...

La revendication transgenre chez les jeunes soulève aujourd'hui de nombreuses questions, tant sur le plan médical que sociétal. Si des lieux de prise en charge spécifique se sont multipliés ces dernières années, certains semblent s'être éloignés des objectifs initiaux fixés par les cliniciens pionniers. "Ces dispositifs suscitent un engouement croissant chez des jeunes en quête d'une solution rapide à leur mal-être, souvent en proie à des difficultés neuro-développementales ou psychiatriques. Le changement de nom, de genre ou d'apparence est parfois perçu comme une réponse miraculeuse à des angoisses existentielles, mais cette approche traduit une confusion inquiétante entre les étapes normales du développement psychique et l'interprétation hâtive de comportements infantiles", expliquent les auteurs. "Ainsi, attribuer à un enfant de cinq ans qui joue avec des accessoires genrés une identité transgenre illustre une méconnaissance des phases de construction identitaire et une intrusion psychique potentiellement traumatisante."Cette problématique s'inscrit dans une tendance plus large où les jeunes cherchent à se construire une "identité à la carte", en opposition à l'idée d'une carte d'identité symbolique imposée par la société. Ce phénomène est amplifié par une société qui valorise, outrageusement selon les auteurs, l'autodétermination et par des influences médiatiques et numériques qui modèlent les perceptions. Cependant, l'affirmation systématique des ressentis personnels comme base d'une identité fixe pose de graves questions. Les auteurs citent notamment le psychiatre Stephen B. Levine. Il souligne que le rôle traditionnel des professionnels de santé mentale, autrefois garants d'une évaluation rigoureuse, a été remplacé par une réponse immédiate et affirmative aux revendications des jeunes. "Ce changement, entériné par la septième édition des standards de la World Professional Association for Transgender Health (WPATH), favorise une médicalisation rapide avec des conséquences parfois irréversibles, comme l'administration d'hormones ou la chirurgie après quelques consultations seulement."L'adolescence, période marquée par des angoisses liées à la puberté et à la quête identitaire, est souvent interprétée à tort comme un indicateur d'une transidentité, à en croire les Drs Lebrun et Koener. "Être en souffrance face à son identité sexuée ou son genre ne signifie pas nécessairement que l'on est transgenre. Pourtant, les réponses proposées par la société, largement influencées par les réseaux sociaux, orientent de plus en plus les jeunes vers une transformation de leur identité de genre comme solution à leur mal-être. Cette dynamique est également encouragée par des politiques éducatives inclusives qui, bien qu'animées par de bonnes intentions, contribuent parfois à brouiller les repères biologiques fondamentaux."Au-delà de l'éducation, c'est tout un socle de principes biologiques universels qui semble remis en cause. "Des universitaires et des professionnels de santé, y compris des médecins, valident parfois des théories niant les fondements biologiques en faveur d'une vision postmoderne de la connaissance. Cette tendance, qualifiée par certains de 'blanchiment idéologique par les universités', est particulièrement préoccupante dans les domaines de la médecine et de la biologie." La montée en puissance des revendications transgenres révélerait, selon les auteurs, un déséquilibre profond entre les libertés individuelles et les exigences civilisationnelles. "Les gouvernements, pris dans un climat d'intimidation idéologique, peinent à adopter des positions claires. Toute dissidence, même mesurée, est rapidement taxée de transphobie, poussant nombre d'acteurs, qu'ils soient politiques, médiatiques ou scientifiques, à l'autocensure. Parallèlement, les réseaux sociaux jouent un rôle clé en amplifiant les discours militants et en imposant un cadre normatif qui rejette toute nuance. Cela alimente un contexte où les revendications individuelles, portées par des minorités activistes, prennent le pas sur les réalités collectives."Cette situation invite à une réflexion critique sur les enjeux philosophiques et politiques de la question transgenre. La conviction intime d'être d'un autre genre que son sexe anatomique relève-t-elle d'un déni de réalité ou d'une étape psychique à accompagner avec prudence? Est-il légitime d'intervenir médicalement, avec des traitements hormonaux ou chirurgicaux coûteux et parfois irrémédiables, chez des adolescents encore en construction identitaire? Loin de nier l'existence de la transidentité ni les discriminations à son endroit qu'il faut combattre avec la dernière énergie, les auteurs appellent à "une approche réfléchie et équilibrée, indispensable pour éviter de céder aux pressions idéologiques, tout en offrant un accompagnement respectueux et adapté aux jeunes en souffrance".