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Au coeur d'un été qui ne l'est pas moins, une famille parfaite: Emmanuel, la quarantaine musclée sans un poil de graisse, qui, cadre et bien sûr aérodynamique, entretient son corps à coup de biorythme et de " health is the new wealth". Brune, sa communicante d'épouse, est la plus belle de la plage, mère idéale, amante irréprochable, pratique le yoga et le macrobiotique. Le couple des plus correct, surtout politiquement, dans tout ce qu'il a de supérieur et moyen, a deux enfants: Justine et Louis. La première, au seuil de la puberté, parle déjà couramment anglais, se révèle effrontément intelligente, tandis que son jeune frère accuse un retard important d'apprentissage en lecture, ce qui humilie son paternel et perturbe sa maman. Plus inquiétant, ce smartphone qui fait vibrer la poche autant que les sens d'Emmanuel... Roman sans effets mais d'une ironique mordante, Un enlèvement est raconté par le mâle alpha, plutôt bêta, puisqu'à la remorque de son épouse - que cet obsédé du contrôle trompe en croyant tromper sa vigilance, de sa fille qui le perce à jour, voire même de son jeune fils. Livre presque pamphlétaire qui dénonce le jeu lisse des apparences, de la bienséance, de la conduite codifiée par un discours normatif et interconnecté - vernis à une violence, une animalité ; codes que seule l'enfance, incomplètement formatée, semble en mesure de combattre, de refuser. Bref... d' "enlever". - Un enlèvement de François Bégaudeau, Editions Verticales, 183 pages