Le chirurgien orthopédique Wouter Van den Broecke a attrapé le virus de la glisse grâce à ses enfants. Il s'investit aujourd'hui dans la Fédération internationale du ski (FIS) et dans la préparation des prochains JO d'hiver, qui se tiendront à Pékin en 2022... et où, qui sait, il aura peut-être l'occasion de voir son fiston à l'oeuvre !
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Les enfants du Dr Van den Broecke ont fait leurs premières descentes sur la piste des Blaarmeersen, à Gand. " Et c'est ainsi que je me suis retrouvé impliqué dans cet univers et que j'ai été amené à prendre des responsabilités ", explique le médecin. " Je suis devenu président du club et j'en ai même fondé un moi-même, le Brussels Ski Team. "Le journal du Médecin : Pourquoi ?Dr Van den Broecke : Cela me permettait d'accéder au conseil d'administration de Sneeuwsport Vlaanderen, la Fédération flamande des sports d'hiver. Il y a huit ans, je me suis aussi porté candidat au Comité médical de la fédération internationale du ski (FIS), dont les membres sont élus une fois tous les deux ans au cours d'un congrès. J'ai été accepté. C'est passionnant, parce qu'on se retrouve au coeur de la fédération internationale... et là, on découvre un nouveau monde.Cette commission médicale organise deux à trois réunions par an et l'un de ses membres assiste au titre de superviseur médical à tous les championnats du monde de la FIS - de ski alpin, de snowboard, de ski de fond, de saut à skis, etc. La personne déléguée par la commission travaille en collaboration avec le medical event director de l'organisateur. Nous utilisons une checklist et veillons à ce que l'encadrement médical soit assuré dans le respect du guide médical de la FIS. En février dernier, j'ai ainsi été envoyé à Park City aux États-Unis pour le championnat du monde de snowboard et de ski libre.Vous êtes également impliqué dans la préparation des JO...En vue des Jeux Olympiques d'hiver de Pékin en 2022, des événements-tests sont actuellement organisés sur le site olympique, dont une descente de coupe du monde en février. Comme les Chinois ne disposent pas du savoir-faire nécessaire pour assurer les opérations de sauvetage et l'encadrement médical, ils ont demandé l'aide de la FIS. Je vais donc prochainement m'envoler pour la Chine avec une demi-douzaine de collègues suisses et autrichiens qui possèdent une expérience des opérations de sauvetage avec traîneaux, treuils et hélicoptères. Ce sera un défi considérable, et la probabilité est grande que notre aide soit également nécessaire au cours des JO proprement dits.Concrètement, que devrez-vous faire sur place ?Le superviseur médical n'exerce pas de fonction médicale active, car il ne dispose pas d'un permis d'exercice ; son rôle est donc plutôt celui d'un auditeur. En Chine, nous recevrons toutefois une licence nous autorisant à pratiquer la médecine et un sac à dos contenant des médicaments de première nécessité pour les soins aigus. En tant que chirurgien orthopédique, je vais devoir me former un peu ! Mon contrat avec les Chinois prévoit aussi que je dois être en mesure de rejoindre un athlète blessé à skis en quatre minutes sur ces pistes mortellement dangereuses ! ( grimace)Et vous vous débrouillez, à skis ?Oui, mais ces pistes sont vraiment très raides, comme du béton et mortelles ! Là aussi, je vais devoir me perfectionner un peu, puisque le but n'est évidemment pas que le médecin secouriste doive être secouru par un confrère ! ( rire)Vous avez donc une vie professionnelle très variée.C'est une manière de s'ouvrir l'esprit et d'élargir son cercle de connaissances, et c'est passionnant. Mes enfants ont tous fait du ski à un niveau relativement élevé - mon cadet est même skieur professionnel ! La Belgique ne compte actuellement que trois skieurs masculins de tout haut niveau qui se classent dans le top 100 mondial. À 24 ans, il est aujourd'hui le premier Belge à être parti en Autriche pour faire des humanités sportives en ski. Il a été en internat à partir de 14 ans. Ces cinq années ont été très intensives, car nous allions sur place un weekend toutes les trois semaines pour s'occuper de sa lessive, etc. Sachant que ma femme est médecin de famille, vous vous doutez que ce n'était pas évident ! Mais c'est le genre de chose qu'on fait avec plaisir.On ne peut pas dire que Sint-Amandsberg soit vraiment une station de sports d'hiver. Voyez-vous passer beaucoup de blessures liées au ski ?Beaucoup de Belges en font ! Ce matin encore, j'ai reçu un patient qui avait fait une méchante culbute à Terneuzen au cours d'un entraînement au slalom sur une piste intérieure. Comme je suis connu dans le milieu, ces lésions aboutissent souvent chez moi. N'importe quel spécialiste de la chirurgie du genou peut évidemment traiter une lésion des ligaments croisés antérieurs, mais je connais aussi ce sport, ce petit monde... et le genou, c'est ma spécialité.Est-ce que chaque sport d'hiver a ses lésions spécifiques ?Il y a quelques années, la FIS en a dressé le tableau en collaboration avec les universités d'Oslo et de Salzbourg. Les athlètes qui ne pratiquent que le saut à skis sont souvent très maigres, toujours à la limite de l'anorexie ; de nos jours, leur BMI est soigneusement contrôlé et ceux qui présentent des signes d'anorexie sont exclus de la compétition. Dans le ski alpin, on voit beaucoup de problèmes de genou. Les lésions tendent à être d'autant plus sévères que la vitesse est grande, ce qui explique pourquoi le risque est plus faible en slalom. En snowboard, ce sont plutôt les membres supérieurs qui écopent, notamment l'épaule ou le poignet, mais aussi parfois la tête. Le parcours du slalom géant et la forme des skis ont aussi été adaptés pour améliorer la sécurité des athlètes tout en préservant la spécificité de la discipline. Une fédération sportive n'a évidemment aucun intérêt à ce que tous ses champions soient blessés en cours de saison !