Le bord du gouffre est la voie naturelle de la démocratie. A trop l'oublier, nous nous laissons surprendre par les pièges d'une réalité sans indulgences pour les intentions par trop déconnectées du réel. Nous rêvons la démocratie comme un vaste boulevard dans une ville parfaite, équilibrant espaces verts et constructions, gouvernée par des lois parfaites, traduites en signalisations parfaites par des dirigeants à la communication parfaite. Chaque citoyen s'y sentirait confortable avec lui-même, les autres et un environnement physique sain, non pollué, sans vilains virus. Malheureusement, ce rêve, loin de nous aider à construire la démocratie, nous distrait des efforts pour la réaliser. Chacun de nous chemine sur un étroit sentier à flanc de montagne, d'un côté la paroi du réel et de l'autre le vide du virtuel rempli de motivations donneuses de sens et de valeur, avec lesquelles nous espérons élargir le sentier. Mais ces mouvements de l'esprit se passent toujours dans une réalité soumise à la fragilité physique des corps. En eux, des cerveaux câblés de milliards de manières, concoctent et relaient des envolées d'images et de sons capables de libérer des forces terribles dans le réel. Reste à les dompter pour faire émerger la société démocratique tant attendue.

Une fin de matinée ensoleillée a changé l'entrée en matière de cette troisième saison. Un ami, entrepreneur doublé d'un philanthrope, réagit au titre de la troisième saison de "Philosophie et Médecine", "La démocratie au bord du gouffre". Voici les grandes lignes de ses réflexions.

"Tout permettre peut s'avérer comme une sorte de lâcheté. La démocratie, est-ce dire la vérité, clamer haut et fort ce qui ne va pas ou ne jamais se mettre en porte à faux vis-à-vis de l'opinion? Car les gens sanctionnent, en n'achetant pas, en ne payant pas, en votant ou en ne votant pas. Pourquoi l'argent va-t-il à tel ou tel projet, comment est-il vraiment utilisé, pourquoi tant d'intermédiaires, avocats, sociétés de conseils, administrations? Pourquoi des décisions favorables à certains groupes et pas à d'autres? Je ne vois pas clair".

Les qualités personnelles

"Une personne entre en politique pour y exprimer ses qualités: art de parler, conscience d'avoir un fluide pour séduire, adaptation à toutes les situations, estime de soi.... Les grands politiques ont le drill en eux." "Drill", sur la toile: aptitude à réagir sans hésitation, rapidement et sans faute, dans les situations de stress extrême. Ces qualités s'appliquent aux unités de combat, aux pompiers, aux secouristes et à d'autres métiers très différents de la politique. Il cite aussi les qualités attendues d'un responsable dans une entreprise. "Toutes reposent bien plus sur des traits de caractères et des dons que sur des savoirs transmissibles: créativité, leadership, volonté de faire jusqu'au bout, d'achever jusqu'au moindre détail, esprit d'analyse, esprit de synthèse, art de communiquer à l'oral et à l'écrit, orienté solutions, adaptation rapide..." Nous les avions déjà évoquées à propos des fonctions généralistes paradoxalement peu transmissibles sous forme de savoirs mais néanmoins perfectibles au cours d'exercices pratiques aujourd'hui offerts sur le marché par une efflorescence de méthodes de développement personnel.

La culture des peuples

"Pour avoir travaillé dans beaucoup de pays, je peux te dire que c'est plus facile de donner des instructions dans certains que dans d'autres, il y a ceux qui ont tendance à obéir et les réfractaires systématiques." Ici, mon ami fait référence à l'enracinement de la politique officielle dans une culture populaire.

Le dirigeant d'entreprise

"Aucun grand homme ou femme d'affaires ayant des qualités humaines de leader ne s'engage en politique. Pourquoi? Parce que la politique est l'inverse de ce qu'aime faire un entrepreneur: construire sur du dur. L'entrepreneur doit assumer la réussite ou l'échec de son projet."

Le dirigeant politique

"Le politique opère sur un terrain mouvant, doit s'adapter à toutes les situations et plaire pour durer. Il doit dire des choses que ses électeurs veulent entendre. Il ne doit pas créer d'entreprises. Peu de grands intellectuels, académiques ou militaires réussissent en politique car ils disent des choses que les gens ne veulent pas entendre. La politique, on y entre par conviction et on y reste par nécessité ; devenue un métier, elle assure des revenus. Le politicien construit sur des mots, des promesses, il s'engage rarement sur des choses à bâtir et le plus souvent n'y arrive pas. Description la plus dure du politicien: celui qui louvoie, qui parvient à ne jamais répondre à une question précise". Là, je l'interromps: "Mais par nature, le terrain de la politique n'est-il pas justement l'imprécision, le monceau de problèmes non résolus aux autres niveaux, envahissant les bureaux des gouvernants? L'impression de promesses jamais tenues ne tient-elle pas à la nature même de leur fonction de dernier recours?"

