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Le rhumatisme articulaire aigu est une complication d'une angine à streptocoques du groupe A. Si l'angine n'est pas traitée par antibiotiques, une inflammation des articulations (avec des douleurs articulaires) et des valves cardiaques peut survenir pendant ou peu après l'infection chez certains patients. On pense que l'inflammation est due à une immunité croisée: les anticorps dirigés contre les streptocoques réagissent également avec des composants des articulations et des valves. Après quelques semaines, les symptômes inflammatoires disparaissent. Toutefois, les valves endommagées sont plus sujettes à l'usure qu'une valve intacte. Les complications possibles plus tard dans la vie sont la régurgitation ou la sténose de la valve aortique et la sténose de la valve mitrale. L'amélioration des conditions de vie et l'utilisation d'antibiotiques ont fait en sorte que le rhumatisme articulaire aigu est devenu rare dans les pays occidentaux, mais cette affection continue de faire quelque 300.000 victimes par an dans les pays à faible ou moyen revenu, selon l'Organisation mondiale de la santé. Dans nos régions, les migrants en provenance de la Méditerranée constituent un groupe qui nécessite une attention particulière. "Je tiens à encourager les médecins généralistes à prescrire rapidement des antibiotiques aux patients chez qui une angine bactérienne est fortement suspectée, afin de prévenir l'apparition d'un rhumatisme articulaire aigu", déclare le Pr Claeys. La sténose de la valve mitrale entrave le flux sanguin entre l'oreillette gauche et le ventricule gauche, ce qui entraîne une forte augmentation des pressions dans l'oreillette gauche et dans la circulation pulmonaire. L'oreillette gauche se dilate. En raison de la circulation laborieuse et turbulente du sang à travers la valve endommagée, on entend un souffle diastolique à l'auscultation, surtout si la sténose est prononcée. La sténose de la valve mitrale se traduit par une dyspnée, dont la cause est double. D'une part, l'augmentation des pressions dans la circulation pulmonaire. D'autre part, la réduction du flux sanguin de l'oreillette gauche vers le ventricule gauche, mais donc aussi du ventricule gauche vers l'aorte et la circulation systémique. Le débit cardiaque à l'effort est plus faible que chez une personne en bonne santé, ce qui entraîne une fatigue plus rapide. Avec le temps, le coeur droit éprouvera des difficultés à résister à l'augmentation des pressions dans la circulation pulmonaire. À ce stade, une insuffisance cardiaque droite peut survenir, accompagnée d'oedèmes des membres inférieurs. En raison de l'expansion de l'oreillette gauche, une fibrillation auriculaire peut se produire en cas de sténose de la valve mitrale, avec un risque accru de thrombose et d'AVC. On parle de sténose de la valve mitrale lorsque la surface de la valve à l'échocardiographie est inférieure à 1,5 cm2. Le traitement consiste à essayer de réduire la pression dans le coeur en administrant des diurétiques. En outre, si nécessaire, on maintient le rythme cardiaque sous contrôle avec des bêta-bloquants afin que l'oreillette gauche ait le temps de se vider le mieux possible. Si la présence d'une fibrillation auriculaire est révélée par un suivi rigoureux indispensable chez ces patients, l'administration d'anticoagulants s'impose. "En particulier en cas de sténose mitrale prononcée, on préfère les anticoagulants classiques aux NOAC", explique le Pr Claeys. "Après tout, l'effet des NOAC a surtout été étudié chez des patients souffrant de valvulopathie non rhumatismale et de fibrillation auriculaire." Si les symptômes persistent malgré le traitement médicamenteux, une intervention sur la valve mitrale est indiquée. Le premier choix est la valvuloplastie par ballonnet. Un cathéter à ballonnet est introduit dans le coeur droit par l'aine, le long de la veine fémorale. Par une petite ouverture pratiquée dans le septum auriculaire, on atteint l'oreillette gauche. Le ballonnet est gonflé et étire la sténose. Cette technique donne de bons résultats et permet à certains patients de bénéficier d'un traitement efficace pendant des années. Parfois, la valvuloplastie par ballonnet peut être répétée. Si les récidives persistent - et surtout s'il existe également une régurgitation mitrale importante -, la valve doit être remplacée. Il existe des prothèses biologiques, mais parfois l'implantation d'une prothèse mécanique est nécessaire parce que le patient est encore relativement jeune.