...

"I l ne s'agit pas d'une question budgétaire ou économique", souligne le ministre Vooruit de la Santé publique lors d'un Webinaire, qui évite de mentionner que l'incapacité de travail coûte plus cher que le chômage depuis 2015, "mais plutôt d'une question de bien-être: dans nos sociétés inclusives, on sait que le travail participe grandement à la guérison et la réinsertion dans la société. La philosophie de notre plan de réinsertion repose donc sur la guérison avant tout et sur un triangle magique entre le médecin-conseil, le médecin du travail et le médecin traitant. L'avis de ce dernier sur les chances de réinsertion du patient est essentiel pour percer les aspirations du malade à retravailler: on enrichit en quelque sorte l'information autour de lui."Selon cette philosophie, le certificat d'incapacité de travail ne doit pas être la fin de l'histoire mais le début d'une suite d'actions qui le mènera à retravailler un jour. Il ne s'agit pas de forcer quiconque à retravailler (la majorité des malades de longue durée sont trop souffrants pour retravailler) mais de les inviter à retravailler, souligne le ministre. Or la principale lacune du système était, selon lui, l'absence d'un coordinateur entre les différents acteurs, lacune comblée dès le 1er mars 2022 par l'engagement de 40 coordinateurs en activité et bientôt 60 l'an prochain. L'idée est d'arriver progressivement à un algorithme de réinsertion, fort du questionnaire envoyé par les médecins-conseils aux patients potentiellement en état de retravailler. Le point-force de la réforme est la multidisciplinarité entre les acteurs: les trois types de médecins mentionnés plus haut mais aussi l'administration du chômage et l'employeur ou un autre employeur ainsi que tous les niveaux de pouvoir, en particulier le Fédéral et les entités fédérées qui sont par exemple compétentes en matière de chômage. Le ministre Vandenbroucke entend également prévenir le "décrochage" du monde du travail en prévoyant éventuellement une indemnité qui compense un passage à temps partiel lorsque le travailleur souffre par exemple d'une maladie chronique. Clara Arbesu, la directrice générale du Service des Indemnités de l'Inami, rappelle que le doublement du nombre de malades de longue durée depuis dix ans (à 442.000 en 2021 dont 37% souffrent de troubles mentaux) est due partiellement à la réforme de la prépension, la pension anticipée, le relèvement de l'âge du départ à la retraite des femmes (65 ans). Pour y pallier, un Centre de connaissance réunissant les Affaires sociales, l'Inami et les organismes assureurs verra le jour ainsi qu'un Collège de médecine d'assurance sociale qui réunira les acteurs médicaux impliqués dans la réintégration au travail.