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À l'échelle européenne, la Belgique se situe dans la moyenne en ce qui concerne le nombre de médecins généralistes pour 100.000 habitants, une position plutôt confortable. Mais tous les généralistes ne travaillent pas à temps plein, ou ne sont pas actifs dans les zones les plus touchées par la pénurie. J'ai observé ces dernières années -- de manière certes anecdotique -- que cinq jeunes généralistes diplômés à Louvain ont ouvert ensemble une pratique de groupe dans les environs de la ville universitaire, une région où il n'y a absolument pas de pénurie. Ou encore que certains généralistes exerçant seuls dans les régions de Gand et Bruxelles ont trop peu de patients vu la concurrence des cabinets de groupe et des maisons médicales. La décision d'augmenter le nombre de places en formation via l'offre de planification est une étape dans la bonne direction. Et une mesure politiquement facile à faire valoir. Ceux qui me connaissent depuis longtemps savent que je suis depuis toujours un fervent défenseur d'une forme de 'loi d'installation' pour les généralistes. Pour certains, l'idée est farfelue ; pourtant, les exemples de certains Länder allemands -- avec de bons résultats en matière de répartition et d'accessibilité -- montrent une image beaucoup moins risible. En France aussi, l'idée semble se faire jour, puisque le Parlement vient d'adopter un article important d'une proposition de loi visant à lutter contre les "déserts médicaux". Le médecin devra demander une autorisation préalable pour pouvoir exercer dans une région donnée. Dans une région en pénurie, cette autorisation sera quasi automatiquement accordée. Dans une région hors pénurie, un médecin ne pourra s'y installer qu'à condition qu'un confrère cesse son activité. Le parlement français devra encore se prononcer en mai sur les autres articles, ainsi que sur les arrêtés d'exécution et leurs modalités -- qui risquent de faire encore couler beaucoup d'encre. Les opposants à la mesure craignent que le taux de déconventionnement -- déjà très élevé en France -- ne s'aggrave encore. Mais au moins le débat est lancé au niveau politique. La loi d'installation est-elle la solution pour remédier à la pénurie en Belgique? Non. Mais elle pourrait faire partie d'un ensemble de mesures. Et peut-être devrions-nous aussi, en Belgique, oser entamer le débat politique (certes délicat) sur une possible loi d'installation. Qui sait?