Cet entretien m'incite à revoir mon approche. Il faut mieux décrire le cadre d'une réflexion philosophique et politique non spécialisée, du point de vue d'un citoyen ordinaire, observant les rouages de la machine sociale de sa position de praticien, en essayant de se libérer de son propre enfermement et des concepts nous enfermant tous dans des jargons spécialisés, alors qu'autour de nous le monde avance à toute vitesse.

Prochain article: les mots clés de toute réflexion politique.

Une fin de matinée ensoleillée a changé l'entrée en matière de cette troisième saison. Un ami, entrepreneur doublé d'un philanthrope, réagit au titre de la troisième saison de "Philosophie et Médecine", "La démocratie au bord du gouffre". Voici les grandes lignes de ses réflexions. "Tout permettre peut s'avérer comme une sorte de lâcheté. La démocratie, est-ce dire la vérité, clamer haut et fort ce qui ne va pas ou ne jamais se mettre en porte à faux vis-à-vis de l'opinion? Car les gens sanctionnent, en n'achetant pas, en ne payant pas, en votant ou en ne votant pas. Pourquoi l'argent va-t-il à tel ou tel projet, comment est-il vraiment utilisé, pourquoi tant d'intermédiaires, avocats, sociétés de conseils, administrations? Pourquoi des décisions favorables à certains groupes et pas à d'autres? Je ne vois pas clair".Les qualités personnelles"Une personne entre en politique pour y exprimer ses qualités: art de parler, conscience d'avoir un fluide pour séduire, adaptation à toutes les situations, estime de soi.... Les grands politiques ont le drill en eux." "Drill", sur la toile: aptitude à réagir sans hésitation, rapidement et sans faute, dans les situations de stress extrême. Ces qualités s'appliquent aux unités de combat, aux pompiers, aux secouristes et à d'autres métiers très différents de la politique. Il cite aussi les qualités attendues d'un responsable dans une entreprise. "Toutes reposent bien plus sur des traits de caractères et des dons que sur des savoirs transmissibles: créativité, leadership, volonté de faire jusqu'au bout, d'achever jusqu'au moindre détail, esprit d'analyse, esprit de synthèse, art de communiquer à l'oral et à l'écrit, orienté solutions, adaptation rapide..." Nous les avions déjà évoquées à propos des fonctions généralistes paradoxalement peu transmissibles sous forme de savoirs mais néanmoins perfectibles au cours d'exercices pratiques aujourd'hui offerts sur le marché par une efflorescence de méthodes de développement personnel. La culture des peuples"Pour avoir travaillé dans beaucoup de pays, je peux te dire que c'est plus facile de donner des instructions dans certains que dans d'autres, il y a ceux qui ont tendance à obéir et les réfractaires systématiques." Ici, mon ami fait référence à l'enracinement de la politique officielle dans une culture populaire. Le dirigeant d'entreprise"Aucun grand homme ou femme d'affaires ayant des qualités humaines de leader ne s'engage en politique. Pourquoi? Parce que la politique est l'inverse de ce qu'aime faire un entrepreneur: construire sur du dur. L'entrepreneur doit assumer la réussite ou l'échec de son projet." Le dirigeant politique"Le politique opère sur un terrain mouvant, doit s'adapter à toutes les situations et plaire pour durer. Il doit dire des choses que ses électeurs veulent entendre. Il ne doit pas créer d'entreprises. Peu de grands intellectuels, académiques ou militaires réussissent en politique car ils disent des choses que les gens ne veulent pas entendre. La politique, on y entre par conviction et on y reste par nécessité ; devenue un métier, elle assure des revenus. Le politicien construit sur des mots, des promesses, il s'engage rarement sur des choses à bâtir et le plus souvent n'y arrive pas. Description la plus dure du politicien: celui qui louvoie, qui parvient à ne jamais répondre à une question précise". Là, je l'interromps: "Mais par nature, le terrain de la politique n'est-il pas justement l'imprécision, le monceau de problèmes non résolus aux autres niveaux, envahissant les bureaux des gouvernants? L'impression de promesses jamais tenues ne tient-elle pas à la nature même de leur fonction de dernier recours?" Cet entretien m'incite à revoir mon approche. Il faut mieux décrire le cadre d'une réflexion philosophique et politique non spécialisée, du point de vue d'un citoyen ordinaire, observant les rouages de la machine sociale de sa position de praticien, en essayant de se libérer de son propre enfermement et des concepts nous enfermant tous dans des jargons spécialisés, alors qu'autour de nous le monde avance à toute vitesse.