Réalisée sur quatre terrains différents en France entre 2015 et 2018, cette étude met en avant les différents facteurs des violences gynécologiques et obstétricales. Notamment la déshumanisation des femmes qui ne sont plus considérées comme des personnes avec une volonté, un consentement, des sentiments et des sensations à respecter, mais uniquement comme des corps et des réceptacles de soins.

Conditions de travail du personnel

" Il y a beaucoup d'automatismes dans la réalisation du travail, de manière à ne rien oublier", explique la doctorante . "Le problème qui se pose c'est que ces automatismes sont exacerbés lorsque la cadence augmente. Et il peut alors y avoir une difficulté à pouvoir saisir la spécificité de telle ou telle situation et de telle ou telle patiente, et on ne se retrouve plus face à une consultation normale par rapport à l'ensemble des consultations effectuées", explique-t-elle .

D'après son constat, les urgences gynécologiques sont les lieux où il y a eu le plus de violences gynécologiques. "Ça se passait dans des conditions de travail extrêmement chargées où les patientes s'enchaînaient", raconte Aurore Koechlin. "Là où il y avait un problème de matériel, de boxes, de chaleur, bref, un rythme insoutenable", poursuit-elle . "Cette situation s'est souvent présentée avec des internes qui n'avaient pas reçu forcément la formation nécessaire à la prise en charge de ces questions-là", ajoute l'oratrice. Et là se pose la question de l'unification des formations . "Si on laisse aux gynécologues la tâche d'apprendre à gérer ces questions, certains n'apprendront jamais. Il y a donc un véritable enjeu au niveau de la formation", poursuit la doctorante.

Universalisme médical

" La question de l'universalisme médical est un idéal paradoxal parce que les médecins classent leurs patients en fonction de l'âge, de la profession ou de la maladie, pour être guidés, mais cet universalisme peut avoir un effet pervers inattendu, notamment au niveau gynécologique où l'on voit l'effacement des corps et des genres", précise Aurore Koechlin. "D'ailleurs un interne m'a dit: " il faut faire en sorte qu'un patient ne nous considère pas comme un homme ou une femme parce que sinon il rend la relation sexuée et cela n'est pas normal. Pour moi un patient, ce n'est pas un objet ni un animal, c'est un patient, c'est quelque chose qu'il faut soigner." Finalement ce "quelque chose qu'il faut soigner" exprime bien qu'effectivement l'universalisme médical qui veut ne pas faire de discriminations entre les patients, efface les patients. Or, l'acte de l'examen gynécologique n'est pas un acte comme les autres et ne peut pas être un acte banal, tout simplement parce que socialement les organes génitaux sont considérés comme des organes à part et la relation gynécologique est une relation spécifique dont on ne peut gommer les relations genrées", soutient Aurore Koechlin . "Enfin", conclut-elle , "les solutions principales seraient de donner une plus grande place à la formation et à la parole aux patients, c'est primordial."

La Belgique n'est pas épargnée

Cette question de déshumanisation des patients résonne également dans la pratique des hôpitaux belges. Le Dr Manigart, chef de clinique gynécologue-obstétrique au CHU St-Pierre et modérateur de ce colloque, a réagi à la présentation d'Aurore Koechlin, reconnaissant se sentir très touché par son exposé et extrêmement inquiet par rapport à la situation actuelle: " nous nous trouvons dans une période qui me fait vraiment peur parce qu'il y a de fait une déshumanisation de plus en plus importante dans les hôpitaux, où les conditions de travail deviennent de plus en plus pénibles, et où l'on gère les hôpitaux publics ou pas, dans une logique de productivité. Et malheureusement, je pense que les hôpitaux publics sont même voués à disparaître. C'est vraiment le mot d'ordre dans nos hôpitaux et je ne vois simplement pas comment nous allons pouvoir améliorer cette situation s'il n'y a pas un changement radical."

Et de poursuivre : "Si je prends l'exemple de notre hôpital, l'hôpital public CHU St-Pierre qui manque par ailleurs de financement, on pousse à ce que les médecins soient payés en fonction de ce qu'ils génèrent- alors qu'il y a un manque d'attractivité des salaires, et l'effet secondaire, probablement, c'est que nous allons voir les patients de plus en plus rapidement où nous allons devoir produire plus pour gagner plus. C'est vraiment une logique contraire aux soins de qualité, surtout dans des hôpitaux comme les nôtres où nous sommes face à des patientes qui parfois ne parlent pas la langue, qui demandent beaucoup de temps, qui n'ont parfois pas eu la chance d'aller à l'école, et n'ont pas toujours les moyens de se défendre face au corps médical."

