La tension est à son comble. L'Absym va au Conseil d'État car l'arrêté royal du 24 décembre relatif à l'enregistrement et au traitement de données relatives aux vaccinations contre la Covid-19 "tue le secret médical" (page 3)... Le syndicat propose une vaccination par groupe d'âge, plus rapide et efficace et se fait tancer... Le GBO réclame lundi d'urgence "d'intégrer enfin un représentant francophone et un représentant néerlandophone de la médecine générale dans la Task force vaccination fédérale, et de permettre le plus rapidement possible, la vaccination dans les cabinets médicaux"... Silence assourdissant.
L'impéritie de l'État est patente depuis le déclenchement, voici un an, de la crise pandémique Covid-19: impréparation, destruction de millions de masques, externalisation en Chine de tous nos moyens de défense, fédéralisme mal pensé avec pas moins de neuf ministres en charge de la Santé, sous-estimation du danger puis excès de prudence, crise de l'expertise sur fond d'informations contradictoires... Tout cela désoriente la population et exaspère les médecins.
Avec plus de 1.800 morts par million d'habitants attribuées au Covid-19, la Belgique est toujours première mondiale. La cause? À l'évidence, un problème d'organisation. Celui-ci étant structurel, le fiasco de la vaccination était à prévoir.
L'Europe aux abonnés absents
D'autant que nous dépendons étroitement de l'Union européenne et celle-ci, en manque de leaders, a précommandé et prépayé des centaines de millions de doses mais ne les a reçues qu'au compte-goutte. À tel point que l'Autriche et la République tchèque négocient avec Vladimir Poutine l'achat de vaccins Spoutnik, dont on moquait l'efficacité l'été dernier...
On nous a certes présenté un échéancier précis ainsi que la liste des centres de vaccination. Mais, déjà, le centre du Heysel, surdimensionné (sic), n'a accueilli dans un premier temps que 200 personnes pour une capacité de 3.000 par jour. La BBC itself en a fait ses choux gras.
Comme si on gérait la pléthore, des doses de vaccins (14.000/387.000 selon Catherine Fonck) sont jetées à la poubelle... La lenteur des opérations laisse pantois: au rythme actuel, les personnes "normales" ne seront peut-être vaccinées qu'à la fin de l'été, voire au 4e trimestre 2021 (1) alors que les morts quotidiennes s'accumulent et que l'expert Marius Gilbert nous annonce une troisième vague. Les hôpitaux viennent d'ailleurs de repasser en phase 1B du Surge Capacity Covid-19. Les Britanniques, hors-UE, ont commencé la vaccination six semaines plus tôt. Ils devraient déconfiner intégralement le pays fin juin. Ne parlons même pas des Israéliens qui ont vacciné 40% de leur population en payant le vaccin au prix fort.
Vous prendrez bien une seule dose
Le retard est tel que, acculé, le ministre fédéral de la Santé demande au Conseil supérieur de la santé si une stratégie à une seule dose est envisageable alors que celle-ci ne protège qu'à 57%. Pas très EBM... Au diable les protocoles, voyons si l'Astra Zeneca peut être finalement efficace sur les 55+, histoire d'accélérer le calendrier...
Pour sortir définitivement de la pandémie, certains experts évoquent la nécessité de vacciner 100% de la population. On en est loin tandis qu'en matière de thérapies, l'espoir douché pour l'ivermective, l'HCQ et la colchicine ne prête pas à l'optimisme.
Enfin, les règles absurdes de confinement précipitent la mort lente de l'Horeca et du secteur du tourisme et de la culture tandis que la dette publique explose et, avec elle, l'espoir d'une santé publique refinancée s'amoindrit (lire par ailleurs).
(1) Au mieux 140.000 doses délivrées par semaine de Pfizer et 25.000 Moderna en mars selon la Task force vaccination mais des Astra Zeneca qui arrivent en plus grand nombre. Au 2/03, 495.090 personnes ont reçu une première injection de vaccin, ce qui équivaut à 5,4% de la population totale. Une deuxième dose a été administrée à 307.749 personnes, soit 3,3% de la population.