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Deux astronomes d'une université de "province" (Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence) qui viennent de repérer une comète tueuse de planètes laquelle fonce tout droit vers la nôtre, alerte la Présidente des États-Unis qu'il ne reste que six mois afin d'éviter la fatale collision. Mais celle-ci, interprétée magistralement par Meryl Streep qui avait déjà personnifié Margaret Thatcher, n'en a cure, obnubilée qu'elle est par les élections parlementaires de mi-mandat. Consternés par tant d'irresponsabilité, les deux scientifiques s'en remettent aux médias, notamment aux talk-shows qui ne les prennent pas plus au sérieux, tandis que les réseaux relaient leurs réactions outrées... ceci alors que la comète poursuit son inexorable destin et qu'un milliardaire du transhumanisme se propose de sauver le monde... et donc sa peau. Nominés à de nombreuses reprises notamment aux Golden Globes (terrestre? ), Don't Look Up se révèle une satire mordante, cynique et hilarante de notre société (américaine donc américanisée), parabole et métaphore d'un monde de l'"infotainment" qui refuse de se confronter aux enjeux climatiques, où chacun préfère se préoccuper de ses petits soucis égoïstes et immédiats plutôt que des problématiques globales. Ce qui pourrait ressembler à du prêchi-prêcha didactique subit heureusement l'humour féroce du réalisateur Adam McKay, lequel gomme tout aspect lénifiant dans son long métrage sans temps mort, où en effet l'on est souvent mort de rire, même si c'est parfois jaune. Autrefois orfèvre en comédie sans prétention mettant en scène Will Ferrell, McKay a changé de braquet en 2015 avec The Big Short qui, de façon pédagogique et passionnante, démontrait les responsabilités des financiers sans foi ni loi de Wall Street dans la crise de 2008. Consternant, mais pas drôle. Avec Don't Look Up qui est sans doute son chef-d'oeuvre, il combine à la fois harmonieusement réflexion et dérision, dans la mouvance d'un Wag The Dog de Barry Levinson (l'un de ses maîtres) ou d'un Starship Trooper de Paul Verhoeven. Lequel fut très mal reçu par la presse américaine comme d'ailleurs le film de McKay: ce qui démontre plus encore la pertinence... Les origines irlandaises revendiquées par le réalisateur seraient-elles, dans sa façon quasi européenne de critiquer l'Amérique ( Vice, son précédent étrillait Dick Cheney et Bush Junior)? En tout cas, le film, déjà doté d'un scénario parfaitement ficelé, bénéficie d'un casting de rêve - Timothée Chalamet, Cate Blanchett, Ariana Grande (merci Netflix. Quels moyens insensés cette plate-forme procure aux réalisateurs) - dominé par le très engagé écologiquement Leonardo DiCaprio, la prodigieuse Jennifer Lawrence, et notamment Mark Rylance en magnat transhumaniste zen... et zinzin. Un film qui fait rire, réfléchir, mais qui, la fin (pas "happy", au cours d'une "end" désespérément drôle) le prouve, ne se fait aucune illusion quant au fait de faire réagir. Bref, ce film catastrophe n'en est pas une. Plutôt un Titanic cosmique et... comique.