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Daniel Arsand se souvient de parents aimants, d'une mère enveloppante - étouffant ce fils unique à tous points de vue, d'un père tailleur discrètement présent, et surtout de "trois souvenirs de ma jeunesse" pour paraphraser Arnaud Desplechin. Plutôt un triptyque de traumatismes, en fait: sa première fois avec un garçon plus âgé, socialement plus élevé, qui le violera, le possédera en effet, avant de le jeter. Le panneau central, plus doux, est le récit d'une rencontre d'un homme deux fois plus âgé mais qui se volatilise soudain, laissant le tableau inachevé, voire blanc. La violence réapparaît ensuite lorsque, après la consommation, viendra l'humiliation... Plus qu'un récit, c'est une confession, une catharsis pour l'écrivain, un peu à la manière des Années manquantes de Jean-Noël Pancrazi, septuagénaire se rappelant de sa prime adolescence, qui, d'une plume précise, acérée, sans fioriture, mais pas sans émotions, dans ce livre court et au souffle qui l'est tout autant, décrit une sexualité sans ambages: récit où il parvient à démêler l'écheveau entre désir et amour, le temps ayant fait son oeuvre. Lucide et serein, Arsand confie que c'est la solitude sa plus fidèle partenaire, mais sans s'en plaindre - au contraire -, écrit des pages bouleversantes sur ses parents, la culpabilité face à leur disparition, la mort qui rôde dans le monde gay à partir des années 80, et sur ce métier d'écrivain qui lui a permis de couvrir de mots ces trois premiers... maux.