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"D ès mars 2020, le Collège de médecine générale a préconisé le recours massif à la téléconsultation pour nous permettre de prendre en charge et de suivre nos patients à distance face à la première vague de Covid-19", rappelle Christophe Barbut. "Cela a permis de combler le défaut d'anticipation régnant à l'époque et d'organiser la réponse de la profession. Il s'agissait alors essentiellement de consultations téléphoniques. Nous avons ensuite bataillé, grâce aux syndicats, pour faire reconnaître par l'Inami ces consultations à distance."Ces téléconsultations ont été largement utilisées pendant la pandémie. "Cela confirmait la reconnaissance de pratiques à distance installées depuis bien longtemps: le téléphone pour suivre les patients ; des applications pour échanger des documents et des photos entre nous, avec nos assistants, avec nos collègues spécialistes ou avec nos patients."Pour rappel, l'Inami propose de réduire l'utilisation et le financement des téléconsultations dès printemps 2020, via une réduction de la fréquence autorisée pour ce type de prestation et du montant des honoraires. "Un recul incompréhensible pour de nombreux médecins généralistes", relève le président du CMG. "Au lieu de définir un cadre cohérent tenant compte de l'expérience Covid, et qui prendrait en compte les habitudes prises par les patients et la profession, on projette de nous imposer un cadre très restrictif et purement économique. A-t-on tenu compte des services inestimables rendus par les téléconsultations? Des contraintes organisationnelles et des évolutions de notre profession? Les médecins généralistes ne peuvent admettre ce changement de cap, comme en témoignent de nombreuses réactions et les pétitions qui circulent."Le CMG demande donc un moratoire sur ce projet intermédiaire à la durée de vie incertaine. "Gardons ces modalités "Covid" le temps nécessaire et attelons-nous à la construction d'un projet plus stable et pérenne", propose le Dr Barbut. Le collège entend d'abord mobiliser la profession. "Nous souhaitons que l'ensemble de la profession soit associé aux discussions pour faire entendre notre voix auprès des décideurs politiques et l'Inami." Un groupe de travail "télémédecine" est en formation au sein du CMG. "Nous allons donner de l'ampleur à cette démarche qui pourra être relayée par les syndicats, pour en faire un thème majeur dans les prochains mois."Ensuite, le CMG insiste sur la complémentarité des pratiques. "Il n'y a pas de raison de hiérarchiser les modes de consultations qui, bien utilisées et bien raisonnées, ont toutes une valeur ajoutée demandant du temps et des compétences. Ceci implique une rémunération équitable."Enfin, la structure faîtière désire des modalités claires. "Nous voulons être acteurs d'une démarche constructive afin de définir un cadre d'utilisation, de logistique, d'organisation, de traçabilité, etc. Quelles plateformes? Quelle intégration aux logiciels métier? Quelles traces dans le dossier? Quid d'un ticket modérateur?"