Parcourir les océans pour découvrir des populations lointaines, apprendre à les connaître, s'imprégner des différentes cultures, tout en se rendant utile, telles sont les motivations qui ont poussé Sébastien Mairy à étudier la médecine.
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Sébastien Mairy est né d'un père chirurgien, qui a toujours été passionné par son métier, et d'une maman infirmière qui s'est consacrée à ses enfants. C'est peut-être ce qui a poussé le jeune étudiant à s'orienter vers des études scientifiques. Tenté au départ par la médecine vétérinaire ou la biologie marine, il s'est finalement tourné vers l'humain et plus particulièrement vers l'humanitaire. La médecine lui permettrait de réaliser ses rêves. "J'avais comme une force en moi qui me poussait vers l'extérieur et je me suis tout de suite dit que j'avais envie de me rendre utile en voyageant. Ne pas juste voyager pour le plaisir, sans être actif, mais plutôt aider des populations locales sur le plan de la santé et m'ouvrir à d'autres cultures. Le constat était clair. Il fallait que je fasse la médecine, c'est ce qui allait me permettre de réaliser mon rêve...", nous confie le quadragénaire. Le sens de l'autre, il l'avait déjà développé durant ses années de scoutisme, tandis que l'attrait pour la voile lui est venu lors de ses nombreuses vacances en Bretagne. C'est donc assez naturellement que Sébastien Mairy obtiendra des contrats dans des hôpitaux des DOM-TOM français. Il décidera très vite de s'y rendre en voilier. Il faut dire qu'il a presque grandi sur l'eau, cela ne lui faisait pas peur. "L'eau est mon élément, j'adore me sentir au milieu de l'océan et écouter le bruit silencieux de la mer", précise le grand voyageur. "Allier voyage, voile et médecine: cette combinaison me passionne", ajoute-t-il. Le vrai déclic s'est passé au Pérou lors de son premier doctorat. Après avoir démarré sa formation en médecine interne dans un hôpital à Cusco, il l'a poursuivie dans un dispensaire en pleine jungle à la frontière de la Bolivie. Le jeune médecin a découvert l'extrême pauvreté dans un pays qui, malgré tout, était assez bien organisé en termes de santé publique. Celui qui souhaitait s'initier à d'autres cultures a été servi. En effet, lors d'une mission dans la forêt amazonienne, il a rencontré des Indiens qui vivaient de façon encore très traditionnelle. Il s'est également rendu compte qu'approfondir ses connaissances en médecine tropicale et en infectiologie lui permettrait d'être plus efficace sur le terrain. De retour en Belgique, il s'est donc inscrit à l'école de médecine tropicale à Anvers. Et où a-t-il habité? Sur l'eau bien évidemment, dans son premier voilier! Une fois son doctorat et son diplôme de médecine tropicale en poche, Sébastien Mairy se lance dans sa première transatlantique, juste accompagné de sa petite amie de l'époque. Son projet: partir un an en Guyane française pour y faire sa première année de médecine générale. "Après avoir navigué plusieurs jours, l'odeur de la terre éveille tous nos sens. C'est une sensation indescriptible tant elle est forte. Elle procure un sentiment de grande sérénité, surtout après s'être retrouvés seuls en pleine mer non sans avoir parfois éprouvé quelques inquiétudes liées aux caprices de la nature. Premier stop, le Sénégal. Là, nous avons participé à une mission humanitaire avec 'Voiles sans frontières'. Cela consistait à procurer des soins dans les dispensaires avec les équipes locales, à analyser leurs besoins, ou encore à faire de la prévention dentaire dans les écoles... Une première expérience qui en inviterait d'autres".Ensuite, direction la Guyane française où il est prévu de rester un an. Sur place, Sébastien Mairy fait face à toutes sortes de situations et réalise qu'il manque de compétences en médecine d'urgence, ce qui le poussera à revenir en Belgique pour suivre la formation d'urgentiste et obtenir son brevet de médecine aiguë. Partager sa passion avec la jeune biologiste qui allait devenir sa femme et la mère de ses enfants, était son plus cher souhait. Nouveau voilier, nouvelle vie, le grand navigateur s'embarque derechef dans la traversée de l'Atlantique..., avec en cadeaux quelques belles frayeurs, mais ne sont-elles pas celles qui laissent les meilleurs souvenirs? Que fait-on en pleine tempête? Deux options: soit on met le bateau 'à la cape' et on attend que ça passe, soit on fait demi-tour et on se laisse porter par les vagues. "On gère vague après vague. Au moment même on est tellement concentré qu'on n'a pas le temps d'avoir peur, c'est surtout après qu'on réalise le danger encouru. Combinaison de survie, radeau de survie, téléphone satellite, bidon de nourriture, tout est prêt au cas où..L'essentiel est d'être bien préparé, et aujourd'hui on a des super balises donc on sait qu'on peut venir nous chercher si on est en danger, du moins lorsqu'on est près des côtes. C'est plus difficile au milieu de l'Atlantique mais c'est là que l'on se sent vivre", nous confie le navigateur des grands larges. Après avoir travaillé durant un an aux urgences du CHU de Pointe-à-Pitre, le retour en Europe s'est fait ressentir. La montagne était un nouveau domaine à explorer. Sortir les victimes des avalanches pouvait également procurer le sentiment de se sentir utile. C'est dans la vallée de la Maurienne que l'urgentiste va approfondir son expérience et se spécialiser en secours en montagne. Ce nouveau défi fut un peu écourté car après six mois, le couple s'installera à Bordeaux où Marion, épouse de Sébastien, aura l'opportunité de réaliser son doctorat en biochimie/immunologie. C'est là qu'est née leur première fille, Eva. En pleine pandémie, la petite famille s'est envolée vers la Polynésie et le jeune médecin a pu exercer la médecine qui lui tient tant à coeur. Aujourd'hui Sébastien Mairy, père de deux petites filles, est revenu s'installer dans son fief natal. Il exerce en tant que médecin généraliste à Namur. Suivre ses patients sur du long terme et apprendre à bien les connaître lui procurent une nouvelle satisfaction. Il savoure la vie tranquille, mais continue à se projeter dans de nouveaux projets d'évasion. Il rêve de repartir à la découverte des régions du monde qu'il ne connaît pas et y rencontrer des êtres hors du commun. Toute la richesse de ses rencontres avec des êtres qui n'ont quasi rien, si ce n'est leur sourire et leur bonne humeur, lui rappelle tous les jours ce qui est essentiel pour être heureux. "Rencontrer des êtres simples qui vivent en pleine nature, avec peu de choses, permet d'arrêter le temps. Les frontières, selon moi, c'est arbitraire. On est tous citoyens du monde, la terre nous appartient à nous tous" conclut ce grand voyageur épatant par son ouverture d'esprit, son courage, sa générosité, sa faculté d'adaptation, et surtout par la vie qu'il a choisi de mener avec passion.