Ferons-nous face à une neuvième vague avant Noël, comme des informations de presse françaises semblent l'indiquer, préconisant le retour des attitudes défensives, le boost vaccinal à grande échelle, l'évitement des réunions de masse, bref, un retour au monde pas si ancien qui a plombé les festivités de fin d'année 2020 et 2021? Pas si simple, car ce monde a changé.
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Covid es-tu là? Il y a les chiffres, et il y a ce qui se vit. Après avoir relevé les compteurs de la température intérieure, de la pression atmosphérique, du taux d'humidité de l'appartement, rien ne vaut un tour en rue pour humer l'ambiance. Les mauvais chiffres de la réapparition de l'épidémie outre-Quiévrain ainsi que les messages des autorités de santé incitant à la reprise des gestes barrière résistent mal à la gestion d'une banale consultation hivernale cette semaine. Le nombre élevé d'infections virales hivernales paraît avoir intégré le covid dans les misères de l'hiver incontournables, loin des anxiétés justifiées qu'il suscitait à son apparition. Divers autres facteurs ont contribué en outre à cette perception apaisée, permettant aux patients de reprendre une vie sociale normale. Une inquiétude remplace une autre, et les soucis provoqués par le conflit en Ukraine, la facture du chauffage ou celle de la pompe, occupent l'espace. Le covid n'y tient plus qu'une portion congrue: l'affection ne tue plus, nombreux sont ceux qui l'ont déjà contractée sans dommage, et le maintien des gestes de distanciation sociale reste acquis: on s'embrasse moins, le shake-hand n'est plus une contrainte, les écrans en plexi sont restés sur les bureaux, le travail à domicile en distanciel a révélé bien des avantages, les soldes se sont déplacés vers la vente en ligne. De nouveaux modes de fonctionnement se sont substitués à ce qui paraissait intangible. La consultation hivernale s'est aussi modifiée, hypothéquant l'objectivité des chiffres covid communiqués par les autorités de santé. La généralisation de la pratique de l'autotest rend en effet l'évaluation de l'épidémie aléatoire: testés positifs à domicile, les patients demeurent chez eux moyennant une prise en charge a minima bien rodée durant le confinement (autosuivi de la saturométrie, de la température, prescription de confort rédigée à distance, envoi d'un certificat d'une durée d'une semaine). Une majorité d'entre eux sortent des radars du tracing et de ses contraintes pour les proches. Les autres patients, autotestés négatifs à une ou deux reprises à leur domicile, noient la consultation de leurs symptômes grippaux aspécifiques, sans que la nécessité d'un test supplémentaire (Ag ou PCR) apparaisse clairement au médecin. Se dissimule dans cette population un certain nombre de cas de covid paucisymptomatiques, mais on s'en accommode. Quelques cas de patients positifs sont signalés par les hôpitaux, testés avant une admission ; ils apparaîtront dans les statistiques officielles, sans que le covid soit nécessairement incriminé dans les raisons de leur prise en charge. Les chiffres d'une résurgence de la pandémie demeurent ainsi particulièrement nébuleux, et contribuent à cette prise de distance par le grand public d'un péril qui n'en paraît plus un. Qu'ils paraissent loin aussi les débats houleux ayant entouré la mise en route du vaccin. Le sujet n'occupe plus l'espace, les vaccinés se refont vacciner, les autres ne le font pas, mais cela ne fait plus un sujet de conversation. Une majorité d'entre eux ont d'ailleurs été atteints par le virus, quel que soit leur statut vaccinal, et cela semble contribuer à une immunité acquise efficiente de l'ensemble de la population, qui présente moins de symptômes face à un virus qui a progressivement perdu de sa virulence, sans perdre pour autant sa contagiosité. S'en plaindra-t-on? Pas les médecins en tout cas, qui souhaitent retrouver au plus vite une gestion apaisée d'une affection qui fut redoutable, avec laquelle ils s'apprêtent à cohabiter au long cours, mais plus en état de guerre permanent.