La prévention était au coeur du troisième symposium du Réseau multidisciplinaire d'échange scientifique (Resumes), ASBL qui rassemble les professionnels des soins dans le but de partager les savoirs et les expériences.
...
Quelque 17 spécialités se sont succédé sur l'estrade de l'auditoire central de la faculté de médecine de l'UCLouvain - site Woluwe, le 18 janvier dernier, devant une salle comble. 300 professionnels des soins de tous horizons, première et deuxième ligne confondues, sont venus saluer le travail réalisé en à peine trois ans par les Drs Audrey Bonnelance et Thomas Orban, cofondateurs de Resumes. "Resumes, concrètement, est un réseau qui rassemble plusieurs professions de soins dans le but de partager les savoirs et les expériences", contextualise, en préambule du symposium, Audrey Bonnelance. "Nous sommes indépendants des firmes pharmaceutiques et de tout pouvoir. C'est très important pour nous.""Ce symposium est l'occasion d'élargir notre réseau, de partager nos connaissances, d'apprendre les uns les autres et de promouvoir une approche collaborative pour promouvoir la prévention. Il est important d'unir les disciplines pour développer une vision globale de la prévention en santé, pour écrire un futur où la prévention est au coeur de nos collaborations", explique la médecin généraliste, avant d'ajouter que le symposium est aussi l'occasion "d'explorer des solutions concrètes à des problématiques complexes". 17 spécialités qui échangent sur une thématique commune, c'est difficile à résumer en un article. On invitera donc les curieux à assister au prochain symposium de Resumes. Néanmoins, on peut dire que le symposium était résolument orienté pratique. Les diverses thématiques (médecine du travail, nutrition, kinésithérapie, gynécologie, urologie, oncologie, ...) étaient centrées sur la prévention, tantôt primaire, tantôt secondaire, selon la proximité des professionnels avec les patients et le moment où ils interviennent dans le parcours de soins. L'approche, si elle met l'accent sur la collaboration, reste cependant encore "silotée". Chacun apprend toutefois à mieux comprendre les attentes de l'autre. L'objectif est donc atteint. "C'est une initiative porteuse", salue le Dr Paul De Munck, tout jeune retraité de sa présidence du GBO mais décidément encore bien actif. "Il est encore possible de faire plus, pourquoi pas en portant cette initiative au sein de la Plateforme de première ligne wallonne (la PPLW, dont il a été également président, NdlR). C'est un sujet à discuter."Dans les travées de l'auditoire, un invité de marque était présent en la personne d'Yves Coppieters, ministre francophone de la Santé. Il a salué l'initiative à travers un discours et, fait à souligner, est resté tout au long du symposium, écoutant attentivement les présentations successives. "Merci de me nourrir de vos réflexions", remercie le ministre avant de mettre l'emphase sur l'importance de la prévention dans son programme. "La promotion de la santé au sens large est au coeur de nos préoccupations. Les défis sont nombreux et les inégalités sociales en santé sont encore trop prégnantes", explique le ministre, s'appuyant sur les (mauvais) exemples de l'alimentation et de l'accès au logement. "Force est de constater que nous tendons vers un contexte plus favorable, mais le chemin à parcourir est long et jalonné d'inconnues au niveau politique."Le ministre table sur deux leviers pour mener ses actions: le Plan wallon de prévention et de promotion de la santé et - étrangement, en préférant les termes de "réforme de la première ligne d'accompagnement et de soins qui descend au niveau local" (sic) - Proxisanté. "Il ne suffit pas de fixer des objectifs ambitieux, il faut que ces derniers prennent vie sur le terrain par le biais d'équipes pluridisciplinaires de proximité."Au-delà de ces deux leviers spécifiques relevant de la compétence santé, Yves Coppieters cite diverses politiques transversales - mobilité, aménagement du territoire, sport, environnement - pour souligner la nécessité d'agir collectivement. "Plusieurs chantiers sont sur la table, tels que la nouvelle stratégie de lutte contre la pauvreté. Nous travaillons aussi à l'actualisation du plan santé-environnement. Enfin, l'évaluation du Plan de prévention et de promotion de la santé est prévue cette année."Le ministre espère y associer les professionnels de soins pour alimenter un nouveau plan à l'horizon 2027. "Il faut être innovant, faire preuve de courage politique. Je suis convaincu que c'est par le biais d'une action collective interdisciplinaire, où chaque acteur apporte sa pierre à l'édifice, que nous arriverons à atteindre nos objectifs de santé. Ce présent colloque est un exemple."Yves Coppieters de conclure sur les mesures qu'il prévoit pour renforcer le soutien aux acteurs de la prévention. "Je plaide et je plaiderai au niveau fédéral pour que vos efforts en matière de prévention soient justement valorisés, y compris sur un plan financier."