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Cinq-centième anniversaire de la naissance de Jean-Baptiste Poquelin: l'occasion pour l'édition française de célébrer le plus joué des auteurs nationaux dont le retentissement à l'étranger se limite souvent aux anciennes colonies. L'ouvrage revient de façon très documentée et illustrée sur la vie, l'oeuvre et la postérité des oeuvres de Molière, adoubé par la Révolution bien que favori du Roi, autant joué par l'État français durant la dernière guerre que défendu par les résistants exilés (Louis Jouvet part en tournée "Molière" en Amérique du Sud durant cinq ans), la façon dont Molière est récupéré par la Restauration, la Troisième république, un trésor national dont la modernité de ses pièces ne s'est jamais démentie, y compris au cinéma (L'Avare de De Funès, Molière De Mnouchkine). à ce propos érudit de Martial Poirson illustré d'oeuvres de Daumier, Ingres, Vigée, Le Brun ou Gérôme, répond la préface de Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie-française, interprète et metteur en scène des pièces de Molière, qui depuis l'intérieur, les coulisses de l'oeuvre, nous en révèle non pas la machinerie, mais la "machine humaine" que Molière met en scène. Par ailleurs, l'on peut lire avec délectation la bande dessinée consacrée par Catherine Mory au "scénario" et Philippe Bercovici (auteurs déjà d'une Incroyable histoire de la littérature française) dessinateur des Femmes en blanc, à l'épisode du Tartuffe dans la vie de Molière. Une pièce applaudie par Louis XIV lors de la première, mais interdite dès le lendemain pour des raisons autant politiques que religieuses. L'ouvrage en cinq actes, comme la pièce, qui sont autant de rounds, décrit le combat entre le dramaturge et les jansénistes durant cinq années, et dont l'auteur du Malade imaginaire sortira au final vainqueur. C'est drôle, instructif (on ne connaissait pas l'antique juron jarnidieu, formule raccourcie de je renie dieu), enlevé, et au final on ne peut... qu'applaudir.