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Allemagne, Belgique, France, Luxembourg: ces quatre pays composent la Grande Région, un espace de coopération européen. Ce sont quatre pays, mais finalement, une vision identique de la santé, avec les mêmes bases et les mêmes défis. La Healthcare Week Luxembourg - qui se déroule en réalité sur deux jours - se veut donc être "un laboratoire d'idées au coeur de l'Europe", pour reprendre les termes du Dr Philippe Turk, président de la Fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL), à l'initiative de l'événement. "Cet événement repose sur deux piliers. Le premier, c'est le rassemblement de tous les acteurs de la santé, en élargissant le spectre volontairement au-delà des patients, médecins et soignants vers les experts de l'innovation et de l'enseignement des métiers de la santé. Le deuxième pilier est constitué par le constat que les défauts actuels de nos systèmes de santé en Europe sont extrêmement similaires, quel que soit le pays. Il s'agit donc d'une opportunité pour réfléchir des projets communs au sein de la Grande Région avec nos amis allemands, belges et français, en formant un petit laboratoire d'idées au coeur de l'Europe.""Depuis la crise covid, dans les pays européens, nous avons pris conscience de la résilience et de l'efficacité de nos systèmes de santé. Mais un système de santé, c'est aussi un élément central de tout système social et démocratique et un facteur d'attractivité indiscutable. Tous les systèmes de santé en Europe, avec leurs valeurs fondamentales d'accès universel et de financement solidaire, se trouvent actuellement devant des choix sociétaux complexes et des défis majeurs, en raison d'une vague impressionnante d'innovations technologiques", analyse le président de la FHL. Philippe Turk, et globalement l'ensemble des intervenants, ont loué le dépassement des frontières et ont remis leur confiance dans les mains de l'Europe, notamment pour permettre l'innovation: "Quand les uns critiquent l'Europe qui risque de détruire la recherche et l'innovation en raison d'un cadre réglementaire restrictif sur l'usage des données personnelles, les autres voient avec optimisme l'évolution vers une médecine personnalisée basée sur le partage des données et un Data Driven Healthcare au sein de l'espace européen des données de santé, créé en 2023", avance le Dr Turk. "Quand les uns prévoient un dérapage financier inquiétant en raison des coûts engendrés par l'évolution vers la médecine de précision, les autres annoncent un gain d'efficience majeur par la digitalisation. Quand les uns affirment que les objets connectés et l'intelligence artificielle vont bientôt remplacer les médecins et les soignants, les autres réclament la nécessité de renforcer l'humain dans les soins avec leur empathie, leur compassion et leurs compétences humaine et sociale."Pour l'homme fort de la FHL, les innovations technologiques s'imposeront tôt ou tard et prendront une place importante dans nos systèmes de santé. Les défis consisteront à faire les bons choix. "L'humain restera incontournable dans l'accompagnement des patients, mais il devra redéfinir son rôle et ses missions dans la prévention et dans la prise en charge des malades", pense Philippe Turk. "Le manque de ressources humaines en santé constituera sans doute un facteur limitant, décisif dans les adaptations organisationnelles à donner. Le rôle du patient et du citoyen évoluera vers une participation accrue, non seulement dans son propre parcours de soins, mais également au sein des institutions de santé et des institutions politiques."Outre l'innovation, les défis nationaux et européens sont de taille. "Nous ne saurons y faire face qu'à plusieurs conditions", répond Philippe Turk, avant de lister: "À condition de garder le fil rouge de la création de valeur et de la mesure de résultats dans un système de santé qui maintient l'ambition de la solidarité. À condition de combler nos retards structurels dans la digitalisation et dans la création de données de santé structurées. À condition de réussir à rassembler les troupes de tout bord - professionnels, médecins, patients, chercheurs, enseignants, investisseurs, innovateurs - autour de ce projet commun qui ne peut être qu'européen. À condition d'oser regarder au-delà de ses frontières pour créer, ensemble, des dynamiques et des projets multinationaux au sein de la Grande Région."