Difficile, pour les généralistes, de connaître le statut vaccinal d'un patient de manière aisée et certaine, surtout si un pharmacien a vacciné avant lui ou non - un problème nouveau. Heureusement, depuis la pandémie, la Wallonie planche sur un projet - Vaccicard - dont l'objectif est d'enregistrer les données vaccinales dans le Réseau santé wallon (RSW), par le biais d'une application disponible directement via le logiciel métier.
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Le Journal du Médecin: Quels sont les objectifs de Vaccicard? Anthony De Backer, gestionnaire de projets au sein de la Cellule de surveillance des maladies infectieusesde l'Aviq: L'objectif est différent en fonction du public cible. Pour le citoyen, l'objectif est de lui permettre d'avoir (enfin) accès à son statut vaccinal à tout moment. Pour le professionnel de santé, l'objectif est de faciliter la transmission d'informations. Pour l'administration, il s'agit d'avoir une bonne vision de la couverture vaccinale dans la région. Cela permettra également, après un processus d'anonymisation, de pouvoir faire des études statistiques. Il faut bien sûr respecter les réglementations liées à la protection des données (RGPD). Un décret est en cours de préparation au Parlement wallon et devrait être adopté pour l'an prochain. Cela permettra de protéger au mieux les données des patients, tant d'un point de vue technique que juridique. Ces statistiques permettront de lutter, par exemple, contre la méfiance vaccinale? Lara Kotlar, porte-parole de l'Aviq: Effectivement, cela nous permettra de faire face à la méfiance vaccinale, de mieux cibler les campagnes de communication, grâce à une base de données épidémiologique anonymisée qui renforcera notre propos. La pandémie de covid a malheureusement instillé le doute chez certains. Il faut continuer la sensibilisation à la vaccination. Ces statistiques permettront également de travailler sur d'autres thématiques sur des bases scientifiques plus fiables. Le projet Vaccicard découle en réalité de Vacciwal. Quelle est, finalement, l'origine de ce projet? Lara Kotlar: Vaccicard découle effectivement de Vacciwal. Le public cible est devenu plus large puisqu'en plus de la Wallonie, Bruxelles et la Communauté germanophone sont également concernées. L'origine de Vaccicard vient de l'observation de ce qu'il s'est passé durant la pandémie. Vaccinnet a bien fonctionné en Flandre, et nous manquions d'un tel outil. C'est un projet d'envergure, car la volonté est d'étendre le statut vaccinal au-delà du covid-19. L'objectif d'un tel projet est de faciliter la communication entre prestataires de soins? Anthony De Backer: Tout à fait. La première étape du projet est de connecter les logiciels de médecine générale et hospitalière au coffre-fort du RSW. De quoi déjà permettre une communication entre médecins généralistes et spécialistes, mais aussi avec le patient. La seconde étape est de se connecter aux logiciels des pharmacies et des spécialistes de la médecine du travail, de la médecine scolaire, etc. Cela permettrait donc, à terme, aux médecins de savoir si un pharmacien a administré un vaccin au patient de manière simplifiée, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui en Wallonie et à Bruxelles, contrairement à la Flandre via Vaccinnet? Anthony De Backer: C'est le but, effectivement. Nous travaillons aussi avec l'ONE et le Fédéral. À terme, l'objectif est d'avoir le même set de données pour que l'information puisse voyager d'un coffre-fort à un autre si besoin. Nous voulons être certains que l'information se trouve au bon endroit, au bon moment. Les accords de collaboration entre les entités sont en cours de réalisation pour l'instant. Quel est l'agenda de Vaccicard? Anthony De Backer: C'est un projet phasé. Le projet a commencé en phase zéro en 2022, avec la vaccination contre le virus Mpox (monkeypox, anciennement variole du singe, NdlR) et trois hôpitaux wallons. Nous leur avons fourni une application web pour enregistrer les vaccins Mpox. Nous sommes aujourd'hui en plein dans les phases 1 et 2, qui évoluent en parallèle. La phase 1 peut se subdiviser en trois points. D'abord, la création d'une application web. Celle-ci est active depuis juillet. Elle permet à un médecin en déplacement, qui n'a pas accès à son propre logiciel, de pouvoir encoder une vaccination. Ensuite, le point le plus important: le travail nécessaire pour lier le logiciel métier au coffre-fort du RSW. C'est important pour s'assurer que l'information vaccinale est bien enregistrée sur le réseau. À côté, il faut permettre une lecture en rétrocompatibilité pour une bonne communication avec les autres entités. Enfin, la mise à jour du décret qui permet le bon enregistrement des données de santé en lien avec le RGPD. En parallèle, la phase 2 a démarré en septembre et se prolongera durant toute l'année 2024. L'objectif est de rapatrier toutes les données spécifiquement liées au covid-19 actuellement sur Vaccinnet, outil qui appartient à la Flandre, vers les coffres-forts régionaux wallon et bruxellois. Le projet étant modulaire, ces deux phases ont pour objectif de poser les bases de l'enregistrement vaccinal pour les prestataires de soins. L'outil sera utilisable dès l'implémentation dans les logiciels métiers, en 2024. Il y aura cependant beaucoup de développement dans le courant des deux prochaines années.