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La violence n'a sa place nulle part. Encore moins dans un cabinet médical. Les médecins ne peuvent exercer correctement leur profession qu'en toute sécurité. Pourtant, de plus en plus de patients mettent la pression sur leur médecin pour un certificat médical ou une prescription, à coups de critiques, d'insultes ou même de menaces.En 2016, la Direction générale sécurité et prévention du SPF Intérieur a formé un groupe de réflexion auquel collaborent les fédérations de cercles de médecins, l'Ordre des médecins et Médecins en difficulté. Fruit de cette plateforme, le développement d'une campagne dans les trois langues nationales. Cette campagne osée place les patients face aux faits et les incite à traiter leur médecin avec respect.La campagne de sensibilisation sera diffusée sur les médias sociaux et plaide pour plus de respect envers les médecins avec un message clair. Les médecins eux-mêmes sont invités à jouer un rôle important dans le déroulement de cette campagne. Chacun a reçu des posters à afficher dans la salle d'attente ou dans le cabinet.Une telle initiative sera-t-elle suffisante ? Il convient d'abord de rappeler que le phénomène ne date pas d'hier. Le journal du Médecin a fait écho de quelques faits divers malheureux ces dernières années. C'est le cas d'un braquage d'un cabinet de médecine générale en février 2016 dans la commune de Saint-Nicolas (Liège) qui poussera les cercles locaux à réfléchir sur la sécurité de la garde. Un fait survenu à peine quelques semaines après le meurtre du Dr Patrik Roelandt, tué à l'aide d'un couteau lors d'une visite à domicile chez l'un de ses patients. Toujours en 2016, le Dr Depoorter, généraliste de Forest, est poignardé à son cabinet. Il s'en est heureusement sorti vivant.Ces exemples pris sur la seule année 2016 - où il s'est décidément passé beaucoup de choses - témoignent plus globalement d'un climat anxiogène. Une enquête parue en mars 2017 dans le jdM montrait que 86% des professionnels de la santé ont été confrontés au moins une fois à une agression verbale de la part de patients sur les dix dernières années. Plus récemment, notre enquête " Qui êtes-vous docteur ? " (décembre 2018) pointait le fait que deux tiers des médecins (66,6%) estiment que les autorités n'oeuvrent pas suffisamment à la sécurité des médecins.Le constat est clair : le nombre d'agressions physiques, psychologiques ou verbales envers les médecins ne cesse d'augmenter de manière préoccupante ces dernières années. Dans un rapport établi en 2016 par l'Ordre des médecins, il apparaît que huit médecins sur dix sont confrontés à l'agressivité de certains patients. Le projet "Médecins en difficulté", également lancé en 2016, recensait 70 signalements après un an d'existence, 137 après deux ans, et pour sa troisième année (en cours), on atteint déjà 191 signalements. Il est temps d'agir.