L'aïkido est un art martial qui n'a pas encore fêté son centième anniversaire. Terme japonais composé de trois racines signifiant harmonie, énergie et voie, il se pratique sur un tatami au sein d'une salle appelée "dojo". C'est au coeur du complexe sportif Gaston Reiff à Braine-l'Alleud que nous rencontrons deux médecins se faisant miroir.
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Le complexe sportif brainois était particulièrement animé ce mardi soir. Devant l'entrée nous attendait le Dr Vincent Momin, revêtu d'un keikogi blanc fermé d'une ceinture noire. A la taille et descendant jusqu'aux talons, un hakama entourait le bas du corps de ses sept plis. Au sous-sol de ce centre, se trouve une salle recouverte d'un tatami jaune et bleu aux couleurs de l'Ukraine. C'est là-même que se pratique la concrétisation du concept de légitime-défense, proposé par l'aïkido. "L'aïkido reste un art martial et non un sport codifié en vue d'une compétition", insiste de Dr Jean-Paul Engelbeen, rhumatologue à Bruxelles. Et VincentMomin de renchérir: "Notre art n'a par définition pas sa place aux jeux olympiques. Nous vivons par conséquence éloignés de la médiatisation, des télés et des sponsors ; même si se faire connaître reste un objectif". Dans l'aïkido, il n'y a pas de combat, puisque celui-ci se termine au moment même où il commence. Une pratique imprégnée de la religion shintô. "Le combat gagné est celui que nous n'avons pas dû mener. Notre attitude face à l'adversaire pacifique et bien encrée. Nous essayons de lui éviter l'envie d'engagement mais pouvons y répondre efficacement au besoin", renchérit le généraliste. Art originaire du Japon, l'aïkido est entouré d'un cérémonial et d'un "Rei" (du respect, ndlr) important. Après un échauffement très précis faisant travailler muscles, tendons et articulations, il faut s'incliner devant l'image du fondateur, le maître Ueshiba, dont une représentation se doit d'être présente au mur d'honneur: le kamiza. Les participants le saluent et se saluent réciproquement puis finissent par rentrer sur le tatami, parfois à reculons. S'en suivent des joutes reproduisant des techniques d'agression à main nue ou via différentes armes en bois. A savoir Boken, Djo et couteaux. Lorsque deux aïkidokas, après s'être salués et respectant le niveau de chaque pratiquant se confrontent sur le tatami, il est difficile de ne pas penser aux chorégraphies de Martha Graham. Une créatrice de balais qui basa sa gestuelle sur la technique du "contraction-release" autour de la respiration. "Cet art est un travail sur soi-même qui questionne constamment sur le temps de réaction, la distance juste (ma au), les énergies et l'harmonie. Nous ne travaillons pas la force mais bien le vide entre nous et le partenaire (uketori)", résume le Dr Momin. Via des cercles et des spirales, l'aïkidoka tente de projeter son adversaire dans une spirale centrifuge afin de le déséquilibrer, l'immobiliser ou le déstabiliser voire le projeter. Le déséquilibre utilise alors la propre force de l'attaquant créant le vide entre lui et vous. "Il y a moins d'accident dans cet art martial qu'au tennis de table", soutient le rhumatologue. Un sport accessible qui représente un budget de 20 euros par mois, kimono compris. Actuellement composé d'une dizaine de membres, le club brainois a, comme beaucoup de cercles sportifs, perdu beaucoup d'adhérents suite au Covid. Il y aurait quelque 5.000 adhérents à cet art du côté francophone. A l'unisson, les deux médecins énumèrent les avantages physiques qui demandent de pouvoir rouler et "faire fonctionner des muscles que tous les sportifs ne connaissent pas". Un sport qui développe un fameux mental ainsi qu'un enrichissement spirituel. Le pratiquant, âgé de tout âge et de toute corpulence, essayera de méditer les paroles d'Osaka K. Shihan qui compare la pratique à "un miroir qui réfléchit le monde sans s'y attacher".