Réalisée sur quatre terrains différents en France entre 2015 et 2018, cette étude met en avant les différents facteurs des violences gynécologiques et obstétricales. Notamment la déshumanisation des femmes qui ne sont plus considérées comme des personnes avec une volonté, un consentement, des sentiments et des sensations à respecter, mais uniquement comme des corps et des réceptacles de soins. " Il y a beaucoup d'automatismes dans la réalisation du travail, de manière à ne rien oublier", explique la doctorante . "Le problème qui se pose c'est que ces automatismes sont exacerbés lorsque la cadence augmente. Et il peut alors y avoir une difficulté à pouvoir saisir la spécificité de telle ou telle situation et de telle ou telle patiente, et on ne se retrouve plus face à une consultation normale par rapport à l'ensemble des consultations effectuées", explique-t-elle . D'après son constat, les urgences gynécologiques sont les lieux où il y a eu le plus de violences gynécologiques. "Ça se passait dans des conditions de travail extrêmement chargées où les patientes s'enchaînaient", raconte Aurore Koechlin. "Là où il y avait un problème de matériel, de boxes, de chaleur, bref, un rythme insoutenable", poursuit-elle . "Cette situation s'est souvent présentée avec des internes qui n'avaient pas reçu forcément la formation nécessaire à la prise en charge de ces questions-là", ajoute l'oratrice. Et là se pose la question de l'unification des formations . "Si on laisse aux gynécologues la tâche d'apprendre à gérer ces questions, certains n'apprendront jamais. Il y a donc un véritable enjeu au niveau de la formation", poursuit la doctorante. " La question de l'universalisme médical est un idéal paradoxal parce que les médecins classent leurs patients en fonction de l'âge, de la profession ou de la maladie, pour être guidés, mais cet universalisme peut avoir un effet pervers inattendu, notamment au niveau gynécologique où l'on voit l'effacement des corps et des genres", précise Aurore Koechlin. "D'ailleurs un interne m'a dit: " il faut faire en sorte qu'un patient ne nous considère pas comme un homme ou une femme parce que sinon il rend la relation sexuée et cela n'est pas normal. Pour moi un patient, ce n'est pas un objet ni un animal, c'est un patient, c'est quelque chose qu'il faut soigner." Finalement ce "quelque chose qu'il faut soigner" exprime bien qu'effectivement l'universalisme médical qui veut ne pas faire de discriminations entre les patients, efface les patients. Or, l'acte de l'examen gynécologique n'est pas un acte comme les autres et ne peut pas être un acte banal, tout simplement parce que socialement les organes génitaux sont considérés comme des organes à part et la relation gynécologique est une relation spécifique dont on ne peut gommer les relations genrées", soutient Aurore Koechlin . "Enfin", conclut-elle , "les solutions principales seraient de donner une plus grande place à la formation et à la parole aux patients, c'est primordial." Cette question de déshumanisation des patients résonne également dans la pratique des hôpitaux belges. Le Dr Manigart, chef de clinique gynécologue-obstétrique au CHU St-Pierre et modérateur de ce colloque, a réagi à la présentation d'Aurore Koechlin, reconnaissant se sentir très touché par son exposé et extrêmement inquiet par rapport à la situation actuelle: " nous nous trouvons dans une période qui me fait vraiment peur parce qu'il y a de fait une déshumanisation de plus en plus importante dans les hôpitaux, où les conditions de travail deviennent de plus en plus pénibles, et où l'on gère les hôpitaux publics ou pas, dans une logique de productivité. Et malheureusement, je pense que les hôpitaux publics sont même voués à disparaître. C'est vraiment le mot d'ordre dans nos hôpitaux et je ne vois simplement pas comment nous allons pouvoir améliorer cette situation s'il n'y a pas un changement radical."Et de poursuivre : "Si je prends l'exemple de notre hôpital, l'hôpital public CHU St-Pierre qui manque par ailleurs de financement, on pousse à ce que les médecins soient payés en fonction de ce qu'ils génèrent- alors qu'il y a un manque d'attractivité des salaires, et l'effet secondaire, probablement, c'est que nous allons voir les patients de plus en plus rapidement où nous allons devoir produire plus pour gagner plus. C'est vraiment une logique contraire aux soins de qualité, surtout dans des hôpitaux comme les nôtres où nous sommes face à des patientes qui parfois ne parlent pas la langue, qui demandent beaucoup de temps, qui n'ont parfois pas eu la chance d'aller à l'école, et n'ont pas toujours les moyens de se défendre face au corps médical."