Frank Vandenbroucke bénéficie du soutien de la majorité, malgré un questionnement bien présent sur la plus-value du projet de loi consacrant l'assistant en soins infirmiers côté francophone. L'opposition, elle, tire à boulet rouge.
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Si le projet de loi concernant l'infirmier chercheur clinicien ne fait pas débat, celui concernant l'assistant en soins infirmiers est davantage discuté. D'abord parce qu'il n'émane pas d'une volonté de réformer la profession d'infirmier, mais plutôt de se conformer à l'injonction de la Commission européenne (CE) d'offrir une formation en art infirmier qui corresponde aux exigences minimales européennes. C'est le cas en Fédération Wallonie-Bruxelles, mais pas en Flandre en ce qui concerne l'infirmier responsable en soins généraux. Dans la majorité, on est positif. Prudemment positif. "Ce projet de loi entre dans la réflexion globale que nous devons avoir sur notre système de soins de santé.Sur le fond, vous dites que ce projet crée un nouveau métier d'infirmier, qu'il vise l'attractivité du métier et qu'il vise à lutter contre la pénurie. Mais ce projet répond d'abord à la mise en demeure européenne", réagit la députée Caroline Taquin (MR)."En Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), nous répondons déjà aux exigences européennes. Il faut maintenir la lisibilité de l'offre de la formation. Il ne faut pas créer de l'ambiguïté et de la confusion pour celles et ceux qui veulent devenir professionnels de l'art infirmier."Même son de cloche au PS qui soutient le projet de loi mais se pose la question de sa plus-value au sud du pays. "Le covid a provoqué une diminution de l'engagement dans la formation de professionnels de l'art infirmier. Le projet de loi permet de réorganiser l'échelle des fonctions des soins infirmiers. Mais ce nouveau profil a été créé pour répondre à une situation spécifique à la Flandre, puisque nous répondons déjà aux exigences européennes en FWB", note le député Hervé Rigot (PS). "Il faudra veiller à ce que les infirmières brevetées en FWB continuent à être reconnues par l'Europe. Il faudra également veiller à être clair dans les choix de formation, veiller à bien articuler toutes ces nouvelles professions aux professions actuellement en place. Il ne faut pas que cette nouvelle diversification des fonctions ne complexifie l'organisation des institutions de soins."Dans l'opposition, c'est évidemment un autre discours que tient la députée Catherine Fonck (Les Engagés). "Pour moi, l'urgence absolue, c'est d'avoir un vrai plan d'attractivité pour le personnel infirmier. Aujourd'hui, il y a une hémorragie. Beaucoup d'infirmiers ont déserté et continuent à déserter le secteur des soins de santé qui est fortement sous pression. Cela a un impact direct sur les patients. Il faut freiner l'hémorragie et fidéliser les infirmiers aujourd'hui actifs. Est-ce que ceci est un plan d'attractivité du métier? La réponse est très clairement non. Est-ce que cela va permettre d'avoir davantage de soignants au chevet du patient? La réponse est non. Ce projet va complexifier et risque même, dans un certain nombre de cas, de rendre impossible l'organisation sur le terrain."La députée se pose également une question linguistique. "La terminologie n'est pas la même en langue néerlandaise et en langue française. Dire à un jeune qu'il est 'infirmier de base' ou 'assistant en soins infirmiers' ne fait pas passer le même message. Cela fait question. Cela n'a pas la même attractivité auprès des jeunes. Cela n'a pas la même clarté en termes de visibilité. Pour les soignants eux-mêmes mais aussi les patients. Je ne sais pas quel est le meilleur des deux termes. Mais on ne peut pas laisser deux dénominations différentes. Le plus attractif, valorisant, est sans doute 'infirmier de base', car on retient 'infirmier', au contraire de 'l'assistant en soins infirmiers' où l'on retient davantage le côté 'assistant'."