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En médecine, l'IA suscite de grands espoirs pour aider au diagnostic et soigner des pathologies jusqu'ici incurables. Jusqu'à présent, elle n'a guère été sollicitée pour permettre aux personnes paralysées de retrouver leurs mouvements. Voilà qui pourrait changer avec l' Intelligent Spine Interface (interface de colonne vertébrale intelligente), un projet futuriste imaginé par l'université de Brown et le géant des puces électroniques Intel.Financé à hauteur de 6,3 millions de dollars par la Darpa, l'Agence du département américain de la Défense en charge de la R&D en matière de nouvelles technologies, ce projet concerne les patients souffrant de graves lésions de la moelle épinière. Ces blessures peuvent les priver de psychomotricité et de l'usage de leur vessie car le corps humain est incapable de régénérer des fibres nerveuses sectionnées. En cas de lésion, les signaux électriques envoyés par leur cerveau ne parviennent plus à leurs muscles.L'idée d'Intel et de Brown est d'implanter une interface intelligente chez ces patients afin de voir dans quelle mesure les circuits restants autour de la blessure peuvent être exploités pour restaurer les fonctions des nerfs endommagés.Afin de créer un " contournement intelligent " de la blessure et de réaliser un pontage connecté permettant aux nerfs sectionnés de communiquer à nouveau en temps réel, des chirurgiens de l'hôpital de Rhode Island vont commencer par implanter des électrodes reliées aux nerfs, au-dessus et en-dessous de la rupture de la moelle épinière de volontaires. Dans un premier temps, ces électrodes seront branchées sur une machine externe, de la taille d'un petit ordinateur.Les scientifiques de Brown pourront alors collecter les signaux moteurs et sensoriels enregistrés par la moelle épinière lorsque le patient fait de la physiothérapie. Intel se chargera pour sa part d'exécuter des réseaux de neurones artificiels pour qu'ils apprennent à interpréter, puis à transmettre les commandes de la colonne vertébrale, de sorte que la vessie et les muscles puissent à nouveau fonctionner.Les tests, qui dureront à chaque fois un mois, ont aussi pour but de mettre au point une interface électronique miniaturisée avec un logiciel bourré d'IA. À terme, cette interface sera implantée dans la colonne vertébrale des patients.Les premiers essais sont sur le point de commencer et le programme devrait durer deux ans sans garantie que les personnes paralysées puissent retrouver le contrôle de leur vessie et remarcher. " Dans le pire des cas, ce projet très ambitieux devait apporter de nouvelles connaissances sur le fonctionnement de la moelle épinière et accélérer l'innovation en matière de thérapies ", a expliqué le Pr David Borton.