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Niggi et Annette s'aiment depuis 50 ans : ils furent beaux, un peu hippies, partant en vacances en mobilhome au soleil.Mais aujourd'hui, elle s'enfonce dans la maladie, la sclérose en plaques qui la fait souffrir depuis longtemps et la paralyse de plus en plus, nécessitant une légion de soignants et d'aides à domicile.Son époux a refusé de la placer, choisissant de renoncer voici 15 ans à son métier de photographe afin de s'occuper d'Annette, d'aménager une nouvelle camionnette qui leur permet toujours de voyager. Ce couple de Suisses à la beauté de vedettes de cinéma dans leur jeunesse (lui genre un jeune Polanski, elle un air de Diana Rigg) se réduit désormais à un duo de petits vieux, lui trottant, elle coincée dans sa chaise roulante : Niggi, responsable de deux volontés de vivre, Annette consciente de la charge, du poids même qu'elle représente pour lui.Mais aucun des deux n'imagine vivre sans l'autre. Tout est dans le regard, celui du photographe et de l'artiste peintre qu'elle fut : au volant de leur camionnette sur les routes tortueuses des îles qu'il sillonnent, tous deux fixent la route devant, sans trop regarder dans le rétroviseur. Ils profitent de chaque journée, exposant leur vieille peau au soleil d'hiver de Grèce ou de Sicile.Filmé par l'une de leurs filles, Fanny Bräuning, Pour toujours décrit avec tendresse, et sans jamais verser dans le mélo, cette union faite de souvenirs, mais aussi de présent, de conscience d'un avenir inexorable : une sorte de carpe diem, qui s'accompagne d'une certaine dérision et d'une grande lucidité.Ces deux Helvètes ont beau être victimes de l'érosion du temps, leur montagne d'amour parait éternelle.