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Dans les années 90, des contraceptifs hormonaux à base de nouveaux progestatifs (gestodène, norgestimate, drospirénone, etc.) sont apparus sur le marché. Ces pilules de troisième ou quatrième génération étaient mieux tolérées par les patientes, mais elles augmentaient légèrement le risque de thromboembolie veineuse (TEV). " Le problème, c'est que certains médecins les ont prescrites en minimisant les facteurs de risque vasculaire ", rappelle la Dr Pascale Grandjean1, responsable du groupe d'endocrinologie du Groupement des Gynécologues Obstétriciens de la langue française de Belgique (GGOLFB). " Or, le tabagisme, un IMC élevé et l'âge sont des contre-indications relatives, voire absolues à la contraception hormonale combinée, le premier car il augmente déjà le risque de TEV et le deuxième celui de thromboem-bolie artérielle. " Depuis, les dosages de nouveaux progestatifs et d'oestradiol ont été revus à la baisse et les médecins, mieux informés, sont généralement plus attentifs aux antécédents des patientes. Mais dans l'opinion publique, le mal était fait et le doute installé...Bien que de nouvelles pilules soient en cours de développement ou vont bientôt arriver sur le marché2, un nombre croissant de patientes se méfient de plus en plus des " hormones " (sic), que ce soit à cause des effets secondaires, pour des raisons de santé personnelle et/ou de préoccupations écologiques et environnementales. En témoigne une étude menée en 2017 par la mutualité Solidaris auprès de 4.600 affilié(e)s 3 en Wallonie et à Bruxelles.Entre 2010 et 2017, le sentiment que les contraceptifs (hormonaux) sont nocifs pour la santé est plus partagé (+12 points), la satisfaction générale envers la pilule a perdu six points et les changements de contraception sont plus fréquents (+21 points). Ces chiffres ne sont peut-être pas transposables à la population générale, mais ils illustrent cette tendance à la méfiance. Même si elles occupent toujours la première place dans le classement des moyens de contraception, les pilules combinées commencent à perdre du terrain, au profit d'autres méthodes perçues comme plus " naturelles " et/ou induisant moins d'effets secondaires.Le stérilet en cuivre profite particulièrement de cette tendance. De plus en plus de femmes le demandent. Ces dernières années, outre la récente relance du GyneFix®en forme de i, plusieurs nouveaux dispositifs intra-utérins (DIU) ont été commercialisés ou sont en passe de l'être : l'IUB®de forme sphérique, le Gyn-CS®à insérer après une césarienne, etc. " S'ils contiennent 300 mg de cuivre par mm2, les stérilets non hormonaux sont efficaces ", commente la Dr Grandjean. " Grâce à un format plus petit et un risque infectieux mieux anticipé, ils ne sont plus déconseillés aux nullipares. Cela dit, les femmes qui nous le demandent ignorent souvent ses possibles inconvénients : cycles irréguliers, règles plus abondantes, etc. C'est le rôle du gynécologue ou du médecin traitant de bien expliquer cela lors d'une consultation de contraception. L'objectif est de proposer aux femmes une méthode contraceptive efficace, avec le moins d'effets secondaires possible. "Bien qu'il s'agisse de contraceptifs hormonaux, l'anneau vaginal, le patch cutané et l'implant contraceptif ont aussi le vent en poupe. " Les anneaux et les patchs peuvent être proposés aux femmes qui oublient de prendre leur pilule ou qui n'ont plus envie d'y penser tous les jours ", poursuit la gynécologue. " Ces contraceptifs sont aussi très intéressants pour les personnes atteintes de maladies inflammatoires intestinales chroniques, comme la maladie de Crohn ou la maladie coeliaque, qui entraînent une malabsorption des hormones à action contraceptive. "Quant à l'Implanon® il ne contient que des progestatifs, ce qui a tendance à rendre la peau et les cheveux plus gras. Mais il ne provoque pas d'effet secondaire cardiovasculaire ni n'augmente le risque de thrombose. Il peut donc être conseillé aux fumeuses, aux obèses ou en cas d'antécédents thrombotiques.Si la contraception reste majoritairement une affaire de femmes, nombreux sont ceux et celles qui attendent avec impatience la mise au point d'une " pilule pour hommes " qui diminuerait la production de spermatozoïdes de façon efficace, mais réversible.Plusieurs études cliniques menées par le passé ont été interrompues à cause des effets secondaires jugés " insupportables " (sic) par les volontaires... bien que sensiblement identiques à ceux endurés par les femmes sous contraception hormonale. Mais il y a de l'espoir ! En début d'année, une équipe de chercheurs de l'Université de Washington a annoncé qu'une nouvelle pilule contraceptive masculine - appelée 11-béta-méthyl-19-nortestostérone dodécylcarbonate - a passé avec succès les tests d'innocuité et de tolérance lors d'une étude de phase 1, menée sur 40 jeunes hommes en bonne santé. Mais dans l'hypothèse la plus optimiste, cette pilule masculine ne serait pas mise sur le marché avant une dizaine d'années." En attendant, la seule contraception masculine 100 % fiable, c'est la vasectomie ", rappelle la Dr Grandjean. " Bien que relativement marginale par rapport aux autres moyens de contraception, cette méthode de stérilisation définitive est de moins en moins taboue et de plus en plus utilisée en Belgique. " De fait, d'après l'INAMI, 8.780 hommes se sont fait opérer en 2016. Soit une augmentation de 16,5 % en dix ans. Un succès qui s'expliquerait notamment par le désir de certains hommes d'épargner à leur conjointe les inconvénients d'une ligature des trompes (risques chirurgicaux, anesthésie générale...) ou d'une contraception hormonale. Fondée ou non, la peur des hormones a donc du bon !