres du GBS sont fortement représentés au sein du Conseil supérieur (des médecins spécialistes et des médecins généralistes, NdlR), participent activement aux organes du SPF et de l'Inami et aux organisations hospitalières. Outre l'élimination des obstacles, il convient également de mettre en place des incitants à la coopération. Dans une large mesure, cela se fait sur la base de l'évolution naturelle, car les associations se développent constamment, mais aussi en proposant des solutions structurelles et financières pour la coopération multidisciplinaire, en premier lieu entre les médecins, mais aussi entre médecins et autres acteurs. Par ailleurs, le GBS doit privilégier une collaboration étroite avec les associations scientifiques pour inciter les unions professionnelles à utiliser des indicateurs de résultats pour les actions médicales. La pénurie de personnel médical, y compris chez les spécialistes, est un problème croissant en Belgique. Quelles sont vos propositions pour améliorer l'attractivité de la profession et la répartition des spécialistes dans tout le pays? L'attractivité de la profession commence par l'image des médecins véhiculée par la presse et les médias, car c'est ce que les jeunes retiennent le plus tôt. Dans la mesure où le gouvernement et les mutuelles dépeignent la profession médicale comme une profession mercantile, sujette aux erreurs, prescriptrice à l'excès et dont les compétences pourraient tout aussi bien être adoptées par d'autres professions, il ne faut pas s'étonner que les jeunes montrent peu d'enthousiasme à s'engager dans ces disciplines. Les jeunes attendent également une profession dans laquelle ils peuvent acquérir une fierté professionnelle, une reconnaissance avec une rémunération équitable et des heures de travail qui permettent l'épanouissement de la famille. Le GBS devrait mettre les unions professionnelles en contact avec les étudiants en médecine désireux de faire des choix afin de donner une image correcte de la profession. En ce qui concerne les zones en pénurie des médecins, on peut être bref: on récolte ce qu'on sème. L'interdiction des suppléments d'honoraires dans les zones à forte densité de patients Bim va aggraver la pénurie et ce, pour deux raisons. La médecine spécialisé en extra-muros a déjà été presque complètement écrasée d'un point de vue réglementaire et l'interdiction des suppléments d'honoraires affectera encore davantage sa viabilité. La digitalisation et la télémédecine prennent une place de plus en plus importante dans le domaine médical. Comment prévoyez-vous d'intégrer ces technologies au sein des pratiques des spécialistes tout en garantissant la qualité des soins? La numérisation et la télémédecine s'intègrent de la même manière que l'ordinateur a remplacé le papier et le crayon. L'essentiel à cet égard est la suppression des obstacles réglementaires. Le rôle directeur des pouvoirs publics devrait être subordonné à un rôle facilitateur, dans lequel une concurrence suffisante est maintenue, tout en s'efforçant d'établir des normes communes. L'industrie peut servir d'exemple. Le financement des soins de santé est un sujet récurrent. Quels sont vos projets pour défendre les intérêts des spécialistes dans le cadre des négociations avec les autorités de santé et les assureurs? Actuellement, nous avons deux préoccupations. La première est la part décroissante des honoraires des médecins dans les dépenses totales de santé. Ce phénomène est exacerbé par le rétrécissement du budget des honoraires médicaux. Nous pensons au gel de la sous-utilisation du budget pendant les années covid, aux 100 millions d'euros retirés de la norme de croissance pour les projets non médicaux, à l'inscription d'innombrables autres initiatives dans les lignes budgétaires de l'Inami, de sorte que les soins médicaux curatifs doivent se contenter de moins en moins, relativement parlant. Il est alors facile de parler d'un "déraillement" des dépenses, alors que celles-ci auraient été à niveau si l'espace budgétaire avait pu croître avec l'indice et la norme de croissance prévus à cet effet. Une deuxième préoccupation est l'harmonisation des honoraires des médecins entre les disciplines médicales. C'est l'un des objectifs de la nouvelle nomenclature et ce projet est en bonne voie. Comment envisagez-vous de promouvoir la représentation des spécialistes dans les débats publics et politiques concernant la santé en Belgique? La représentation structurelle des spécialistes dans les débats publics et politiques est un problème qui préoccupe depuis des décennies toutes les associations de médecins, tant au niveau fédéral que communautaire. En fonction des orientations politiques du ministre de la Santé, des experts favorables à ses opinions politiques sont consultés.. Face à l'opinion publique et politique, les médecins spécialistes n'ont plus qu'une réponse: soigner leurs patients de manière impeccable, chaleureuse et de qualité. Mais cela ne suffit pas. Pour peser dans le débat public, le GBS, par l'intermédiaire ou non de ses unions professionnelles, doit prendre position de manière proactive sur de nombreuses questions, qu'il s'agisse de questions spécifiques à la discipline ou de questions médicales générales. Un forum devrait être créé à cet effet. Comment comptez-vous gérer/améliorer/pérenniser les relations avec l'Absym/BVAS et éventuellement d'autres syndicats médicaux comme l'ASGB (Algemeen Syndicaat der geneesheren van België)/Cartel et même le Modes (Monde des spécialistes)? Les relations avec BVAS-Absym et ASGB/Cartel sont excellentes. Il existe certainement encore des possibilités de mettre en commun ou d'aligner les compétences dans le domaine juridique. Avec le Modes lui-même, il n'y a pour l'instant pratiquement aucun contact.