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Au départ, une conférence : oh, pas un monologue non, car le public est obligé de s'y montrer actif, interactif. En effet, le collectif de cinq jeunes comédiens, réunis sous le nom de Traces, incite très vite les spectateurs à " se salir " - salir en espagnol signifiant sortir -, sortir du cadre, de la norme. Sortir de l'aseptisation, du triste, du sinistre, du cynisme. Reprendre sa liberté, oser, oser rêver, oser être naïf, amoureux, oser se tromper, réussir, réussir à créer, bouger, initier un mouvement dans un société en sidération, même sans ce masque tragique : faire au contraire de la vie une comédie, pourquoi pas musicale et à paillettes en plus. Invitation à l'entrée en résistance face à la normalité, l'habitude, la "normitude". Si le début de la démonstration est besogneux, dépendant des réactions du public d'un soir et du comédien ou de la comédienne en charge de la conférence inaugurale, le propos peu à peu se révèle, autant que les autres acteurs, invisibles dans l'introduction. Ils forment ensemble un noyau de jeunes talents convaincants, qui déroulent avec la fougue de la jeunesse un discours d'une naïveté assumée, utopiste, dont même les longueurs et le côté foutraque sont charmants. Car si les générations émergentes affichaient, plutôt que cette incitation au vagabondage ébouriffant, une résignation " aquoiboniste " identique aux plus vieux, la pilule (de paracétamol ? ) se révélerait encore bien plus amère...