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La déclaration du formateur dit tout, d'emblée. "En raison de l'évolution démographique, la viabilité financière de notre système de soins de santé et de pensions est menacée." Cette phrase, on la retrouve dès le premier paragraphe de l'accord. On retrouve, quelques lignes plus loin, l'un des piliers de la vision prônée par l'accord de gouvernement: le rapport entre bonne santé et travail. "Les personnes en bonne santé et capables de travailler ne pourront plus bénéficier de systèmes trop avantageux et prolongés dans le temps qui les découragent d'entrer sur le marché du travail."Plus loin, Bart De Wever enfonce des portes ouvertes: "Le problème du vieillissement s'accompagne également d'une demande médicale croissante." Ce pourquoi il promet de continuer "à assurer une croissance adéquate du budget affecté à la santé". Mais encore faut-il s'accorder sur la définition de ce qu'est "une croissance adéquate du budget". La santé occupe, dans l'accord de l'Arizona, une part équivalente aux investissements faits en santé publique. Un bon dixième de l'accord concerne la santé. La volonté, sur le papier, est de mener une politique de la santé cohérente. Une gageure en Belgique, avec le care dans les mains des entités fédérées et le cure dans les mains du fédéral. Concrètement, il est prévu d'inclure davantage les entités fédérées dans le Comité de l'assurance (en tant qu'observatrices) et au sein du Conseil général de l'Inami. Dans le volet santé proprement dit, on ressent la continuité des mesures prises sous la précédente législation, avec une attention particulière à l'accessibilité aux soins, à la santé mentale, notamment. Outre l'importance du médecin généraliste dans la prévention et la réinsertion des malades de longue durée, l'accord aborde les inévitables réformes de la nomenclature et du financement hospitalier et leurs impacts sur les médecins et les hôpitaux. La réforme de la nomenclature aura un impact sur le financement des honoraires. L'objectif, connu de longue date, est d'assurer une rémunération équitable et attractive. Les médecins en formation obtiendraient de leur côté une amélioration de leur statut et de leur rémunération. Pêle-mêle, on voit apparaître quelques points idéologiques chers à Frank Vandenbroucke. Sans surprise, le conventionnement est plébiscité. On note aussi l'introduction du principe de "l'honoraire pur" pour supprimer les rétrocessions vers l'hôpital. Le ministre semble avoir entendu l'appel des généralistes wallons au niveau de la réorganisation des urgences et de la permanence des soins. L'accord prévoit ainsi l'amélioration du triage via le numéro 1733 et les postes de garde. Diverses autres annonces auront un impact pour les médecins. On pense à l'éternelle promesse de la simplification administrative qui libérera du temps pour les soins aux patients. Ce n'est pas neuf. Il faudra qu'elle soit effective pour pouvoir juger. Enfin, Au niveau des quotas, une augmentation est prévue, en concertation avec les entités fédérées. Il y aura un soutien aux zones en pénurie pour assurer une meilleure répartition des praticiens. Côté hospitalier, impossible de passer à côté de la réforme mammouth du financement hospitalier. L'accord rappelle la volonté de passer à un modèle basé sur la pathologie et au "pay for performance" pour encourager la qualité des soins. La réforme du paysage hospitalier, initiée par Maggie De Block mais qui a subi un coup d'arrêt avec Frank Vandenbroucke I, semble revenir à l'avant-plan. Jugez plutôt: l'accord estime qu'il faut encourager les fusions et collaborations entre hôpitaux, développer l'hospitalisation de jour et concentrer les soins hautement spécialisés dans des centres d'excellence...Il y a comme un sentiment de déjà-vu.