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Le salon des mandataires (Municipalia), ce n'est pas que du networking autour d'une bonne bière. C'était aussi, cette année, l'occasion d'un vrai débat santé - merci à l'Aviq d'avoir invité le Dr Dominique Henrion, qui a eu le mérite de rappeler que la pénurie médicale ne se réglera pas à coups de voeux pieux. Dans les allées, un autre sujet revenait en boucle: les accords de Pâques et la fameuse "Politique de retour au travail". Un nom qui sonne comme une promesse. Et qui cache, comme souvent, une suspicion. Les syndicats de médecins tirent la sonnette d'alarme. L'Absym s'inquiète qu'on en vienne à dissuader certains praticiens de soigner des patients "à risque statistique", de peur d'être sanctionnés. Le GBO dénonce une réforme "fondée sur la suspicion plus que sur la confiance". Traduction: on veut faire passer la médecine du côté obscur de l'algorithme. Et pourtant, les chiffres sont là: plus de 500.000 personnes en invalidité selon l'Inami, un coût de 10 milliards d'euros par an selon les Mutualités libres. Alors, bien sûr, côté employeur, il y a ceux qui murmurent dans les couloirs: "On connaît des médecins qui abusent." Étrangement, ce sont toujours "les autres". Face aux solutions apportées par le gouvernement, ces mêmes employeurs oscillent pourtant entre lassitude et scepticisme. Une base de données nationale et des contrôles ciblés? "On verra bien..." Autant dire: circulez, y a rien à croire. Entre le patient qu'on veut remettre au boulot, le médecin qu'on soupçonne de laxisme, et l'employeur qui fait ses comptes, il y aurait sans doute mieux à faire qu'un énième dispositif punitif. Par exemple, écouter ceux qui soignent. Et penser à long terme, plutôt qu'à la prochaine échéance électorale.