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La longue et instructive journée d'étude des Mutualités libres sur l'incapacité de travail (lire pages 10 et 11), rehaussée par la présence de Frank Vandenbroucke (qui n'aura pas manqué de publier assez perfidement la veille un communiqué sur sa propre réforme) s'est conclue par un débat entre tous les acteurs. Un grand absent: le médecin traitant. Nul oubli chez les organisateurs: la généraliste Sophie Habets, de la Cellule 'bien-être' de la SSMG, n'avait pu se joindre à la discussion. On en aurait appris davantage sans doute sur le rôle de celui, médecin généraliste ou spécialiste, psychiatre parfois aussi, qui déclenche le timing fatal d'entrée en incapacité. Qui, parfois, hélas, débouche sur une invalidité de très longue durée dont on ressort trop rarement. Après une longue interruption, il est quasi impossible de retourner sur le marché du travail, telle est une des quatre règles d'airain de l'incapacité, s'il faut en croire Christopher Linz, expert auprès de l'OCDE. Or le coût indirect de ces personnes vraiment malades mais qui hésiteront grandement avant de retourner dans "l'enfer" de l'entreprise, se monte à 21 milliards par an. Leur nombre a doublé depuis 20 ans. Si l'indemnité qu'ils reçoivent n'est pas le Pérou, elle peut tout de même, en ces temps où la mobilité coûte de plus en plus cher, constituer un piège à l'emploi. Les solutions peinent à se mettre en place... car elles se heurtent à de nombreux obstacles. Frank Vandenbroucke va porter à 100 le nombre de coordinateurs de réinsertion au travail dans le cadre de sa réforme "Reat", en parallèle des trajets de réinsertion. Aux Pays-Bas, les taux de réinsertion sont plus importants car l'employeur paie lui-même de 100 jours à deux ans d'incapacité! Un système dissuasif non sans effets secondaires, mais qui provoquerait un arrêt cardiaque immédiat du patron de la FEB et celui du Voka. Enfin, vieillissement oblige, l'incapacité est assez strictement liée à la démographie sur le marché de l'emploi et, vraisemblablement, à l'allongement des années de carrière et aux exclusions du chômage. Nos ministres feignent d'ignorer que la Sécu est un système de vases communicants.