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Poète et artiste, William Blake a influencé et continue d'influencer des générations d'artistes qu'ils soient plasticiens voire musiciens : il suffit de voir l'influence de Blake sur certains groupes de rock progressif dans les années septante et nonante notamment.Un artiste que l'on découvre de façon chronologique, luttant pour son indépendance financière et utilisant les techniques d'impression et de marketing les plus modernes (notamment lors de sa désastreuse exposition de 1809).Fils... d'épicier londonien, son talent d'artiste n'est pas découragé par ses parents (au 18e siècle ! ), qui lui permettent de se lancer dans cette carrière : doué, ses copies de Michel-Ange en 1885 montre une technique hors pair, qui le voit emprunter aux génies de la Renaissance, mais aussi antiques (dans se description rêvée de Newton vers 1805 en Apollon grec), voire à ses contemporains comme Hogarth ou le Suisse Fuseli qui l'influencera dans ses visions spirituelles, fantomatiques et parfois cauchemardesques... mais souvent d'inspiration religieuse.Très vite d'ailleurs, avant le tournant du 19e siècle, apparaissent les formes spirituelles, les esprits et les visions, faisant de lui un précurseur du symbolisme ( Moïse recevant les tables de la Loi en 1780). Il n'est pas le seul à posséder un talent d'artiste : son frère Robert, disparu trop tôt, semble lui aussi posséder un don artistique, comme le prouve son carnet de dessins également exposé.Les premières aquarelles de William en grisaille, décrivant notamment Job, sa femme et ses enfants la même année ont des allures de story-board de dessin animé des années 80. Son sens du drame l'amène à illustrer Tiriel, une légende gaélique, preuve que ces sujets de sont pas toujours religieux, mais toujours dramatiques comme le démontre sa mise en images d'une édition de Richard III de Shakespeare, réalisée selon une nouvelle technique de gravure en relief qu'il invente ; à côté de cela, il illustre aussi des livres éducatifs Original Stories from Real Life). Ses illustrations combinées au texte se révèlent un échec commercial, mais son imagerie (un étonnant Lucifer et le Pape en Enfer) rappelle des images pieuses détournées, comme perverties et presque enfantines.Mises en relation, ses reproductions de tableaux de Hogarth exhibées insistent encore sur la technique fabuleuse dont Blake est dotée. Le plus connu de ses livres enluminés, intitulé Songs of innocence and of experience, voisine avec ces illustrations de la révolution américaine ( America, a prophecy), qui voient le Britannique prendre le parti des révolutionnaires ; elles sont elles-mêmes confrontées à celles crées pour le Paradise Lost de Milton. Dans sa description notamment du jugement d'Adam et Ève, on ne peut qu'être frappé par l'aspect visionnaire de son art : spirituel, mythologique préraphaélite et symboliste tout à la fois, ce qui implique une certaine lourdeur. Burne-Jones, Dante Rossetti, et Gustave Moreau ne sont pas loin.Illustrant un texte de Thomas Butts notamment, où la figure de Satan semble sa préférée ( The number of the beast is 666), Blake annonce clairement ce mouvement qui émergera 80 ans plus tard : si la technique de tempera sur toile issue du Moyen Âge est notamment utilisée dans The christ child asleep on the cross de 1800, l'oeuvre, par son style, semble pourtant être réalisée à la fin du 19e siècle. Parfois, son dessin n'a pas cette lourdeur symboliste, notamment lorsque ses aquarelles qui rehaussent un texte de Gray sur la mort ( Elegy written in a country church-yard) se révèlent plus lumineuses et légères démontrant sa confiance dans la vie éternelle.Ses " fresques ", grandes aquarelles colorées illustrant la Bible, Shakespeare, Milton voire sa propre imagination, possèdent une grandiloquence très Cecil B Demille et rappelle d'autres contemporains comme Goya dans "Nebuchadnezzar" (1805) qui évoque Saturne dévorant ses enfants vingt ans plus tard. Son côté théâtral amène Blake à jouer des contraires, confrontant les bons et mauvais anges notamment. En comparaison, ses dessins et aquarelles de paysages paraissent bien mièvres. Notamment mis en regard d'un Jugement dernier grouillant de figures humaines et qui rappelle les petits retables en ivoire.Suite à l'échec de son exposition en 1809, William cesse toute activité artistique durant dix ans, avant de connaître une renaissance dix ans plus tard... et pour le reste de son existence (il meurt en 1827).Cette période peuplée de visions voit Blake illustrer La Divine Comédie, mélange d'imagerie antique, de symbolisme, de Bien et de Mal, de spiritualité, d'ancien et de moderne. Bref, une oeuvre pour laquelle il semblait dès le départ destiné, notamment dans la description de l'Enfer.Pas étonnant que génération après génération, des artistes se réclament de William Blake. Car la damnation est un sujet éternel...